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AN. 1542.

Spire.

Liv. 14.1.456.

Ann. p. 303.

act. &

liv. 23. n. 7. 9.

frere en Hongrie, avoit publié une diéte à Spire pour le mois de Janvier de cette année, voulant voque une diéte à que le roi des Romains y préfidât en fa place, & Sleidan ut fuprà qu'il eût pour ajoints Hugues de Montfort, & Cochlee in et Jean de Naves, afin qu'on y déliberât fur la tenuë feript. Luth. hoc du concile, fur la réforme du clergé d'Allemagne, Belear in comm. & fur les fecours qu'il falloit accorder pour la guerre contre les Turcs. L'ouverture toutefois ne s'en fit que le neuviéme de Fevrier ; l'électeur de Brandebourg, Frederic comte Palatin, Albert de Mekelbourg, Ernest de Bade s'y trouverent avec les évêques de Mayence, de Wormes, de Spire, de Conftance & de Hildesheim; les autres y avoient envoïez leurs députez. Le pape y eut auffi fon légat qui fut Jean Moron évêque de Modene, qu'il chargea de travailler à la réforme du clergé d'Allemagne, fur le projet proposé à la diéte de Ratisbonne par le cardinal Contarin, en forte toutefois qu'il parut fuivre en cela les intentions du clergé même, de promettre un fecours mediocre pour la guerre contre les Turcs, & par rapport au concile de rémontrer que le pape voulant y affifter en personnc, & fon âge & fa fanté ne lui permettant pas d'entreprendre un long voïage, il ne pouvoit pas choifir une ville éloignée de l'Italie ; que d'ailleurs il étoit à craindre que fi on on le tenoit en Allemagne, on ne put traiter en paix & d'une maniere tranquille, des affaires de religion dans un païs plein de troubles & de divifions, où les efprits étoient fi échauffez fur ce fujet, qu'il étoit plus à propos de l'affembler dans une des villes d'Italie comme Mantoüe, Ferrare, Boulogne ou Plaisance.

Tous les princes & états se trouvant assembicz, Ferdinand qui préfidoit en l'absence de l'empereur y fit un difcours dans lequel il montra la diligence dont ce prince avoit ufé jufques à prefent pour appaifer les divifions fur la religion & rétablir le bon ordre dans l'empire. Que tous ces differends n'aïant pû être terminez dans la précedente diéte, il avoit été obligé pour des raisons très-pressantes de paffer en Italie, où il s'étoit entretenu avec le pape du concile & de la guerre contre les Turcs, & avoit engagé Paul III. à envoïer fon légat à cette diéte. Que delà il s'étoit embarqué avec fon armée navale pour l'Afrique dans le deffein de se rendre maître d'Alger, mais que la tempête aïant renversé tous fes projets, il avoit été obligé de revenir en Espagne pour prendre de nouvelles mefures par mer & par terre contre les ennemis de l'empire; & parce que Soliman s'eft faifi de Bude & de Peft depuis peu, cette diéte, ajoûta-t'il, n'a été convoquée que pour déliberer fur cette affaire. Il entra enfuite dans le détail de ce que les Autrichiens, les Hongrois, les Bohemiens, & les peuples qui leur étoient affociez avec le clergé & les feigneurs pourroient fournir, & les exhorta à défendre l'empire eu égard aux dangers qui le menaçoient, fans quoi, dit-il, il faut le préparer à une ruine entiere, fi l'on ne s'efforce pas de repouffer

l'ennemi.

Le roi de France avoit envoïé à cette diéte des ambassadeurs à la tête defquels étoit François Olivier, qui fit le quatorziéme de Fevrier un long discours, dans lequel, pour justifier la bonne vo

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liv. 23. n. 8.

lonté du roi à l'égard de l'Allemagne il dit, que AN. 1542. s'il avoit envoïé des ambaffadeurs à Soliman, c'éBelcar. in comm. toit pour le détourner de venir en Hongrie, fur la nouvelle qu'il s'en approchoit avec une puiffante armée ; que pour toute reconnoissance, on avoit maltraité ses ambaffadeurs, on avoit rompu les treves, on avoit violé le droit des gens, & il ajoûta, que le roi fon maître fçachant qu'on devoit déliberer dans cette diéte fur les fecours qu'on devoit fournir contre les Turcs, il n'avoit pû se difpenfer de leur déclarer fon avis dans une affaire de fi grande importance; qu'il les prioit donc de l'écouter avec patience, n'étant pas poffible de renfermer en peu de mots ce qui concernoit cette matiere; il montra enfuite, en premier lieu qu'avant que d'entreprendre la guerre contre le Turc, il falloit que tous les princes d'Allemagne fuffent d'accord enfemble, & qu'ils ne devoient pas efperer de fecours des étrangers pendant qu'ils feroient divifez entr'eux. Il expofa les raifons de ceux qui vouloient cette guerre, & il les réfuta enfuite, toujours fondé fur les inimitiez & les diffentions entre les princes. Il fit voir que les Romains n'avoient étendu leur empire que par la défunion des autres peuples; qu'il en étoit de même des Turcs, qui fortis d'une nation obscure de Scythic fe font plus accrus qu'aucun état de l'Europe & de l'Afie par les divifions des autres, d'où il conclut que pour maintenir la liberté commune, il faut s'accorder fur la religion & ne pas s'imaginer que les princes étant toujours divifez, les étrangers s'intereffent pour eux; que c'est le

fentiment du roi de France qu'ils voudront bien favorablement interpreter comme venant d'un AN. 1542. prince qui leur eft allié & ami.

Ce difcours de l'ambaffadeur François ne fut pas pris en en bonne part dans la diéte compofée d'Allemands, dont la plûpart époufant les interêts de Charles V. n'étoient pas favorables à la France. D'ailleurs il fembloit affez que François I. avoit deffein d'abandonner la Hongrie aux incurfions des Turcs, afin que l'empereur occupé à la défenfe de l'empire abandonnât les affaires d'Italie, & n'y envoïât point d'armée. De plus le marquis du Guaft faifi d'une partie des papiers de Rincon, & de Fregofe, qui avoient été fi malheureusement maffacrez par les foldats Espagnols de la garnison de Pavie, avoit déchiffré ces lettres, & avoit man→ dé à Ferdinand roi des Romains, que ces ambaffadeurs n'avoient été envoïez par la cour de France, qu'afin d'engager les Venitiens à rompre l'alliance qu'ils avoient faite avec l'empereur, & pour porter Soliman à déclarer la guerre à l'empereur par mer & par terre; ainfi Olivier se voïant par là expofé au mépris des autres à qui il en avoit voulu impofer, & connoiffant qu'il n'étoit pas écouté favorablement à Spire, en partit avant la fin de la diéte, & s'en retourna en France assez mécontent de fa commiffion.

Jean Moron légat du pape parla auffi le vingttroifiéme de Mars dans cette diéte, à la priere de Ferdinand, qui lui demanda quels étoient les fentimens de Paul III. Il dit d'abord que l'empereur E ce iij

la

XXX.
Son difcours à

diéte n'est pas
bien reçû.
Bar. ibid. n. 9.
Trid. lib. 4. 6. 17.

Pallav. hift.com

n. 8. p. 418.

XXXI

Difcours du légat
Spire.

du pape à la diéte

de

sleidan. ibid. uz

Sup. 1.14.1.465,

1

9.

en paffant par l'Italie l'année precedente avoit con AN. 1542, feré avec le pape touchant le concile & la guerre Bilear, liv. 23. n. contre les Turcs; mais que l'affaire étant d'une extréme importance, ces deux monarques n'avoient rien conclu, à caufe du voïage de l'empereur en Afrique ; en forte que l'affaire n'avoit été terminée qu'avec Granvelle qui étoit demeuré en Italie; que tous les vœux du pape ne tendoient qu'à cette guerre, & que pour la faire réuffir à l'avantage de l'empire, il s'étoit emploïé à la paix entre les princes, & principalement à maintenir la treve entre l'empereur & le roi de France. Que fur les bruits qui fe repandoient des grands preparatifs des Turcs, fans qu'on fçut de quel côté il tourneroit fes armes, le pape offroit cinq mille foldats d'infanterie, fi l'empereur commandoit lui-même l'armée; fi-non qu'il n'en fourniroit que la moitié, comme il en étoit convenu avec Granvelle. A l'é

gard du concile il dit, que le pape étoit toujours dans la même volonté de l'assembler; qu'il etoit bien vrai que jufqu'à prefent il l'avoit fufpendu avec l'agrement de l'empereur & du roi des Romains, dans l'efperance que les princes Allemands conviendroient entr'eux & s'accorderoient : mais que l'affaire aïant manqué il falloit revenir au premier deffein, Qu'il n'y avoit pas d'apparence qu'on put tenir ce concile en Allemagne, tant à cause du grand âge du pape qui vouloit y affifter, que pour l'incommodité du chemin & le changement d'air; que d'ailleurs l'Allemagne n'étoit pas un païs qui convint à toutes fortes de nations, & qu'il

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