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cord avec eux, les priant de dreffer une confeffion AN. 1536. de foi qui fût tournée de forte, qu'elle pût servir à cet accord, dont on avoit beaucoup d'efperance, principalement fur l'euchariftie, & fur l'efficace des facremens. Par les infinuations de Bucer, qui avoit des expediens pour toutes chofes, les ministres Suiffes à Bâle fe refolurent à dire dans leur nouvelle confession de foi. » Que le corps & le sang ne font » pas naturellement unis au pain & au vin; mais que le pain & le vin font des fymboles par lefquels Jefus-Chrift lui-même nous donne une veritable communication de fon corps & de fon sang, non pour fervir au ventre d'une nourriture periffable, mais pour être un aliment de vie éternelle. « Le refte n'eft autre chofe qu'une affez longue explication des fruits de l'euchariftie, dont tout le monde convient. A l'égard de la prefence fubftantielle dont il s'agiffoit en ce temps-là, les Suiffes n'en voulurent pas parler, & ce fut tout ce que Bucer en put obtenir. Ceux de Zurich nourris par Zuingle, bien loin de donner une nouvelle confeffion de foi, comme ceux de Bâle, perfifterent dans la doctrine de leur maître, & publierent celle qu'il avoit adressée à François I. dont on a parlé ailleurs.

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Quelque-temps après les miniftres de Strasbourg firent fçavoir à ceux de Bâle & de Zurich, qu'il y avoit un fynode indiqué en Thuringe pour le quatorziéme de Mai, où Luther se devoit trouver, & dans lequel on traiteroit de l'union fur l'article de la céne,en les priant d'y envoyer quelques-uns de leurs théologiens. Les Suiffes n'y députerent personne, mais fe contenterent feulement de faire tenir leur

II. Affemblée de

Hofpinian ann.

1536. part. 2.

chytra. Saxon. pond. hoc an. ne

lib. 4.

19.

confeffion de foi à Bucer & à Capiton, qui la porterent à Eyfenac, où fe trouverent des miniftres dé- AN. 1536. putez des principales villes de la haute Allemagne. Luther n'ayant pû s'y rendre, ils l'allerent trouver & y arriverent le vingt-deuxième de Mai.Ils entre Vvittemberg. rent en conference avec lui. Luther le prit d'abord d'un ton fort haut, & vouloit que Bucer déclarât lui & les fiens reconnoiffoient nettement que que dans l'euchariftie le pain & le vin étoient le corps & le fang de notre-Seigneur, que les bons & les méchans reçoivent également. Le lendemain s'étant encore affemblez, Luther leur demanda s'ils ne vouloient pas revoquer leur fentiment, & rejetta bien loin ce qu'ils lui difoient, que la difpute n'étoit pas tant dans la chofe que dans la maniere. Bucer s'expliqua,condamnant d'erreur ceux qui difoient qu'on ne recevoit que du pain & du vin dans la céne, & affurant que leur foi & leur doctrine touchant ce facrement étoit, que par l'inftitution & l'operation du Seigneur, & fuivant le vrai fens naturel des paroles, le vrai corps & le vrai fang de Jesus-Chrift étoient rendus presens, donnez & pris avec les signes visibles du pain & du vin, qu'ils croïoient aufli que par le miniftre de l'églife le corps & le fang de JefusChrift étoient offerts à tous ceux qui les reçoivent, & qu'ils n'étoient pas feulement reçûs de cœur & de bouche par les juftes, mais auffi de bouche par les indignes pour leur condamnation; ce qu'ils vouloient toutefois qu'on entendît des membres de l'églife. Et Luther repondit qu'il admettoit une union feulement facramentelle entre le pain & le corps, le vin & le fang, mais non pas une union naturelle & locale.

A ij

III. Articles de l'ac

cord entre les Lutheriens & les Sa

cramentaires.

Hofpinian. ann.

1536. part. 2. fol.

Il en confera enfuite avec les theologiens de AN. 1536. Saxe, & revint trouver Bucer & fes compagnons, ausquels il déclara, que s'ils croïoient & enfeignoient que dans la Céne le vrai corps & le vrai fang de Jefus-Christ fufsent offerts, donnez & reçûs, & non pas fimplement du pain & du vin, & que cette perception se faifoit veritablement & non pas d'une maniere imaginaire, ils étoient d'accord entre eux, & qu'il les reconnoiffoit & les recevoit pour fes freres en Jesus-Christ: on fit enfuite un projet de formule qui fut dreffé par Melanchton, & contenoit fix articles. 1°. Que fuivant les paroles de faint Irenée, l'euchariftie confifte en deux chofes l'une terrestre, & l'autre célefte ; & par confequent que le corps & le fang de Jefus-Chrift font vraiment & fubftantiellement prefens, donnez & reçûs avec In lib. concord. le pain & le vin. 2°. Qu'encore qu'ils réjettaffent la transubstantiation, & ne cruffent pas que le corps de Jefus Chrift fut enfermé localement dans le pain, ou qu'il eut avec le pain aucune union nente hors l'ufage du facrement,il ne falloit pas laiffer d'avouer que le pain étoit le corps de Jesus-Chrift par une union facramentelle, c'est-à-dire, que le pain étant prefenté, le corps de Jefus-Chrift étoit tout ensemble prefent & vraiment donné. 3o. Ils ajoûtoient néanmoins qu'hors de l'ufage du facrement, pendant qu'il eft gardé dans le ciboire, ou montré dans les proceffions, ils croient que ce n'eft pas le corps de Jefus-Chrift. 4°. Ils concluoient, en difant: que cette inftitution a la force de facrement dans l'églife, & ne depend pas de la dignité ou indignité du miniftre, ni de celui qui reçoit. s°. Que

145.

2.729

perma

pour les indignes qui, felon faint Paul, mangent vraiment le facrement, le corps & le fang de Jefus- AN. 1536. Christ leur font vraiment prefentez, & qu'ils les reçoivent veritablement, quand les paroles & l'inftitution de Jesus-Chrift font gardées. 6°. Que néanmoins ils le prenoiert pour leur jugement, comme dit le même saint Paul, parce qu'ils abusent du sacrement en le recevant fans penitence & fans foi. On remarque que dans cette formule il n'est point fait mention de reception orale du corps de JefusChrift, & que les Sacramentaires qui croïoient que le corps de Jefus-Chrift n'étoit prefent que par la foi, avoient toutefois que ceux qui n'ont pas la foi, ne laissent pas de recevoir veritablement le corps de notre Seigneur.

Après cet aveu des Sacramentaires, Luther fe perfuada qu'il n'avoit plus rien à en exiger, & il crut qu'ils avoient dit tout ce qu'il falloit pour confeffer la réalité. Cette formule fut fignée par les miniftres des villes de la haute Allemagne,ils confererent enfuite le vingt-cinquiéme de Mai avec Pomeranus fur les rites de la meffe, les habits facerdotaux, les images,les lampes,l'élevation & l'adoration du saint sacrement qui étoient encore en ufage en Saxe. PomeFanus dit que Luther penfoit que ces choses étoient contre l'ordre,qu'on ne les avoit confervées qu'à cau fe des foibles, & qu'il fengeoit à les abolir. Le 27o. du même mois Bucer & Capiton prefenterent à Luther la confeffion de foi des églifes Suisses, afin qu'il l'examinât. Il y trouva quelques termes qui pou voient,difoit-il, bleffer les fimples. Cependant il dit qu'il les reconnoîtroit pour fes freres, s'ils vouloient

IV.
La formule d'u-

nion eft approu-
vée dans la haute

Allemagne.

Hift. des Variat.

tom. 1. liv. 4.

V.

Les Suiffes rejet

d'union.

figner la formule d'union qu'on venoit de dreffer.

:

AN. 1536. C'est ce qui obligea Bucer de retourner àStrasbourg où il gagna les miniftres de cette ville; mais il n'eut pas le même fuccès en Suiffe, où il envoya la formule d'union elle y fut jugée obfcure, ambiguë capticufe, & on refufa de la foufcrire : en forte qu'il fut obligé de fe rendre avec Capiton à Bâle, où les Cantons tenoient encore une affemblée dans le mois de Septembre. Il y reprefenta que Luther n'atent cette formule voit point defapprouvé la confeffion des Suiffes, mais qu'on avoit trouvé à propos de part & d'autre, de dreffer une formule d'union dont la doctrine n'étoit pas differente de celle de leur confeffion de foi; ce qu'il s'efforça de montrer par plufieurs raifons,en les exhortant de la figner. Mais tout ce qu'il put dire ne fit pas changer de fentiment aux Suisses : bien plus, dans la déclaration qu'ils donnerent des fentimens de leurs églises, qui eft affez longue, les articles de la formule d'union fur la céne font expliquez d'une maniere entierement favorable au fentiment de Zuingle, & opposée à la presence réelle. Elle fut dreffée dans le fynode de Zurich tenu au mois d'Octobre, & approuvée d'une autre affemblée à Bâle dans le mois de Novembre, d'où on l'envoya à Luther, qui differa d'y repondre jusqu'à l'année suivante parce qu'il tomba malade.

V I.

Verger à Rome.

Pallav.hift. conc.

Le nonce Verger étoit retourné à Rome dès le Retour du nonce commencement de cette année,& avoit rapporté au pape, que les Proteftans ne recevroient jamais aucun Trid. lib. 3. cap. concile à moins qu'il ne fût libre,& tenu dans quellieu commode de l'empire, comme Charles V. le leur avoit toûjours promis; qu'il n'y avoit plus

19. n. I.

que

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