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font plus que fuffifantes pour autorifer votre altesse à les imiter.

On lit de l'incomparable Scanderbeg qui défit en tant de rencontres les deux plus puiffans empe reurs des Turcs, Amurat II. & Mahomet II. & qui tant qu'il vécut, preferva la Grece de leur tyrannie, qu'il exhortoit fouvent fes foldats à la chafteté, & leur difoit qu'il n'y avoit rien de fi nuisible à leur profeffion que le plaifir de l'amour. Que fi votre alteffe après avoir épousé une feconde femme, ne vouloit pas quitter la vie licentieuse, le remede dont elle propofe de fe fervir, lui feroit inutile. Il faut que chacun foit le maître de fon corps dans les actions exterieures, & qu'il fasse, suivant l'expreffion de faint Paul, que fes membres foient des armes de justice. Qu'il plaise donc à votre alteffe, d'examiner ferieufement les confiderations du fcandale, des travaux, du foin, du chagrin, & des maladies qui lui ont été reprefentées; qu'elle fe fouvienne que Dieu lui a donné de la princeffe fa femme un grand nombre d'enfans des deux fexes, fi beaux & fi bien nez, qu'elle a tout fujet d'en être fatisfaite; combien y en a-t'il d'autres qui doivent exercer la patience dans le mariage par le feul motif d'éviter le fcandale? Nous n'avons garde d'exciter votre alteffe à introduire dans fa maifon une nouveauté fi difficile. Nous attirerions fur nous en le faisant, les reproches & la perfecution non feulement des peuples de la Hesse, mais encore de tous les autres Allemands, & même de tous les chrétiens. Ce qui nous feroit d'autant moins fupportable, que Dieu nous commande Tome XXVIII.

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AN. 1539.

dans le ministere que nous exerçons, de regler, AN. 1539. autant qu'il nous fera poffible, le mariage & les autres états de la vie humaine felon l'inftitution divine, de les conferver en cet état lorfque nous les y trouvons, & d'éviter jusqu'aux moindres apparences de fcandale,

C'est maintenant la coûtume du fiecle, de rejetter fur les prédicateurs de l'évangile toute la faute des actions où ils ont eu tant foit peu de part, lorsqu'on y trouve à redire. Le cœur de l'homme eft également inconftant dans les conditions les plus relevées & dans les plus basses, & l'on a tout à craindre de ce côté-là. Quant à ce que votre alteffe dit qu'il ne lui eft pas poffible de s'abftenir de la vie impudique qu'elle mene, tant qu'elle n'aura qu'une femme, nous fouhaiterions qu'elle fût en meilleur état devant Dieu, qu'elle vécût en fûreté de confcience, qu'elle travaillât pour le falut de fon ame, & qu'elle donnât à fes fujets un meilleur exemple: mais enfin fi votre alteffe eft entierement refoluë d'époufer une feconde femme, nous jugeons qu'elle doit le faire fecretement, comme nous avons dit à l'occafion de la difpenfe qu'elle demandoit pour le même fujet, c'est-à-dire, qu'il n'y ait que la perfonne qu'elle époufera & peu d'autres perfonnes fideles qui le fçachent, en les obligeant au fecret fous le fceau de la confeffion. Il n'y a point ici à craindre de contradiction ni de scandale confiderable; car il n'eft point extraordinaire aux princes de nourrir des concubines ; & quand le menu peuple s'en fcandalifera, les plus éclairez fe douteront

de la verité; & les perfonnes prudentes aimeront toûjours mieux cette vie moderée que l'adultere & les autres actions brutales. L'on ne doit pas fe foucier beaucoup de ce qui s'en dira, pourvû que la confcience aille bien. C'eft ainfi que nous l'approuvons, & dans les feules circonftances que nous venons de marquer : car l'évangile n'a ni revoqué ni deffendu ce qui avoit été permis dans la loi de Moïse à l'égard du mariage. Jesus-Chrift n'en a point changé la police extericure; mais il a ajouté seulement la justice & la vie éternelle pour recompenfe. Il enseigne la vraïe maniere d'obéir à Dieu, & il tache de reparer la corruption de la

nature.

Votre alteffe a donc dans cet écrit, non feulement l'approbation de nous tous en cas de neceffité sur ce qu'elle defire, mais encore les reflexions que nous y avons faites: nous la prions de les pefer en prince vertueux, fage & chrétien ; & nous prions Dieu qu'il conduife tout pour fa gloire & pour le falut de votre alteffe. Pour ce que votre alteffe marque dans fon instruction, que fi elle nous trouve inexorables, elle s'adreffera à l'empereur pour cette difpenfe, quelque argent qu'il lui en put coûter, ce qu'il n'accordera pas fans la difpenfe du pape dont elle ne fe foucic gueres; nous répondons que ce prince met l'adultere au nombre des moindres pechez; & il y a beaucoup à eraindcr que fa foi étant à la mode de celle du pape, des cardinaux, des Italiens, des Espagnols, des Sarrafins, il ne traite de ridicule la propofition de votre alteffe, ou qu'il n'en prétende tirer avantage en

AN. 1539.

amusant votre altesse par de vaines paroles. Nous

AN. 1539. fçavons qu'il eft trompeur & perfide, & qu'il ne

XIE Ouvrages de Lu

Sleidan. in com

·P. 397.

ment. l. 12. Coch'us in actis feript. Luther.

tient rien des mœurs Allemandes. Votre alteffe voit qu'il n'apporte aucun foulagement fincere aux maux extrémes de la chrétienté, qu'il laisse le Turc en repos, & qu'il ne travaille qu'à divifer l'empire, afin d'agrandir fur fes ruines la maison d'Autriche. Il eft donc à fouhaiter, qu'aucune prince chrétien ne se joigne à fes pernicieux desseins. Dieu conferve votre alteffe, nous fommes très-prompts à lui rendre service. Fait à Wittemberg le mercredi après la fête de faint Nicolas, l'an 1539. & l'on voit la signature de huit théologiens Protestans, Luther étant à la tête. Le lantgrave muni de cette décifion ne penfa plus qu'à obtenir l'agrément de fa femme Chriftine de Saxe, & n'aïant pas cu beaucoup de peine à l'avoir en lui promettant de ne pas prendre une femme d'égale qualité, afin de ne faire aucun tort aux enfans qu'il avoit déja, il jetta les yeux fur Marguerite de Saal, fille orpheline d'un simple gentilhomme de Saxe, & l'épouka.

Vers le même temps Luther répandit en langue ther des conciles vulgaire fon ouvrage fur les conciles & l'églife. It & de l'églife. traite d'abord de l'affemblée des apôtres à Jerufalem, dont il est fait mention au quinziéme chapitre des actes des apôtres. Il rapporte les opinions hoc anno pag.294. contraires des docteurs, principalement de faint Cyprien & de faint Augustin, touchant le baptême; & là-deffus il parle des canons des apôtres dont il pretend montrer la fauffeté par des preuves qu'il appelle invincibles, foutenant que ceux qui pro

duifent ainfi de faux titres, meritent d'être punis de mort. Il vient enfuite au détail des quatre premiers conciles gencraux, de Nicée, de Conftantinople, d'Ephese & de Chalcedoine; il rapporte la raifon pour laquelle ils furent affemblez, les décrets qu'on y fit, montre quelle cft la puiffance du concile, & qu'il ne lui eft pas permis d'établir de nouveaux articles de foi, d'ordonner de nouvelles œuvres, de géner les confciences par de nouvelles pratiques ou ceremonics, de fe méler du gouvernement public ou civil, & de faire des conftitutions qui contribuent à augmenter la puiffance de quelqu'un. L'office du concile, dit-il, eft de condamner & d'abolir les nouvelles doctrines contraires à l'écriture fainte, les ceremonies inutiles & fuperftitieufes, de connoître, juger & définir selon la regle de la parole de Dieu, des matieres contenticufes. Suivant ces principes il donne la définition de l'église avec les marques auxquelles on la peut connoître ; il dit que le pape doit être condamné, & obligé à remettre les chofes dans leur premier état, attendu qu'il a feduit les fideles par fes fauffes doctrines, les tenebres étant parvenuës à tel excès, qu'on croit que l'habit de religieux contribuë beaucoup au falut, & que plufieurs de mediocre condition fouhaitent d'être enterrez avec cet habit: ce que la pofterité, dit-il, aura de la peine à

croire.

AN. 1559.

XIII Ouvrages de Co

chlée contre Lu

Luther aïant cû dans la même année un démêlé avec quelques-uns de fa fecte, qui rejettoient la loi des œuvres, & qu'il nomme pour cela Antino- ther & contre néens, Cochlée écrivit contre lui pour le rendre cochleus in aïtis

Moryfin.

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