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d'Aufbourg en 1530. Que quand même on cût AN. 1540. trouvé alors quelque voie d'accommodement, elle auroit été inutile,puifque les Proteftans changeoient tous les jours d'opinions, jufqu'à contrevenir à la confeffion d'Aufbourg. Que par le paffé ils demandoient feulement la reformation du pontificat, & que maintenant ils vouloient la deftruction enticre du faint fiege & de la jurifdiction ecclefiaftique. Que fi jamais ils avoient été infolens, ils le feroient encore davantage dans un temps auquel la paix étoit fi mal affurée avec la France, & que le Turc étoit fur le point d'entrer en Hongrie; qu'il ne falloit point efperer deles ramener, d'autant que les difputes étoient infinies, & qu'il y avoit plu fieurs fectes parmi eux,ce qui rendoit l'accord impoffible: outre que la plupart d'entr'eux n'avoient pas d'autre but que de s'emparer du bien des autres & de depoüiller l'empereur de toute fon autorité. Qu'il étoit bien vrai que la guerre qu'on alloit avoir avec le Turc, devoit porter les Allemands à s'accorder ; mais que cet accord ne pouvoit le faire que dans un concile general, & non pas dans des diétes particulieres & nationales, parce qu'en matiere de religion, l'on ne doit rien changer que d'un confentement general.

Le légat ajoûta que fi l'Allemagne introduifoit quelque nouveauté fans la participation de la France, de l'Espagne, & de l'Italie, il en naîtroit une dangereuse divifion de cet état d'avec tous les autres ; que c'étoit une coûtume établie du temps même des apôtres, de terminer les differends de la religion par la voie du concile, & que tous les rois,

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les princes & les gens de bien en demandoient un. Que l'on pouvoit aifément conclure une paix foli- AN. 15406 de, entre l'empereur & la France, & tenir le concile auffi-tôt après ; & que cependant il falloit s'appliquer à augmenter la puiffance de la ligue catholique d'Allemagne : ce qui intimideroit les Proteftans, & les contraindroit de fe foumettre au concile, de peur d'y être forcez par les Catholiques. Que cette ligue étant puiffante l'on pourroit encore faire contribuer les Proteftans aux frais de la guerre contre le Turc. Qu'en tout cas il falloit de deux maux choisir le moindre; qu'il y avoit beaucoup plus de mal à offenfer Dieu, en abandonnant la caufe de la religion, qu'à fe paffer des fecours d'une partie d'une province, outre qu'on ne pouvoit pas décider lefquels étoient plus contraires à Jefus-Chrift, ou les Proteftans, ou les Turcs; puifque ceux-ci ne mettent que le corps en fervitude, & que les autres y veulent mettre auffi les ames. Il conclut qu'il ne falloit pas traiter les affaires de la religion dans les diétes d'Allemagne, mais ouvrir le concile dès cette année, travailler inceffamment à augmenter la ligue Catholique, & faire la paix avec le roi de France.

On délibera fur les remontrances de Farnese, mais elles ne furent pas fuivies, & la diéte fut indiquée à Haguenau au lieu de Spire, à caufe de la pefte qui ravageoit cette derniere ville. Farnefe aïant appris cette réfolution qu'on ne lui avoit pas communiquée avant de la prendre, partit auffi-tôt très-peu content de fa légation, & il arriva à Paris Le quinziéme de Mai jour de la Pentecôte, & don

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XLV.

Départ du cardi qui fe retire

nal Farnefe légat

Rome.

Sleidan, ibid. us

fuprà lib. 13. 86.

421.422.

na dans l'église cathedrale le chapeau rouge nouA N. 1540. vellement apporté de Rome, à Antoine Sanguin de Meudon oncle de la ducheffe d'Etampes, nommé par le pape à cette dignité le douziéme Decembre dernier. Pendant le fejour que le légat fit à Paris, il obtint du roi un édit très-fevere contre les hérctiques, fur-tout contre lees Lutheriens, lequel fut enfuite executé avec beaucoup de riPallavicin. hift. gucur dans toute la France. Enfuite il s'en retourna promptement à Rome, & Marcel Cervin que le pape avoit nommé cardinal dans la derniere promotion, eut ordre de retourner auprès de l'empereur en qualité de légat.

conc. Trid. lib. 1.

cap. 11.

XLVI.

Le roi Ferdinand

fe rend à Hague

ut fuprà lib. 12. p.

422.

Cochlée in alt. &

fcript. Lutheri hoc ann. p. 297.

Ferdinand roi des Romains partit auffi de Flandres pour fe rendre à Haguenau mais la diéte nau pour la diéte. n'y commenca que le vingt-cinquiéme de Juin un Sleidan ibid. ut mois environ après l'arrivée de ce prince. Avant que d'entrer en matiere les Proteftans s'étoient adreffez au prince Palatin, aux archevêques de Cologne & de Treves, à Henri de Brunswick, aux évêques d'Aufbourg & de Spire, à chacun en particulier dans fa maison, pour les fupplier d'être les mediateurs de la paix. Ferdinand au jour marqué appella les Protestans, & s'étant plaint que les princes eux-mêmes ne fuffent pas venus en perfonnes, il leur demanda leur procuration & leur pouvoir; il leur expofa le fujet de cette diéte, & nomma pour mediateurs Loüis comte Palatin, Jean archevêque de Treves, Louis de Baviere, & Guillaume évêque de Strafbourg, qui accepterent la commiffion. On y vit parmi les théologiens Proteftans, Juste Menius, Boulanger qu'on appelloit Pisto

rius, Urbain Regius, Bucer, Brentius, Blaurer, Ofiander, Schnepf & d'autres; Melanchton fut AN. 1840. arrêté en chemin par une maladie affez dangereufe; & comme tous ces miniftres prêchoient dans leur logis, felon la coûtume, à tous ceux qui vouloient les entendre, principalement quand tous les députez étoient affemblez pour deliberer, Ferdinand qui en fut informé le défendit, malgré les remontrances des ambaffadeurs, qui foutenoient qu'il leur étoit permis de faire prêcher, pourvû que ce ne fut pas en public, & que le roi des Romains ne devoit point les priver de ce privilege.

XLVII. Conteftations

Les mediateurs aïant demandé aux Proteftans quels étoient les principaux points de leur doctri- dans cette diéte. ne: ceux-ci répondirent qu'il y avoit dix ans que leur confeffion de foi avec l'apologie avoit été prefentée à Ausbourg, qu'ils perfiftoient encore aujourd'hui dans les mêmes fentimens, & qu'ils étoient prêts d'en rendre compte devant tout le monde ; qu'ils ne fçavoient pas ce que leurs adverfaires y pourroient trouver à redire;que néanmoins fi on en venoit à une conference, ils contribueroient de leur côté à la paix. Quelques jours après les mediateurs répondirent, que puifque les Proteftans s'en tenoient à leur confeffion d'Aufbourg, dans laquelle on étoit d'accord fur quelques articles, & non pas fur tous, ils s'emploïeroient pour accorder ceux en quoi l'on differoit, & qu'on les prioit d'expofer leurs intentions. A cela les Proteftans repartirent qu'il étoit vrai qu'on avoit conferé fur quelques articles à Aufbourg, mais qu'on

n'y avoit rien défini, & qu'il n'y avoit eu aucun AN. 1540. accord. Tout cela produifit quelques conteftations de part & d'autre, parce que les Proteftans infiftoient pour la conference entre les théologiens; les Catholiques au contraire alleguoient qu'ils avoient ordre de l'empereur & du roi des Romains, de proceder en la maniere qu'on l'avoit fait à Aufbourg; fur quoi Ferdinand les fit tous appeller le feizième de Juillet, & leur dit, que puifque les chofes étoient dans une fituation à ne pouvoir rien définir, d'autant plus que l'électeur de Saxe & le lantgrave étoient absens, il falloit convenir d'une autre diéte dans laquelle les députez & les théologiens des deux partis s'affembleroient en pareil nombre pour conferer de la confession d'Aufbourg, de telle forte néanmoins que l'édit imperial d'Aufbourg demeureroit dans toute fa force,& qu'il feroit permis au pape d'envoïer ses nonces à cette diéte.

XLVIII.

ftitution des biens

Sleidan. in com.

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Enfuite comme il y avoit beaucoup de CathoLes Catholiques liques qui fe plaignoient d'avoir été dépoüillez de demandent la re- leurs biens par les Proteftans, & qui demandoient ecclefiaftiques. d'être rétablis dans la poffeffion des biens ecclefia4.13. pag. 423. ftiques, puifque le differend de la religion étoit indécis, ou du moins qu'il leur fût permis de répeter par les voies de la juftice ce qui leur appartenoit legitimement; les Proteftans repliquerent, que ces biens n'avoient point été ufurpez, mais appliquez par le rétablissement de la doctrine évangelique au legitime ufage auquel ils étoient deftinez dans la premiere inftitution, dont les ecclefiaftiques avoient beaucoup dégenerez &

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qu'ainsi

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