페이지 이미지
PDF
ePub

maniere à faire croire qu'il n'avoit pas les mêmes A N. 1538. sentimens qu'eux fur la céne; qu'à la verité il avoit nommé dans fa derniere lettre Bucer & Capiton pour les interpretes ; mais qu'il étoit à craindre que dans la fuite il ne les accufat d'avoir cru trop facilement, & de s'être trop avancés, ou qu'il ne voulut pas approuver la déclaration qu'ils donneroient. Enfuite ces miniftres Suiffes entrerent en matiere avec Bucer, & s'étendirent à prouver que ces paroles, ceci eft mon corps, étoient figurées, que l'union facramentelle du corps de Jefus-Chrift avec le pain, ne confiftoit qu'en ce que le pain fignifie le corps; que le corps de Jefus Chrift eft en effence à la droite de fon pere & d'une maniere fpirituelle dans la cénc. Et c'est tout ce que Bucer. tira d'eux.

LXXXII.
Le chancelier

[ocr errors]

La difpute continua enfuite fur la question, de Zurich tâche la prefence de Jefus Chrift dans la céne étoit mid'accorder les uns raculeufe. Luther avoit dit dans la derniere lettre, Bofuet hist. des que cette prefence étoit inexplicable,& que c'étoit variat. tom. 1. 1. un effet de la toute-puiffance de Dieu. Les mini

& les autres.

4. art. 29.

ftres de Zurich ne réconnoiffoient point de mi-. racle dans la céne, & foutenoient qu'il etoit aifé de dre de quelle maniere Jefus Chrift y étoit present fpirituellement en vertu & en efficace. On preffa Bucer de figner les articles dont ils étoient convenus: il demanda du temps, & au lieu de le faire, il dreffa un long écrit en forme de procez verbak de ce qui s'étoit dit de part & d'autre, qui fut défapprouvé par l'affemblée. Le chanceler de Zurich craignant que la difpute n'allât plus loin & ne finît pas fi tôt, s'adrefla d'abord aux miniftres Suiffes,

corps

& leur demanda s'ils croïoient qu'on reçoit le
& le fang de Jefus Chrift dans la céne : ils répon-
dirent qu'ils le croïoient. Puis fe tournant vers Bu-
cer & Capiton, réconnoissez-vous, leur dit-il,
que le corps & le fang de Jefus-Chrift eft reçu dans
les ames des fideles par la foi & par l'efprit? Oui,
répondirent-ils, nous le croïons, & nous en fai-
fons profeffion. Le chancelier dit alors; à quoi bon
toutes vos difputes qui durent depuis trois jours ?
Les miniftres de Zurich ajoûterent qu'ils n'avoient
point d'autre doctrine, que celle qu'ils avoient
exprimée dans leur confeffion de foi, & dans leur
déclaration : & ceux de Strasbourg leur protefte-
rent qu'ils ne vouloient pas les obliger à rien rece-
voir qui y fût contraire, encore moins détourner
perfonne de cette doctrine.

A N. 1538.

LXXXIII.

dent a la leure de

Luther.

Sur ces déclarations on convint de part & d'autre qu'on feroit une réponse à Luther, & deux Les Suilles réponjours après elle fut luë dans l'assemblée. On y voit les précautions dont les miniftres Suiffes fe fervoient pour faire connoître qu'en fe réunissant avec Luther, ils avoient toujours les mêmes fentimens fur la céne ; puifqu'ils y déclarent qu'ils n'étoient entrez dans cette union qu'après avoir été affurez par Bucer & par Capiton que Luther approuvoit leur confeffion de foi de Bâle & l'explication qui l'avoit fuivie, & fur ce qu'il leur avoit déclaré que Jefus-Chrift étoit à la droite de fon pere, qu'il ne defcendoit en aucune maniere dans la céne, & qu'il n'admettoit aucune prefende Jefus Chrift dans l'euchariftie, ni aucune manducation differente de celle qui fe fait par la

F

foi chrétienne. Ils y déclaroient que le corps & le A N. 1538. sang de Jefus Chrift étoient reçûs & mangez dans la céne, mais feulement en tant qu'ils étoient vraiment pris & reçus par la foi, & qu'ils ne vouloient en aucune maniere fe départir de leur confeffion de foi & de leur déclaration. Que Luther n'aïant point d'autre fentiment,ils fe feroient une extrème joie de vivre en paix & en union avec lui, de. maintenir cette concorde, & d'éviter tout ce qui la pourroit troubler. Cette lettre eft dattée du quatriéme de Mai 1538. & dans le mois de Juin Réponse de Lu- Luther y répondit en termes generaux, en leur mandant qu'il étoit ravi d'apprendre qu'ils vouluffent conferver l'union, & qu'ils approuvaffent fon écrit qu'il y en avoit encore quelques-uns parmi eux qui lui étoient fufpects: mais qu'il les tolereroit autant qu'il feroit capable de le faire pour le bien de la paix, qu'il vouloit entretenir entre eux & lui.

LXXXIV.

cher à la lettre des Suiffes.

LXXXV.

Union des Vau

dois avec les Zuingliens.

Jean Paul Per

rin hift, des Vaudois.

Guido Carmel. de

haref. in haref

Vald. initio.
Seyffed adv.err.

Vald. ann. 1520.

fol. 1. & feq.

du

Dans cette même année les Zuingliens s'unirent avec les Vaudois, qui s'étoient retirez depuis près de deux cens ans dans les Vallées de Savoïe, de Provence, & de Piemont. Ces héretiques ennemis pape, des évêques & en general de tous les ecclefiaftiques, des ceremonies & des loix de l'églife, du culte des images, des faints & de leurs reliques, des indulgences & du purgatoire, n'avoient point de fentimens differens des catholiques fur les facremens, & ne doutoient en aucune maniere ni de la préfence réelle, ni de la tranfubstantiation ; ils ne nioient ni le facrifice, ni l'oblation de l'euchariftic; s'ils rejettoient la meffe, c'étoit à cause

des céremonies, la faifant uniquement confifter dans les paroles de Jefus-Chrift iécitées en langue A N. 1538. vulgaire. Sur le fond des facremens, ils erroient feulement en foutenant que le pain dans l'euchariftie ne pouvoit être confacré par de mauvais prêtres, & qu'il le pouvoit être par de bons laïques, felon cette maxime fondamentale de leur fecte que tout bon laïque étoit prêtre, & que la priere d'un mauvais prêtre ne fert de rien, ce qui fait qu'ils avoient plufieurs erreurs communes.

4

LXXXVI.

Les Vaudois deminiftres Protef

putent vers les

tans.

Boffuet hift. des

variat. 1.11. art.

117.

les

Hift. des églifes

ch

Mais comme on vient de dire qu'ils ne convenoient pas en tout ni fur la doctrine ni fur la dif. cipline, il fallut députer quelqu'uns d'entr'eux vers les Zuingliens, afin de déliberer fur les conditions de l'accord; & pour cet effet ils envoierent Pierre Maffon & Georges Morel vers Oecolampade & Bucer, pour s'accorder avec eux touchant les points fur lefquels ils differoient. Ceux-ci leur reprefenterent d'abord qu'ils erroient 1°. en ce qu'ils prétendoient qu'il n'étoit pas permis aux clercs, c'està dire aux ministres de l'églife, d'avoir des biens, & qu'il ne falloit pas divifer les terres ni les peuples, ce qui tendoit à l'obligation de mettre tout en commun, & à établir comme néceffaire cette prétendue pauvreté évangelique dont ces héretiques fe glorifioient. 2°. Que tout ferment eft pcché, & qu'un chrétien ne peut pas jurer licitement ni exercer la magiftrature. 3°. Que tous les princes & les juges font damnez, parce qu'ils condamnent les malfaicteurs contre cette parole, la vengeance Rom.12.19. Mathe m'appartient, dit le Seigneur, & encore: laißez-les 13.30. croître jufques à la moisson. 4°. Que les mauvais mi

niftres n'ont pas le pouvoir d'adminiftrer les facreA N. 1538. mens. 5°. Qu'ils ne devoient admettre que deux

LXXXVII.

vin à Geneve.

Theod. de Beze

facremens, rejetter la confeffion auriculaire, & nier le libre arbitre. 6°. Sur la discipline, qu'ils devoient fanctifier les dimanches par la ceflation des œuvres ferviles, faire des affemblées particulieres pour les prieres & la célebration de la céne, & ne plus permettre à ceux qui vouloient être reconnus pour membres de leur églife, d'aflifter aux messes, ou d'adherer en aucune maniere aux fuperftitions papales, & de reconnoître les prêtres de l'églife Romaine pour pafteurs. Mais l'accord ne fe fit pas pour lors, les Vaudois confulterent les miniftres de Geneve, & reçurent les inftructions de Farel, qui conclut une union avec eux, à condition qu'ils conferveroient leurs miniftres.

Calvin qui étoit toujours à Geneve où il enfeiConduite de Cal- gnoit la théologie, aïant fait un formulaire de foi & un catechifme, les fit recevoir dans cette ville. invitá Calvini. Il trouva d'abord de la difficulté à faire recevoir tout ce qu'il proposoit : foit par timidité, foit par d'autres motifs la plupart de fes collegues fuïoient, & fa nouvelle églife alloit perir s'il n'eut été secouru par Farel & un nommé Couraud, hommes entreprenans, que les difficultez rendoient encore plus hardis. Ils s'unirent donc tous trois pour engager les magiftrats d'affembler le peuple & de lui faire abjurer le Papifme, en l'obligeant de jurer qu'il obferveroit les articles de doctrine tels que Calvin les avoit dreffez. Cette propofition trouva des obftacles: on croïoit voir bien des inconveniens dans ce ferment, & ce que Calvin avoit en

trepris

[ocr errors]
« 이전계속 »