페이지 이미지
PDF
ePub

il réuffit. Il fe retira auffi-tôt en Angleterre, deAN. 1540. là à Paris, & enfin à Bordeaux, où André Goveanus fçavant Portugais l'attira. Il regenta dans cette ville, & il harangua l'empereur Charles V. le premier de Decembre 1539. lorfque ce prince traverfa la France pour fe rendre dans les Païs-Bas. Il y a quelque apparence que la reine d'Ecoffe caffa la fentence rendu contre lui, lorfqu'il fe fut sauvé de prison.

[blocks in formation]

L'empereur aïant été obligé d'aller en Flandres pour appaiser une revolte des Gantois, les Proteftans d'Allemagne lui envoïerent dans les PaïsBas une ambaffade pour se difculper auprès de lui des calomnies dont ils prétendoient avoir été chargez par les Catholiques; ces ambassadeurs aïant donc obtenu audience, ils lui reprefenterent que c'étoit fans raison qu'on les accufoit d'être obstinez dans leurs sentimens, de hair les magistrats, d'être inquiets & de n'aimer qu'à troubler l'état. Nous avons fouvent fouhaité, dirent-ils, de nous justifier fur ces faux reproches, & nous fommes ravis de trouver cette occafion pour le faire. Nous difons. donc. 1°. Que Dieu aïant en ce temps-ci fait connoître son évangile, nous n'avons pû nous difpenfer de le recevoir, non dans la vûë de nuire à quelqu'un, mais uniquement pour travailler à notre falut, & arriver au bonheur éternel. En tout le reste on nous a toujours trouvé foumis, & nous ne manquerons pas de l'être à l'avenir. Ils ajoûterent,. il y a plus d'un an que le secretaire du duc de Brunfwick foupçonné avec justice, avoit été arrêté près de Caffel, & par furprise on a decouvert les perni

peu

cieux deffeins de quelqu'uns qui preffoient les ples de prendre les armes, parce qu'ils affuroient AN. 1540. que nous nous préparions à la guerre : mais fi nous avons fait des levées de troupes, ce n'a été qu'après les autres pour nous mettre en état de défense. C'est pourquoi nous vous fupplions de n'ajoûter aucune foi aux mauvais rapports que l'on fait fur notre compte, & qui ont été suffisamment refutez dans beaucoup d'ouvrages imprimez. A l'égard de ce qu'on nous impofe, que nous nous mettons peu en peine de la religion & d'une veritable reformation, c'est une pure calomnie, nous n'avons jamais eu d'autres vûës, que la vraie religion, & il nous eft aifé de le prouver par la derniere diéte de Francfort, par les lettres du lantgrave écrites au roi Ferdinand, pour le prier d'ordonner une affemblée de gens fçavans, où l'on travaillât à une parfaite union. Nous vous faifons aujourd'hui la même priere, en vous conjurant de nous regarder comme des gens qui ne defirent que la concorde & le falut de la république, prêts à tout facrifier pour la juftice. Il y a quatre ans que votre majesté écrivant d'Italie pour accommoder les differends de la religion, promettoit de n'emploïer pour cela ni la violence ni les armes, mais la raifon & la verité; depuis peu vous avez mandé la même chose aux princes Palatin & de Brandebourg, lorsque vous étiez encore en Espagne : les raifons qui vous empêchoient alors de vacquer aux affaires de la religion ne fubfiftent plus,ainfi nous vous prions d'approuver la treve concluë à Francfort, d'empêcher

des juges de la chambre imperiale de proceder conAN. 1540. tre nous dans les caufes de religion, & d'y mettre

XXXVII:

teftans au roi de

France.

lup. lib. 12. pag.

ordre par votre autorité, autrement on ne pourra rien regler ni touchant la guerre contre le Turc,ni touchant l'assemblée des théologiens qu'on demande, ce qui eft cependant néceffaire pour affurer une paix conftante & perpetuelle, qui soit approuvée de tous les états de l'empire. Cette audience fut accordée le vingt-quatrième de Février. 1540. dans la ville de Gand, en prefence du ficur de Granvelle ; & l'empereur répondit qu'il en délibereroit.

la

Dans le même temps les princes Proteftans écriLettre des Pro- virent fous main à François I. pour le supplier trèshumblement de ne pas les abandonner au reffenSleidan. ibid. ut timent de l'empereur, en cas qu'il lui prît envie, comme ils y voïoient quelque difpofition, d'en venir à la force ouverte ; ils lui rappellent l'amitié dont il leur avoit donné tant de preuves, tant par fes lettres que par fes ambaffadeurs, ils loüent le jugement qu'il portoit du concile, où il falloit, difoit ce prince, fe conduire par la raison & verité plûtôt que par la violence & par les armes.. Ils l'affurent de leur parfaite reconnoiffance, & fe rejoüissent de l'union qui paroît entre l'empereur & lui, efperant qu'elle contribuera à l'avantage de l'état & à la paix de l'églife. Ils ajoûtent que l'empercur n'a differé l'execution de ce qui a été reglé à Francfort, qu'à caufe de la mort de l'imperatrice fa femme; mais qu'aujourd'hui que les deux princes font d'accord, il eft facile de finir cette affaire, s'il

par

veut bien aider l'empereur, & lui prêter la main, afin de pourvoir à l'église selon la forme prescrite à Francfort. Qu'ils ne doutent pas que Charles V. ne foit rempli de bonne volonté, & qu'ils lui ont envoïé une ambassade dont ils esperent un bon fuccès. Qu'il eft vrai que leurs ennemis emploïent toutes fortes d'artifices & de calomnies pour arrêter les bons deffeins; mais que de leur part, ils demandent qu'on examine leur cause, parce qu'ils ne craignent point le crédit de leurs adverfaires, étant prêts de fe défendre de leurs injuftes violences; ce qu'ils ne feront qu'avec regret, & parce qu'on les y forcera, à caufe des fuites fâcheufes que peut avoir une guerre civile: & dont ils ne feront pas refponfables, n'aïant d'autres defirs que d'accommoder les affaires avec douceur, & de con-vaincre la posterité de leur moderation, assurez qu'ils font qu'un temps viendra auquel leurs ennemis feront contraints de recevoir ce qu'ils refusent aujourd'hui, parce que Dieu vengera la gloire de fon nom.

AN. 1540

XXXVIII Aflemblée des théologiens Pró

teftans à Sinalkal

de.

Belcar. lib. 234.

». 40.

Le premier jour de Mars les ambassadeurs des princes Proteftans & les députez des villes de la confeffion d'Ausbourg, s'affemblerent à Smalkalde, comme il avoit été ordonné. Melanchton, Jonas, sleidan ibid. ut Pomeranus, Bucer & d'autres s'y trouverent, & Suprà l. 12.p.404+ eurent ordre de mettre par écrit la formule dont il faudroit fe fervir avec leurs adverfaires pour concilier la doctrine. On y termina ce qui étoit demeuré indécis à Arnftet; & ceux qu'on avoit envoïez en Angleterre auprès d'Henri VIII. étant de retour, on écouta leur rapport le feptiéme de Mars

XXXIX.

Rapport des ambaffadeurs envoiez en Angle

terre.

hoc ann. n. 3.

touchant l'état de la religion dans ce roïaume. Ils AN. 1540. dirent que nonobftant les édits de l'année precedente, ils n'avoient pas remarqué qu'on y fît beaucoup d'executions, quoique Hugues Latimer & l'évêque de Salisberi fuffent encore prifonniers pour le fait de la religion. Que Cromwel qui avoit beaucoup de credit adouciffoit l'efprit du roi, qui dans un entretien particulier leur avoit déclaré qu'il Spond, in annal. n'approuvoit pas les opinions des Protestans sur le mariage des prêtres, la communion fous les deux efpeces, & les meffes privées, & qu'il les prioit de lui écrire plus amplement là-deffus, en lui expofant les preuves de leur fentiment. Que de fon côté,il leur feroit répondre par les plus habiles théologiens de fon roïaume, afin que par ce moïen la verité fut éclaircie. Ils ajoûterent que le confeil de Cromwel étoit, qu'on devoit envoïer une ambasfade honorable vers Henri VIII. & y joindre Melanchton, parce que fi l'on pouvoit convenir avec ce prince touchant la doctrine, il pourroit aisément fournir de grandes fommes d'argent pour foûtenir l'alliance qu'il vouloit faire avec eux, & qu'il avoit paru fort furpris, que les princes Proteftans ne fe fuffent liguez que pour la religion,attendu qu'on peut emploïer beaucoup d'autres rai

fons

pour faire la guerre aux Catholiques. Peu de jours après les théologiens donnerent par écrit leur avis, qui portoit qu'on ne devoit point s'éloigner de la confeffion d'Aufbourg, & de l'apologie qu'on y avoit jointe. Tous les autres théologiens abfens approuverent cette décifion, & Henri de Brunfwick arriva à Gand environ ce temps-là.

« 이전계속 »