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Le quatorziéme de Mars l'empereur fit donner Corneille Scepper,fa réponse aux ambaffadeurs Proteftans. Quoiqu'elle parut affez favorable, elle ne laiffoit pas d'être enveloppée de termes ambigus qui faifoient douter fi ce prince fouhaitoit veritablement la paix. Les ambassadeurs s'étant retirez, la lurent, & rétournerent auffi-tôt après vers l'empereur pour le prier de fufpendre les procedures de la chambre, & de leur accorder la paix : mais toute la réponse qu'ils eurent fut qu'on n'avoit rien à leur dire de plus pour le prefent, & qu'on y aviferoit dans la fuite; cette réponse fut rapportée dix jours après à Smalkalde, où les princes arriverent le lendemain de Pâques vingt-neuviéme de Mars. Cependant Granvelle qui avoit lui seul tout crédit à la cour depuis que Helt en avoit été éloigné, & renvoïé chez lui, comme un homme trop violent, & fans moderation, fçut fi bien tourner l'efprit de l'empereur, qu'il le determina à faire la paix avec les Proteftans; dès le commencement il envoïa comme en fon nom deux perfonnes de confiance à Smalkalde, l'un nommé Thierry Manderfchite, & l'autre Guillaume Nuenaire, tous deux gens de: bon conseil ; mais le premier demeura malade en chemin.

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XLI.

Réponse des Pro

teftans à Gran

velle.

slidan in comm..

Les Proteftans firent une réponse fort ample le onziéme Avril, dans laquelle ils blament les évê ques de s'occuper entierement des biens temporels, pendant qu'ils laiffent triompher dans l'églife tant de vices, & tant d'erreurs qu'ils ne fçauroient se Jeq. diffimuler; nousfouhaiterions,difent-ils,que l'empereur voulut prendre connoiffance de l'emploi

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13. p. 406. &

qu'on fait des biens ecclefiaftiques, il verroit que A N. 1540. du côté des Catholiques, ces biens font emploïcz à des ufages profanes, que les églifes font pillées, que la plupart font défertes & tombent en ruine; que les Proteftans au contraire s'en fervent pour l'entretien des miniftres, pour l'instruction des peuples, & pour d'autres bonnes œuvres. Ils rappellent enfuite la confeffion d'Ausbourg, dans laquelle ils prétendent avoir rendu raison de leur doctrine, fans rien diffimuler, & ils comparent cette doctrine avec celle de l'église Romaine,dont ils étalent les prétenduës erreurs, en décriant beaucoup l'autorité du pape. Enfin ils montrent com bien il feroit injufte de vouloir opprimer leur religion par la voie des armes ; ce qui eft contraire aux loix de l'églife; & là-deffus ils rapportent l'exemple de Conftantin, qui voulut qu'on entendit les Donatiftes jufqu'à trois fois, & afsister luimême à la troisiéme audience, afin qu'on ne décernât rien contr'eux avant que d'avoir bien examiné les matieres. Ils vantent auffi leur fidelité envers l'empereur, les fecours qu'ils lui ont donné, & prient Granvelle de reprefenter toutes ces chofes à ce prince, & de l'engager à arrêter les procedures de la chambre imperiale. Cette réponse faite, ils terminerent leur affemblée, & chargerent leurs théologiens de refuter les raisons du roi d'Angleterre par un écrit qu'on envoïeroit à ce prince, avec lequel il fut réfolu de ne faire aucune alliance, fi-non pour caufe de religion. Il fut dit encore qu'on prefenteroit une requête au roi de France, en faveur de ceux qui fouffroient dans fon roïau

me

me pour la doctrine, & qu'on exhorteroit ceux d'Hailbrun à abolir la meffe qui fubfiftoit encore AN. 1540. dans quelques églises. La conclufion de cette diéte fe fit le treiziéme d'Avril.

Cinq jours après l'empereur écrivit à l'électeur de Saxe & au lantgrave, qu'il avoit conferé avec fon frere Ferdinand de l'état de l'Allemagne,& en particulier des differends de la religion qu'il fouhaitoit de voir afsoupis ; & il les affure qu'aïant fait jufqu'à prefent tout ce qu'il avoit pû pour établir la paix, il perfevere encore dans les mêmes fentimens pourvû qu'ils reconnoiffent fes bonnes intentions fans en abufer, & qu'ils montrent par des effets réels, qu'ils la defirent auffi-bien que lui ; que pour leur donner des preuves de fa bonté,& de fa droiture,il leur af figne une diéte à Spire, où ils se trouveront le fixiéme de Juin, pourvû que la peste & le mal contagieux n'y foient pas un obftacle, auquel cas fon frere Ferdinand nommera une autre ville, pour aviser aux moïens qui pourront détourner les perils dont l'Allemagne eft menacée. Qu'il efpere qu'eux & leurs alliez répondront mieux à l'avenir à ses bontez qu'ils n'ont fait jufqu'alors, & qu'on connoîtra qu'ils font plus portez à la paix qu'à la difcorde; il les exhorte donc à fe trouver dans le lieu de la diéte au jour marqué,& de ne s'en point difpenfer, fi ce n'eft pour caufe de maladie ; auquel cas ils envoïeront leurs plus fideles confeillers qui aiment la paix, & qui aïent d'amples inftructions; qu'ils avertiffent leurs alliez afin qu'ils s'y trouvent auffi: & que fon frere Ferdinand y fera prefent pour

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XLII.

Lettre de l'empedeSaxe & au lantgrave.

reur à l'électeur

Sleidan, ibid. ut

p. 13. p. 415

les informer de fes intentions, même par rapport AN.. 1549. à l'ambassade qu'ils lui ont envoïée. Enfin il les exhorte à fe conduire de telle maniere tant pour eux que pour le falut de l'empire, qu'il n'y ait plus de division,& que chacun vive dans une parfaite tranquillité ; qu'ils n'ont rien à craindre ; qu'il leur engage fa foi qu'ils jouiront de l'accord de Nuremberg; qu'il ne permettra jamais qu'on y contrevienne, pourvû que de leur côté ils ne fassent tort à perfonne.

XLII.

répondent à la

reur.

Sleidan ibid. lib.

Les Proteftans répondirent à cette lettre le neuLes Proteftans viéme de Mai. Dans cette réponse ils remercient lettre de l'empe- l'empereur de le voir porté à la paix, & l'affurent qu'ils n'ont point d'autre defir; fi elle n'est pas faite encore, ajoûtent-ils, on ne doit point s'en prendre à nous, mais à l'importance de l'affaire qu'on a à traiter, & à nos adverfaires qui n'ont jamais voulu en venir à aucune explication sur la doctrine. Ils promettent auffi à l'empereur de se trouver à la diéte au jour marqué; mais afin que cette convocation ne foit pas inutile, ils marquent quel est là-deffus leur fentiment: votre majefté n'ignore pas, difent-ils, que dès le commencement des dif putes on convint qu'il falloit affembler un concile general, ou du moins un national de toute l'Allemagne, & que ce projet eut une approbation univerfelle. Que dans la fuite ce moien n'aïant pas paru convenable à quelques-uns, à caufe de la brieveté du temps, on délibera à Francfort de la forme qui s'obferveroit dans une affemblée prochaine, & l'on en fit un décret. Nous ne defapprouvons pas,

il

continuent-ils, qu'on examine l'affaire serieusement; comme elle regarde le falut des peuples, faut en déliberer mûrement & long-temps, fi l'on veut en tirer quelque avantage. Ils infiftent ensuite fur ce qu'on a determiné à Francfort, d'assembler les théologiens de part & d'autres avant que d'entrer en matiere, fi l'on ne peut convoquer un concile national, & croïent qu'il n'y a pas de meilleur expedient: ce qu'ils avoient depuis peu representé au comte Nuenaire. Mais ils ajoûtent qu'il ne leur eft pas permis de s'y trouver fans avoir confulté leurs alliez ; ce qui eft affez difficile à cause de brieveté du temps; nous ne laifferons pas de le tenter,difent-ils,& d'engager chaque prince ou ville à envoier leurs députez, puifque le roi Ferdinand doit y être en perfonne, & nous efperons que le tout fe terminera à une parfaite union,pourvû que dans cet accord l'écriture fainte foit la regle des décifions, & qu'on ne permette à perfonne de s'en écarter. Nous vous prions d'accorder un sauf-conduit à nos théologiens comme vous l'avez promis nos ambaffadeurs.

3

AN. 1540.

XLIV. Difcours du légat

l'accord avec les Sleidan in comm. b. 13. p. 417. Spond. hoc ann.

Proteftans.

Surius in comm.

Le cardinal Farnese légat du pape qui avoit fuivi l'empereur depuis Paris jufqu'en Flandres, aïant Farnefe contre fçu que tous les miniftres de l'empereur étoient d'avis d'accorder aux Proteftans la conference qu'ils demandoient pour deliberer fur les affaires de la religion, & s'accorder avec eux, s'y oppofa de l'avis de Marcel Cervin évêque de Nicaftre, & remontra à Charles V. & à Ferdinand qu'on avoit fouvent traité avec les Proteftans fans avoir pû jamais rien conclure en dix ans, depuis la diéte

n. 4.

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