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de Cleves, les électeurs voulurent accommoder

AN. 1543. cette affaire, à condition que la ville de Sittart dans la Westphalie près la Meuse, feroit au pouvoir de l'empereur jufqu'à fa conclufion, & les ambassadeurs du duc paroifloient contens du traité. Mais une action qui se paffa le vingt-quatriéme de Mars proche cette même ville, où le duc de Cleves fut fuperieur, renverfa tous ces projets d'accommode, ment, outre que le roi de France l'excitoit fort à continuer la guerre. On parla auffi de l'affaire du duc de Brunswick avec les princes Proteftans, & les ducs de Baviere s'offrirent d'y travailler, Mais la mort de l'évêque d'Aufbourg, d'une apoplexie qui le furprit pendant la diéte, fut caufe que tout demeura indécis; Othon Truchfez fut fon fucceffcur. Le décret qu'on fit ne fut point enregistré, felon la coûtume, & n'eut aucune autorité.

LXXVII.

Cologne devient

Sleidan ut fuprà
Liv. 15. p. 491.

1532.

Chytraus ad ann.
Pontanus lib. 4.

Quelque-temps après la conclufion de cette dieL'archevêque de te Herman de Weiden ou Wida archevêque & Lutherien. électeur de Cologne, de l'illustre maison des comSurius in comm. tes de Weiden, fe déclara pour les Proteftans. Ce prélat étoit de très-bonnes mœurs & zelé pour la foi Catholique; mais n'étant pas fçavant, & fe Jaiffant aifément furprendre, quelques Lutheriens cachez qui étoient à la cour,lui perfuaderent que la reforme du clergé ordonnée par l'empereur dans la diéte de Ratisbonne, fe devoit entendre de certains dogmes & certains ufages, que l'on avoit, difoientils, introduit dans l'églife contre la parole de Dieu, à laquelle on avoit fubftitué des traditions purement humaines. Gagné par ces héretiques, il fit venir Martin Bucer & l'établit prédicateur dans

la ville de Bonn en 1 542. L'année suivante il appella Melanchton, Piftorius & quelques autres des A N. 1543. plus fameux miniftres Proteftans, croïant que leur doctrine étoit entierement conforme à la pure parole de Dieu. Son clergé & l'univerfité de Cologne s'y oppoferent fortement, fans pouvoir le faire changer. Il fut même affez entêté pour propofer dans une affemblée le changement de religion: & les miniftres furent chargez de dreffer les articles de la doctrine qu'il vouloit que l'on embraf.fât. Il envoïa cet écrit au chapitre & aux théologiens de Cologne pour en juger felon l'écriture fainte & donner leur avis: mais il trouva encore plus d'oppofition, & on ne lui répondit que par un autre ouvrage intitulé Antididagma, comme qui diroit contrepoifon contre le venin de la fauffe doctrine. Jean Gropper en étoit auteur. Les théologiens prefenterent ce livre à leur archevêque, le fuppliant de chaffer les héretiques & de ne rien changer dans l'ancienne doctrine de l'églife; & fur le refus qu'il fit de renvoïer Bucer & fes collegues, le chapitre appella au pape, & à l'empereur comme protecteur de l'églife, des ordonnances & du procedé du prélat.

A Paris Landry curé de Sainte Croix de la cité, n'aïant pas voulu répondre aux articles que la faculté de théologie lui avoit prefenté à figner,d'une maniere qu'il pût montrer la pureté de sa foi, fut pourfuivi dans les formes, & mis en prifon. La faculté en donna auffi avis au roi afin de lui montrer fon zéle pour la faine doctrine, & en même

LXXVIII.

Le roi de France
Landry qui fe re-

mande François

tracte.

Sleidan ut fuprà

p.

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LXXIX.

temps pour engager ce prince à continuer de la faAN. 1543. vorifer dans fes bons deffeins. François I. reçut leurs avis avec beaucoup de joïe, & s'étant transporté quelque-temps après au château de faint Germain, il fit venir le curé pour lui parler lui-même. Landri déconcerté par. .cet ordre, & craignant beaucoup pour fa perfonne,ne put tenir contre la prefence du roi, & parut repentant de fon obftination. François I. content de fes réponses le renvoïa à Paris, & le vingt-neuvième d'Avril on le conduifit dans l'église cathedrale où il retracta tout ce qu'il avoit enfei-, gné de contraire à la doctrine de l'église catholique. On fit faire la même retractation à un docteur Le docteur d'Ef- en théologie de la maifon de Navarre nommé pente le retrace Claude d'Efpenfe qui étoit de Chalons fur MarṢleidan ibidem. ne. Il avoit été recteur de l'univerfité avant que de prendre le bonnet. Le cardinal de Lorraine qui avoit connu fon merite, le fit venir dans fa maifon, & fe fervit de lui dans les affaires ecclefiaftiques dont il étoit chargé. Cette place n'empêcha pas d'Efpenfe de travailler à la vigne du Seigneur par fes prédications, qui lui attirerent quelques fàcheufes affaires; car aïant prêché un peu trop librement dans l'églife de faint Merry, ou Mederic, pendant le carême de cette année 1543. quelquesunes des propofitions qu'il avoit avancées furent défcrées à la faculté de théologie; & d'Espense fuivant le confeil de cette même faculté, fit un difcours dans la même églife le dimanche vingtuniéme de Juin, dans lequel il adoucit ou rétracta quelques-unes de fes propofitions. La faculté vou

D'Argentré in collect. judic. tom. 1.

in append. col. 1.

pag. 13.

loit proceder contre lui, entendre les témoins, & avoit déja nommé pour cet effet feize commiffaires; mais par le confeil & fur les inftances du penitencier de l'églife de Paris nommé Mafurier, qui promit de voir d'Efpenfe & de l'engager à faire fa rétractation fans bruit & fans éclat, la faculté y confentit & la rétractation se fit en la maniere qu'on a rapportée.

AN. 1543.

LXXIX. Les inftitutions de Calvin brulées

lement.

D'Argentré ibid. tom. 2. p. 133.

Le dix-huitiéme de Janvier la même faculté renouvella fes cenfures contre les principales erreurs des Lutheriens. Le quatorziéme de Février fuivant par arrêt du parpar fon confeil & à la requête de l'inquifiteur, le parlement rendit un arrêt qui condamnoit au feu un grand nombre de livres héretiques, entre lef quels étoit principalement l'ouvrage de l'inftitution chrétienne de Calvin, comme contenant une damnable, pernicieufe & hérctique doctrine, faifant défense à tous libraires & imprimeurs d'imprimer, faire imprimer, ou expofer en vente de femblables livres, & à toutes perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles fuffent, d'en avoir ou garder en leur poffeffion, fur peine d'être punis comme hérctiques. Les autres livres joints aux inftitutions de Calvin étoient, les geftes du roi, les épigrammes de Dolet, Caton, Crifpian, l'exhortation à la lecture de la fainte écriture, la fontaine de vie, les cinquante-deux dimanches compofez par le Fevre d'Etaples, les heures de la compagnie des pénitens, le chevalier chrétien, la maniere de fe confeffer d'Erafme, le fommaire de l'ancien & du nouveau teftament imprimé par Tome XXVIII,

Mmm

AN. 1543.

LXXX

on

ledit Dolet en François, les œuvres de Melanch ton, une bible de Geneve. On trouve encore une lifte de foixante-trois ouvrages differens que la faculté examina depuis la fête de Noël, jufqu'au second jour de Mars, & parmi lesquels or voir les trente premiers pfeaumes de David mis en vers François par Clermont Marot, & les autres, avec beaucoup d'ouvrages d'Oecolampade, quelques-uns de Melanchton, de Bucer, de Brentius, de Calvin, de Luther & d'autres ; & à la fin l'on y trouve condamné l'éloge de la folie par Erafme. Enfin on peut joindre à toutes ces cenfures celle qu'elle fit des notes de Pelican fur les commentaires de Cefar. Le vingt-fixiéme de Septembre la faculté affemblée chez les religieux Mathurins entendit le rapport qu'on lui fit de quelques propofitions héretiques, erronées & scandaleuses, d'autres qui ébranloient la foi Catholique, avancées par frere Jean Bernardi de l'ordre des hermites de faint Auguftin, dans fes fermons & dans fes entretiens, & après une mûre déliberation, elle ajourna ledit religieux à comparoître devant elle, le lundi fuivant premier d'Octobre à huit heures du matin, pour être interrogé par quelques docteurs nommez à ce fujet, & répondre aux propofitions qui avoient été déferées, ce qui fut executé.

Le vingtiéme d'Octobre on prefenta à la faculOuvrages de Ra- té deux ouvrages de Ramus ou la Ramée philola faculté. fophe, qui vivoit alors & qui fit de fi grands proD'Argentré coll. grès dans cette étude, que lorfqu'on le reçut maître

mus cenfurez par

judic, tam. 1. in.

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