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places, & à le traiter comme le plus cruel de ses ennemis. Par cette conduite, il fe menagea une nouvelle grace qui flattoit fon ambition, ce fut d'exercer dans les Païs-Bas le pouvoir de légat que Charles V. avoit obtenu du pape Clement VII. en fa faveur. Il étoit gencreux, & donna jufqu'à vingt mille écus d'or pour la guerre contre les Turcs. Enfin il mourut à Liège le feiziéme de Février de cette année, & fut inhumé dans l'église de saint Lambert au milieu du chœur, où l'on voit fa ftatuë de bronze doré fur fon tombeau. On a de lui quelques lettres à Erafme, qui lui avoit dédié fa phrafe fur l'épitre de faint Paul aux Romains. La ville de Liége fe reffentit beaucoup de fes bienfaits.

para

Le troifiéme fut Alphonfe Manrique de Lara Efpagnol & archevêque de Seville, fils de Rodrigue Manrique duc de Nagera, comte de Parades, & d'Elvire Caftagnede. Il fit fes études à Salamanque, & y reçut le doctorat dans un âge peu avancé, il eut deffein d'entrer dans l'ordre des Hermites de faint Augustin, & fe prefenta pour cet effet au prieur du monastere de Seville qui ne voulut pas le recevoir, & tâcha de le confoler de ce refus en lui difant, que Dieu le deftinoit à de plus grandes chofes pour fervir fon église. Isabelle reine de Caftille qui connoissoit fon mérite, le nomma à l'évêché de Badajoz : & après la mort de cette princeffe en 1504. il se déclara pour Philippe archiduc d'Autriche contre le roi Ferdinand, qui en conferva du reffentiment, & le lui fit affez fentir. Mais Manrique peu touché de

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cette difgrace, s'attacha à Charles d'Autriche fils AN. 1538. de Philippe, & ufa d'intrigues & de cabales en fa faveur ; ce qui irrita fi fort Ferdinand, qu'il prit des mefures pour le perdre, & le fit arrêter dans les Afturies lorfqu'il avoit pris la fuite déguisé en marchand; on le mit fous la garde de l'archevêque de Tolede, conformément à une commission qu'on avoit obtenu du pape. Mais dans la fuite Manrique recouvfa fa liberté par le traité qui fut conclu entre l'empereur Maximilien I. & Ferdinand, pour l'administration des états de l'archiduc Charles. Manrique vint alors dans les Païs-Bas, à la cour du même prince Charles qui le nomma à l'évêché de Cordouë, puis à l'archevêché de Seville : il eut encore la dignité de grand inquifiteur d'Espagne, & ce prince lui procura le chapeau de cardinal auquel il fut nommé par Clement VII. quoiqu'abfent, le vingtdeuxième Mars 1531. Il ne vint jamais à Rome, & mourut en Espagne vers le mois d'Octobre de l'année 1538. Chriftophe d'Arcos lui dédia fon livre du fiége de Rhodes compofé en Espagnol, & Pierre Martyr compofa des vers fur fa

CXI.

Mort de Rivius

Hangeft.

Lemire de fcriptor.feculi XVI.

mort.

Nous joindrons à ces cardinaux deux auteurs & de Jerome ecclefiaftiques qui moururent auffi dans cette année. Le premier eft Eustache de Zichen furnommé Rivius, en flamand Vander Rivieren; il étoit Du Boulay hit d'un bourg du Brabant nomme Zichen, & entra affez jeune dans l'ordre de faint Dominique, où il fe diftingua par fa fcience. Il fut le premier des théologiens de Louvain qui écrivit contre Lu

niv. Parif. t. 6.

ther. Les ouvrages qu'il compofa contre lui font un traité des fept Sacremens imprimé en 1523. & une refutation des erreurs condamnées par les facultez de théologie de Louvain & de Cologne. Il fit encore imprimer en 1531. un écrit contre le cinquiéme article du manuel d'Erasme. Cet autcur mourut à Louvain le feiziéme d'Avril.

Le second eft Jerôme Hangeft né à Compiegne & docteur de la faculté de théologie de Paris, Après avoir long-temps profeffé la théologie en cette ville, il fut chanoine & écolâtre de l'église du Mans, & grand vicaire du cardinal de Bourbon qui en étoit évêque ; il fe diftingua toûjours par fon zéle contre les nouveaux héretiques, & composa contre eux beaucoup d'ouvrages: sçavoir, un traité des academies contre Luther, dans lequel il défend les univerfitez & l'ufage d'y prendre des degrez: il y montre l'utilité des arts & des sciences, & juftifie la bonne théologie scholastique, qu'il dit être la fcience des écritures divines, fuivant le fens que l'églife approuve, en se servant des interpretations des docteurs orthodoxes, fans méprifer le fuffrage des autres difciplines. Il oppofe cette définition à la fauffe idée que Luther avoit donnée de la fcholaftique. Cet ouvrage fut imprimé à Paris en 1531. avec l'approbation de la faculté de Paris. 2o. Un écrit imprimé en 1528. où il combat l'erreur de Luther fur l'impoffibilité des com-mandemens de Dieu, & où l'on trouve une collection d'un grand nombre de passages de l'écri

AN. 1538.

ture fainte, pour montrer que les hommes peuvent AN. 1538. avec le fecours de la grace, obferver les commandemens; enfuite une refutation des objections de Luther. 3°. Un traité de controverfe fur l'euchariftie, intitulé lumiere évangelique fur la fainte euchariftie, imprimé en 1534. 4°. Antilogie contre les faux chrifts, imprimée en 1523. & quelques autres ouvrages de morale. Hangeft mourut le huitiéme de Septembre au Mans, où l'on voit son tombeau dans la chapelle du fepulchre à la cathedrale.

V.LS

LIVRE CENT-TRENTE-NEUVIE’ME.

L

'EMPEREUR Charles V. fentant de plus en

I.

Diéte de Franc

des Lutheriens & Bizardiere hist. gestor. memorabil.

des Catholiques.

hoc ann. 1539. De Heff. hift. de l'Empire tom. 1. liv. 3. p. 379,&

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Pallavic. hift.

concil. Trid. 1. 4.

cap. 8. n. 1o.

plus les maux que caufoient les divifions qui AN. 1539étoient entre les Catholiques & les Lutheriens, & croïant qu'une conference entre les principaux fort pour l'accord théologiens des deux partis pourroit réunir les efprits, follicita fon frere Ferdinand roi des Romains & les autres princes intereffez dans cette affaire, à faire tenir cette affemblée. Ses follicitations eurent leur effet, l'assemblée fut indiquée à Francfort, & le pape, à la priere de Charles V. y envoïa le cardinal Jerôme Aleandre en qualité de légat. Les féances de cette diéte commencerent le vingtquatriéme de Février; pendant plus de deux mois on ne fit autre chofe qu'examiner les questions de part & d'autre, afin de trouver un accommodement. Après les avoir difcutées avec beaucoup d'exactitude, mais fans chaleur ni emportement, comme il arrive ordinairement dans les disputes, on conclut le dix-neuvième d'Avril & l'on arrê ta. 1°. Que l'empereur accorderoit aux Proteftans une treve de quinze mois, pour avoir le temps. de se mieux instruire des points qui concernoient la religion. 2°. Que l'accord de Nuremberg & l'édit imperial de Ratifbonne demeureroient dans leur entier, & feroient confirmez. 3°. Qu'en cas qu'on ne pût s'accorder fur le fait de la religion durant cette tréve, la paix ne laifferoit pas de continuer entr'eux jusqu'à la premiere diéte geTome XXVIII

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