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en cette qualité le cardinal Gafpard Contarin, A N. 1541. homme d'une grande vertu & très-porté à la paix. Ainfi puifque cette diéte eft convoquée pour mettre ordre aux affaires de la religion, dont le peril eft évident, fi l'on ne s'accorde, il demande à tous qu'ils foient animez d'un efprit de paix, les affurant de fa part qu'il n'épargnera rien pour parvenir à une reconciliation parfaite. Qu'il croit que le meilleur expedient pour réussir, est de choisir un petit nombre de gens de bien, fçavans, aimant la paix,pour conferer enfemble fur les controverfes, & faire leur rapport à la diéte, des moïens qu'ils auroient trouvez pour accorder les differends de la religion, afin que la chose mise en déliberation & communiquée au légat, on pût faire une ordonnance fur ce fujet, à condition toutefois, que l'on ne changeroit rien de ce qui avoit été établi dans la diéte d'Aufbourg, & que le décret demeureroit dans fon entier.

XCVIII.

& les Proteftans

pofitions de l'em

pereur.

1.b. 13. pag. 437.

Les Proteftans répondirent à ces propofitions le Les Catholiques neuvième d'Avril, & après avoir loüé la pieté & acceptent les pro- le zéle de l'empereur, ils demanderent que la prefente diéte fût une continuation de celle de WorSleidan ut fuprà mes, qui avoit été transferée à Ratisbonne, & Pallavic, in hift. qu'à l'égard de ce qu'il penfe, qu'on doit choiconc. Trid. lib. 4. fir quelques perfonnes qui puiffent conferer enRaynald. ad hunc femble fur les matieres de religion, ils donneront leur réponse quand ils auront appris fur qui doit tomber ce choix ; les autres princes & états approuverent le douziéme Avril le projet de l'empereur, & demanderent fur tout que l'autorité du décret d'Aufbourg eût fon plein effet, &

c. 14.n. 2. & feq.

ann. n. 7. & feq.

fût entierement obfervé. Enfuite l'empereur demanda aux deux parties, & particulierement aux Proteftans, de fe repofer fur lui touchant le choix des perfonnes, les affurant qu'il ne feroit rien que pour la confervation du païs, & à l'avantage de leur patrie. C'est pourquoi le lendemain treižiéme d'Avril, il fit nommer par le prince Frederic Palatin pour la conference, du côté des Catholiques Eckius, Gropper & Phlug, & pour les Proteftans Melanchton, Bucer & Piftorius, afin de traiter enfemble des points de doctrine, qui étoient en conteftation, & en faire leur rapport à lui & aux princes. Le vingt deuxième d'Avril, il les manda tous fix, & les avertit de fe dépoüiller dans cette conference de toute passion, & de n'avoiren vûë que la gloire de Dieu. Ils le protesterent avce beaucoup de modeftie, & fupplierent l'empereur d'en députer quelques autres plus propres à la difpute, à l'exception d'Eckius qui fe difoit toûjours prêt; mais ce prince les preffant de confentir à ce qu'il avoit fait, ils le firent, en le priant feulement d'y en ajoûter quelques-uns, qui fuffent ou prefidens, ou témoins de la conference. L'empereur ne refusa pas une demande fi jufte, & députa pour y préfider le prince Palatin & Granvelle, & pour y aflifter comme témoins de ce qui fe pafferoit Thiery comte de Manderfchit, Evrad de Ruden, Henri Hafius, François Burcart, Jean Figius & Jacques Sturmius, partie catholiques, partie Proteftans.

AN. 1541.

XCIX.

Le vingt feptiéme d'Avril la conference commença par un difcours du prince Palatin, dans le Granvelle prefen

te aux théologiene

corde.

quel il exhorta fort les théologiens à conferer enAN. 1541. femble avec un efprit de paix & fans paffion. le livre de la con- Enfuite Granvelle leur prefenta un livre qu'il dit avoir été mis entre les mains de l'empereur par des perfonnes de fcience & de pieté, & qu'on reprà n. 4 jeg. gardoit comme une inftruction très-propre à proGoldaft collect.le- curer une bonne paix, & une prochaine reconcilianumque Cafarea- tion. Que fa majefté imperiale vouloit qu'ils lufa conventus Ra- fent ce livre, & qu'ils l'examinaffent, afin d'avoir

Sleidan. ut fuprà

Lib. 13. p. 48.

Pallavicin. ut ju

gum, confuetudi

um in titulo: ac

isponenfis.

C.

Livre de la con

mence à exam.

un fujet légitime d'entrer en matiere, qu'ils confirmaflent ce qui feroit trouvé bon, qu'ils corrigeaffent ce qui leur en déplairoit, & qu'ils emploïaffent leurs foins pour s'accorder fur les articles dont ils ne conviendroient pas. Ce livre à qui l'on donnoit le titre de Concorde, avoit été communiqué fecretement au légat & au nonce Moron, qui y avoient fait des corrections, & l'avoient même fait voir à des théologiens Italiens qui l'avoient approuvé; de forte qu'on fe flattoit mal à propos que les théologiens Catholiques ne feroient aucune difficulté de le recevoir avec les correctifs. On croit que Jean Gropper en étoit l'auteur; ce théologien étoit Allemand, natif de Zocft, prevôt de l'églife de Bonn, & archidiacre de Cologne, & s'étoit acquis une grande réputation par fon zéle pour la défenfe de l'églife, & fon amour pour la verité. Nous parlerons de lui à sa mort.

Le livre de la concorde contenoit vingt-deux corde qu'on com- articles. Au refte, il ne faut pas le confondre avec un autre fous le même titre compofé par differens Sleidan.ibid. ut auteurs Lutheriens, & qui parut en 1579. après les celebres assemblées tenues à Torg & à Berg en

ner.

·Suprà.

Belcarius n. 51.

1576. & 1577. & dont nous parlerons dans ton lieu. Celui dont il s'agit dans la conference de Ra- AN. 1541. tisbonne, quoique moins contraire à la foi, con. tenoit encore des hérefies. Il traitoit de la création de l'homme & de l'integrité de la nature devant la chûte d'Adam. Du libre arbitre, de la cause du peché originel, du peché originel même, de la juftification, de l'églife, de la pénitence de l'autorité de l'églife pour interpreter l'écriture fainte, des facremens, de l'ordre, du baptême, de la confirmation, de l'euchariftie, de la pénitence & abfolution, du mariage, de l'onction des malades, du lien de la charité, de l'ordre hierarchique de l'églife & de l'autorité d'établir la police dans le gouvernement ecclefiaftique; des dogmes reçus & appuïez par le confentement de l'églife, comme le culte des Saints, leur invocation, les reliques & les images; des meffes privécs, de l'administration des facremens, de la difcipline de l'églife que le peuple doit observer, enfin des miniftres & du peuple. Tous ces articles furent affez débattus dans les conferences aux- de ce livre font quelles Eckius, qui méprifoit fort ce livre, ne put affifter à caufe d'une fievre qui lui furvint, mais sleidan in comm. fes affociez ne laiffoient pas d'aller conferer avec lib. 14. pag. 440. lui fur toutes les matieres. Voici le détail de ces annum n. 10. articles, en omettant le premier de la création de l'homme fur lequel les deux partis convinrent aifément.

CI.
Tous Is articles

examinez dans la conference.

Raynald. ad hunc

Dans le fecond article du libre arbitre, il étoit Du libre arbitre. dit, que la liberté de faire le bien & de s'abstenir

du mal, a été perdue dans l'homme par sa chûte,

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& qu'il ne lui est demeuré qu'une liberté exemte

AN. 1541. de contrainte, que les théologiens appellent à coactione, qui fe trouve également dans les méchans & dans les bons. On ajoûtoit, que la véritable liberté après la réparation de Jesus Christ, eft d'être délivré de la fervitude du peché, & que dans la gloire elle confiftera à n'avoir plus de concupifcence; qu'il faut prêcher cette liberté au peuple pour lui apprendre que fon falut dépend entierement de Jefus-Chrift, & qu'il faut fans ceffe lui demander fa grace pour obferver fes préceptes, & s'abstenir du peché, en connoiffant cette inclination qui nous porte au mal, ce qui fait que perfonne dans cette vie mortelle ne peut être fans peché. Dans le troifiéme article, on reconnoît que la mauvaise volonté du démon & de l'homme eft la caufe du peché, & de tout le mal que l'on fait, & que cette caufe ne vient point de Dieu.

Du peché origimel..

Dans le quatrième article qui traite du peché originel, on difoit qu'il n'eft qu'un manquement de la juftice originelle, qui n'eft autre chofe que la grace & l'efprit de Dieu que la concupifcence eft: cette pente au mal que faint Paul appelle la loi des. membres; qu'ainfi le peché originel confifte dans. le défaut de cette juftice & dans la concupifcence d'où naiffent les pechez actuels. Ce peché a passé dans tous les defcendans du premier homme, & eft remis par le mérite de la paffion de JefusChrist, qui nous eft appliqué dans le baptême, & qui reprime la concupifcence, en excitant en nous de faints mouvemens avec le fecours de la

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