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publioit d'eux n'avoient été inventées que pour les AN. 1545. rendre odieux, qu'il n'en avoit rien cru; mais qu'ils devoient penfer à reformer leur doctrine qui n'étoit pas celle de l'églife, que dans les endroits où ils parloient du pape & des évêques, il y avoit trop d'aigreur & d'animofité, qu'il falloit se soumettre, & parler d'un ftile plus moderé. Qu'au refte il conferveroit toûjours pour eux beaucoup d'affection, & que ce ne feroit jamais par fon avis qu'on les opprimcroit. Qu'il iroit bien-tôt dans fa maifon de Cabrieres, où il s'informeroit plus particulierement de toute l'affaire, & qu il empêcheroit les troupes du vicelégat de continuer leurs hoftilitez, en quoi il réuffit. Auffi-tôt que ceux de Merindol curent presenté leur confession de foi, le parlement leur envoïa Jean Durandy évêque de Cavaillon, & quelques docteurs en théologie pour leur faire connoître leurs erreurs, les en retirer s'ils étoient dociles & foumis, ou les déferer à la cour s'ils les trouvoient opiniâtres & incorrigibles. Ils perfifterent toutefois dans leurs erreurs, & parce que le roi avoit évoqué la cause à fon confeil, on ne les maltraita point pendant la vie de Chassanée; mais auffi-tôt qu'il fut mort, Jean Meynier baron d'Oppede qui lui fucceda recommença la perfecution avec beaucoup de rigucur; il écrivit en cour que les Vaudois des montagnes étoient des gens qui au lieu d'implo Bouche hift. de rer la clemence du roi avoient pris les armes our s'oppofer à fes ordres, qu'ils avoient assemblé feize mille hommes pour furprendre la ville

LXVI. D'Oppede premier prefident

recommence la

Vaudois.

perfecution des De Thow. hift.l.6.

Provence liv. 10.

pour

de Marseille, qu'au mépris de tous les délais que la cour avoit eu la bonté de leur accorder, ils conti- AN. 1545. nuoient leurs faccagemens dans le plat-païs, qu'ils brifoient & brûloient les images, autels & crucifix, avant que les officiers du roi euffent ufé d'aucune rigueur contre eux. Qu'en un mot, ils tenoient toute la province en échec depuis long-temps, & faifoient beaucoup plus de ravages que les voleurs de grands chemins, & dans le même temps Louis Courtin huiffier de la cour, fut envoïé pour aller demander au nom du procureur general, que l'arrêt rendu par contumace contre ces habitans, fût executé.

LXVII.
Le roi ordonne

tr'eux.

l'execution de rendu conDupleix h st. de France, vie de née 1548. p. 497. De Thou uifuprà

Henri II. en l'an

Le roi irrité de ces nouvelles, & de plus animé par le cardinal de Tournon grand ennemi de la nouvelle reforme, fit expedier de nouvelles let-trét tres patentes dattées du mois de Janvier 1545. par lefquelles il ordonnoit au parlement d'Aix d'exe cuter l'arrêt de 1540. fans aucun retardement, & fit écrire au commandant de la province de faire des levées de gens de guerre, d'affembler le ban & arriere-ban & les gens de fes ordonnances, s'il en étoit befoin, pour faire rendre obéissance au roi & à la justice, & pour purger le païs de ces héretiques. Quoique le baron d'Oppede tint ces ordres fort fecrets jufqu'à ce qu'il eut prit toutes les mesures néceffaires pour l'execution, les Vaudois foupçonnant que tout cet armement se faifoit contre eux implorerent l'affistance des princes Proteftans d'Allemagne & des cantons Suiffes, qui députerent au roi pour le supplier d'ufer de fa clemence envers ces malheureux. Mais

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toute la réponse qu'ils en eurent, fut que comme AN. 1545. le roi ne fe mêloit point de leurs affaires, ils ne devoient point fe mettre en peine de ce qu'il faifoit dans fes états, ni de quelle forte il châtioit les coupables. On envoïa donc des ordres à Aix, à Arles & à Marseille de faire prendre les armes à tous ceux qui étoient capables de les porter, fur peine de punition exemplaire, & le capitaine Paulin fi connu fous le nom de baron de la Garde étant arrivé de Piémont avec fa compagnie de cavalerie & fix mille hommes d'infanterie, d'Oppede ne penfa plus qu'à executer les ordres du roi.

LXVIII.

parlement les or

dre du roi, & les

fait executer.

Sleidan. ut fuprà P. 534. & 535. De Thon ut fuprà Lib.6.

Il affembla le parlement le douziéme & le treiD'Oppede lit au ziéme d'Avril, & fit faire lecture des lettres patentes du roi, par lefquelles il étoit ordonné de mettre à execution l'arrêt donné contre ceux de Merindol. L'on députa pour cette execution François de la Fond prefident, Honoré de Tributiis, Bernard Badet confeillers, & Nicolas Guerin avocat general qui preffoit cette guerre plus que perfonne. D'Oppede accompagné d'un grand nombre de gentilshommes & d'officiers, & menant avec lui quatre cens pionniers, outre les fix mille hommes qui le fuivoient, vint le quinziéme d'Avril à Cadenet, bon bourg à demie lieuë de la Durance, à trois lieues d'Apt & cinq d'Aix, où étoit le camp, le premier exploit de guerre fe fit dans le territoire de Pertuis; les villages de la Mothe & de faint Martin fur la Durance furent pris, pillez & brûlez. Le lendemain Ville-Laure, Lur marin, Genson, Trezemines & la Roque qui

avoient été abandonnez, furent auffi cruellement

brûlez, & tout le bétail qui s'y trouva emmené. A N. 1545. Ensuite le president refolut d'attaquer Merindol, mais les habitans voïant le feu de toutes parts autour d'eux, prirent la fuite avec leurs femmes & les enfans, & fe fauverent dans les bois & les montagnes. C'étoit un fpectacle digne de compassion de voir marcher precipitamment à travers les campagnes, les vieillards-avec les enfans, & les femmes qui en portoient de petits, les uns dans des berceaux, les autres entre leurs bras ou fur leur fein, & le foldat égorger cruellement tout ce qu'il rencontroit.

Le premier logement de l'armée fut à saint Falefe, d'où les habitans fe preparoient auffi à chercher leur falut dans la fuite, parce qu'ils fçavoient que le vicelégat qui étoit évêque de Cavaillon, avoit ordonné à fes gens de n'épargner perfonne; le lendemain quelques-uns s'échapperent à la faveur des bois. Après un long & fâcheux chemin, étant arrivez dans un endroit où ils en trouverent beaucoup d'autres qui avoient pris les devans, ils n'y firent pas un long féjour fur la nouvelle que le president en étoit proche ; ils partirent dans le moment même, & laifferent les femmes & les enfans dans la perfuafion que les ennemis les épargneroient. En même temps on entendit des gemiffemens & des cris que les échos des montagnes rendoient plus effroïables. Ces malheureux aïant marché toute la nuit, gagnerent le fommet du mont Leberon, d'où voïant la campagne toute en feu, ils prirent le chemin de Muffi. D'Oppede divifa

LXIX.
Les habitans de

Cruauté

Merindol fe faud'Oppede. Sleidan. ut fuprà

lib. 16. pag. 535.

fes troupes en deux corps, il envoïa l'un pour les AN. 1545. fuivre, & l'autre alla à Merindol, où le prefident

LXX.

On massacre

Gruellement ceux de Cabricres.

De Thon in hifior.

ne trouva qu'un jeune homme nommé Maurice le Blanc, fur lequel il déchargea toute sa fureur, il le fit attacher à un olivier, & tuer à coups d'arquebuze; enfuite il fit rafer & brûler le village. On fit main-baffe fur ce qui fe trouva dans le voifinage fans aucune diftinction, plus de trois mille perfonnes avoient déja été égorgées en differens endroits, le refte perit de faim dans les bois, excep. té un petit nombre, qui se sauva en Suisse & à

Geneve.

De Merindol, le prefident s'en alla à Cabrieres, où il n'étoit refté que foixante hommes & trente femmes qui d'abord fermerent les portes; Sleidan. ut fuprà. mais voïant arriver le canon, ils fe rendirent la vic fauve. Et quoique le feigneur du lieu & le baron de la Garde l'euffent promis, ils furent tous faits prifonniers & maffacrez, même ceux qui s'étoient cachez dans le château, ou qui pour être plus en sûreté s'étoient retirez dans l'églife. Tous fans refpect ni d'âge, ni de fexe, ni de lieu, ni de foi donnée furent étranglez dans une prairie voifine. Les femmes furent menées par ordre du prefident dans une grange pleine de paille, on y mit enfuite le feu ; & lorfqu'elles fe prefentoient à la fenêtre pour fe jetter en bas, on les repouffoit avec des fourches, ou on les recevoit fur les pointes des hallebardes. Ceux qui fe fauverent dans les montagnes ne furent pas plus heureux, la faim & les bêtes farouches les devorerent, parce qu'on leur coupa tous les chemins, on les afliegea com

me

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