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deur de ce monarque prit fa défense, & s'opposa AN. 1544. à la réception de Volfgang. A l'égard du differend entre Henri de Brunfwik & les princes Proteftans, on regla que l'empereur comme fouverain auroit le duché de Brunfwik en fequeftre, jusques à ce que l'affaire fut jugée par fentence, ou terminée à l'amiable. On parla auffi du démêlé entre l'empereur & Chriftiern III. roi de Dannemarck qui tenoit depuis fi long-temps en prison Christiern II. beau-frere de Charles V. mais il n'y cut encore rien de reglé.

XXIX.

On remet à trai

religion à un autre temps.

Il étoit temps qu'on parlât des affaires de la ter les affaires de religion : mais comme les affaires civiles avoient déja occupées bien du temps, l'empereur crut qu'il étoit plus à propos de remettre les autres à la prochaine diéte qui fe tiendroit dans le mois de Decembre pour établir une espece de concordat, jufqu'à la celebration d'un concile ou general ou national en Allemagne. Et comme ce prince voïoit que le parti des Lutheriens étoit beaucoup augmenté, & qu'il en pourroit tirer de grands fecours; dans la vûë d'obliger les princes Proteftans, il fit un décret par lequel il fufpendoit de nouveau l'execution de l'édit d'Aufbourg, avec défenses expreffes d'inquieter perfonne pour caufe de religion. Il ordonnoit de plus que jufqu'à la cette diéte favo celebration du concile, on remettroit la décifion rable aux Protef- de tous differends à la prochaine diere. Que chacun des deux partis joüiroit paifiblement des biens ecclefiaftiques, dont ils étoient en poffefBelcarius lib. 23. fion, foit Catholiques, foit Proteftans, & que les biens feroient emploïez à l'entretien des minif

XXX.

Réfolution de

tans.

Sleidan 1. 15. p.

515.

Surius in comm.

tres, à l'établiffement des écoles, & au foula

gement des pauvres. Que les juges de la chambre AN. 1544. imperiale acheveroient leur temps, & qu'enfuite on choifiroit pour la compofer moitié Catholiques & moitié Lutheriens commencer du premier jour, auquel on a accoûtumé de renouveller les juges; que tous les procès demeureroient en fufpens, que l'on puniroit néanmoins les Anabaptiftes fuivant les loix faites contr'eux, en exhortant les magistrats à choisir des hommes doctes & pleins de religion pour les inftruire & les convaincre de leurs erreurs. Les Proteftans furent très-fatisfaits de ce décret, & ne parloient plus de Charles V. que comme du plus juste & du plus zélé empereur pour le bien public.

Mais les mêmes raifons pour lefquelles les Lutheriens paroiffoient fi contens, affligerent beaucoup les Catholiques, qui s'en plaignirent hautement. Le nonce même alla jufqu'à protefter de nullité contre le décret, mais l'empereur qui ne manquoit pas d'habiles gens pour défendre les interêts, répondit qu'il avoit agi par de puiffantes raifons, qu'il avoit confideré que le parti des Lutheriens furpaffant de beaucoup celui des Catholiques, il étoit à craindre que ceux-là ne l'obligeaffent de faire encore pis, & que dans le fond le décret ne contenoit autre chofe, fi-non que la décifion des differends de la religion feroit renvoïée à la diéte prochaine. Ces raifons parurent appaifer un peu les Catholiques qui confentirent au décret, quoiqu'ils le cruffent fort préjudiciable, parce qu'ils ne vouloient point s'opposer au pou

de

XXXI.
Les Catholiques

font leurs plaintes
ce décret.
. 19. pag. 916

Sleidan ut fupras

voir de l'empereur. Mais le pape en fut très-méAN. 1544. content, & ne put s'empêcher de s'en plaindre avec amertume. Ce n'étoit pas la feule chose qui lui avoit fait de la peine dans cette diéte. Il étoit encore chagrin de ce que Charles V. s'étoit ligué avec le roi d'Angleterre ennemi declaré de l'églife, & de ce qu'il n'avoit accepté aucun des partis avantageux que le cardinal Farnese fon légat lui avoit propofez, pour l'inveftiture du duché de Milan en faveur de fon petit-fils, comme auffi de ce que pour complaire aux Proteftans, il n'avoit pas voulu permettre au légat d'affister à la diéte. De plus confiderant que le décret de cette affemblée portoit un grand préjudice à son autorité & à la dignité du saint siege. Il crut devoir pour fa réputation faire connoître à l'empereur fön mécontentement. Il lui en écrivit une longue lettre dattée du vingtà l'empereur fur cinquiéme d'Août 1544. dans laquelle il se plaint le décret de Spire. entr'autres chofes de ce qu'on y avoit refolu, fans lib. 16. pag. 520. le confulter, de tenir un concile general ou natioTrid. l. 5. cap. 6. nal, ou une affemblée imperiale pour traiter des affaires de l'églife. En fecond lieu, que des laïques & même des heretiques avoient entrepris de porter leur jugement fur cette matiere, & faire des reglemens fur les biens de l'églife. Enfin de ce qu'on y avoit accordé aux Proteftans des conditions favorables au préjudice des édits faits auparavant

XXXII.

Lettre du pape

Sleidan in comm.

Pallav. hift.conc.

I. Reg. cap. 4.

contr'eux.

Il ajoûte qu'il devoit comme un bon pere lui découvrir fes fentimens, pour ne pas tomber dans la faute du grand prêtre Heli, que Dieu punit fi rigoureusement, à cause de la trop grande indul

gence

gence qu'il exerçoit envers fes enfans. Que le décret de Spire alloit à la perte de fon ame & au trouble de l'églife; qu'il fçavoit très-bien qu'il n'appartenoit qu'à l'églife Romaine de porter un jugement fur les matieres de foi ; & que néanmoins fans faire attention que le pape eft feul en droit par les loix divines & humaines de convoquer les conciles, & d'ordonner des chofes de la religion, il avoit eu la pensée d'en tenir un, avoit promis à des héretiques & à des ignorans de juger ce qui concerne la foi, s'étoit mêlé de faire des ordonnances fur les biens ecclefiaftiques, & avoit rétabli dans les honneurs & dignitez des rebelles à l'égli

fe, condamnez auparavant par fes propres édits.

AN. 1544

Qu'il vouloit croire que tout cela ne venoit point de fon propre mouvement, mais des confeils pernicieux de quelques ennemis de l'églife Romaine, pour lesquels il trouvoit d'autant plus mauvais qu'il eut une fi grande déference, que l'écriture étoit remplie d'exemples de la colere de Dieu contre les ufurpateurs des droits du fouverain prêtre, qu'un Ozée, un Dathan, un Abiron, un Coré, un roi 4. Reg. c. 17.num. Ozias & tant d'autres en étoient de bons témoins, c.16. 2. Paralip. c. 26. Que de dire, comme on fait, que ces décrets font feulement provifionnels & en attendant le conci-, le, c'eft une défaite qui n'eft pas recevable', parce qu'une chofe de foi-même bonne & fainte, devient mauvaise & impie à l'égard de celui qui n'a aucun droit de la faire.

Le pape entre enfuite dans un détail d'exem ples tirez des princes & des laïques que Dieu a fe

Tome XXVIII.

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verement punis pour avoir ufurpé les droits de l'éAN. 1544. glife, & manque de refpect au faint fiége, au lieu qu'il a toujours comblé de fes faveurs & de fes dons les princes affectionnez à l'église de Rome, & qui lui ont été fideles ; témoins Conftantin le grand Theodofe, Charlemagne, au lieu que ceux qui fe font déclarez fes ennemis, qui ont manqué de refpect à fon égard, & qui ont ufurpez fes droits ont tous fini malheureusement, comme un Anaftafe le premier empereur de ce nom qu'on trouva mort d'un coup de foudre, un Maurice à qui Phocas fit couper la tête, un Conftantin II. qui après avoir pillé Rome fut tué dans le bain par fes officiers, un Philippe, un Leon & quelques autres ; le pape cite encore l'exemple d'Henri IV. qui fut dépouillé de l'empire par Henri fon fils, & qui mourut miserablement à Liege, de Frederic II. qui fut étranglé dans fon lit par Manfrede fon fils naturel. Il eft vrai, dit le pape, que les rebelles à l'église n'ont pas toujours été punis dans cette vie, qu'on les a vûjquelquefois au contraire comblez de biens, mais Dieu n'agit ainfi que pour empêcher de croire qu'il n'y a point de jugemens de Dieu dans l'autre vie, fi tous les méchans étoient châtiez dans celle-ci. Aucun peché ne demeurera impuni, & la plus grande marque de la colere de Dieu eft, quand ceux qui pechent, croient pouvoir le faire impunément. La punition divine, continuet'il, n'eft pas feulement tombée fur les princes, mais encore fur des nations entieres, fur les Juifs pour avoir crucifié Jesus-Christ, & fur les Grecs

a

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