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avoient, & que fi quelques-uns étoient dans l'impuiffance de le faire, c'étoit à chacun d'eux à nommer un procureur qui les remplaçât, & non pas un pour tous; cette réponse l'avoit tellement irrité qu'il avoit fait convoquer les évêques par le grand chapelain, pour leur commander de donner leur procuration, & avoit envoïé le même ordre à tous les gouverneurs des villes du roïaume. Cette conduite du viceroi furprit fort le pape qui ne fçavoit à qui en attribuer la caufe, & le rendit fort incertain fur le parti qu'il prendroit. La premiere penfée qui lui vint fut d'ordonner à fes légats de differer la tenue du concile; enfuite il rendit une bulle par laquelle il défendoit à tous évêques de comparoître au concile par procureur, sous peine de fuf penfion, de privation de leurs dignitez & de leurs revenus. Cet ordre quelque rigide qu'il parut, fut pourtant exccuté, jufqu'à ce que le viceroi se défifta de fon entreprise, fauf au pape à en difpenfer s'il le jugeoit à propos. Et ce fut la raifon pour la quelle le procureur envoïé par l'archevêque de Mayence ne fut point admis ; quoique l'absence de ce prélat fut bien fondée, étant néceffaire qu'il af fiftât aux diétes d'Allemagne pour s'opposer à ce 2 qu'on y pourroit entreprendre contre la religion.

AN. 1545

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nefe paffe à Trente en allant à Wormes.

Le cardinal Farnefe qui étoit parti de Rome pour fe rendre à Wormes, paffa à Trente où il Le cardinal Fär arriva le vingtiéme d'Avril. Les légats après avoir pris fon avis écrivirent au pape qu'il étoit de fa réputation de tenir le concile avec la ma- 5.c...44 & 73. Bbbb iij

Pallav. ut fup. l'.

AN. 1545

XCI.

Concerne les cé

cile.

jesté qu'exigeoit une fi célebre affemblée; qu'il y avoit beaucoup d'évêques pauvres qui manquoient du néceffaire, & qu'il étoit à propos d'établir un tréforier avec un fonds capable de fournir aux befoins; on traita avec le même légat de l'ouverture du concile, & comme il y avoit déja dix évêques à Trente, on crut qu'il falloit leur communiquer les ordres qu'on avoit reçu de Rome, fans leur parler du jour fixé par le pape pour cette ouverture. Il fe tint donc une congregation à ce fujet dans laquelle on expofa aux prélats la commiffion qu'on avoit de commencer le concile, & on ajoûta que le jour n'en feroit déterminé qu'après que le cardinal Farnefe en auroit donné avis à l'empereur; cette refolution aïant été approuvée, le pape envoïa à ses légats la bulle de fufpenfion, comme ils l'avoient demandé, & laiffa même à leur prudence la liberté de commencer fans de nouveaux ordres, fuivant les nouvelles qu'ils recevroient de fon neveu le cardinal Farnese touchant les difpofitions de l'empereur.

Dans cette même congregation, on regla cerReglement qui taines céremonies qui devoient être obfervées remonies du con- dans le concile; on décida d'abord que les trois légats cardinaux de differens ordres, l'un évêque, l'autre prêtre, & le dernier diacre, n'auroient toutefois que les mêmes ornemens, parce que leurs charges & leurs pouvoirs étoient uniques. Que le lieu de l'affemblée dans la cathedrale feroit tendu de tapifferies, qu'il y auroit des

Lieges pour le pape & pour l'empereur quoique abfens; que Mendoza ambassadeur de l'empereur A N. 15.45 auroit une place plus honorable que les autres. On mit en déliberation fi les évêques d'Allemagne qui étoient princes de l'empire auroient la preféance fur les autres prélats, & même fur les archevêques, comme on l'observoit dans les diétes; outre que les évêques qui n'étoient pas princes fe tenoient découverts devant eux, & que dans l'année précedente il y avoit eu là-deffus une contestation entre l'évêque d'Aichstet, & les archevêques de Corfou & d'Otrante. On rapporta encore que dans la chapelle du pape les évêques ambassadeurs des ducs précedoient les archevêques, qui, à plus forte raifon, devoient être precedez par les princes mêmes: mais on ne décida rien là-deffus, & on remit d'en faire un reglement jufqu'à ce que le concile fût plus nombreux, & que les évêques de France & d'Espagne fuffent arrivez pour fçavoir leur fen

timent.

XCII.. Obftacles propo

au légat fur l'ou-verture du con-

cile.

Pallav. ut suprà 1.2. & feq.

lib. 5. cap. 12. No

Le cardinal Farnefe fuivant l'avis des prélats: de Trente s'étant rendu à Wormes, vit l'empe- fez par l'empereur ruur & le roi des Romains, & eut une longue conference avec ces deux princes au fujet du concile. Il leur dit que les légats qui depuis plus de deux mois étoient à Trente, avoient reçû ordre du pape d'ouvrir le concile, que cependant ils avoient toujours differé, jufqu'à ce qu'on eut appris les affaires de la diéte. Mais l'empereur qui avoit ru fouhaiter le concile avec tant d'ardeur, tant

avoit cru que les Allemands l'accepteroient,,
jea de langage; & dit au légat qu'il fentoitt

bien qu'il falloit apporter un prompt remede aux AN. 1545. hérefies qui ne tendoient qu'à détruire l'autorité du pape & la fienne: mais qu'il ne falloit pas irriter les Proteftans, dont la puiffance étoit à craindre ; & pour informer plus amplement le légat de fes intentions, il le renvoïa à Granvelle, dont Farnese ne tira pas plus d'éclaircissemens ; ce ministre lui reprefenta que les Protestans assurez qu'on les condamneroit dans le concile, courreroient aufsitôt aux armes pour n'être point furpris, qu'ils opprimeroient les Catholiques, qu'ils porteroient la guerre en Italie & peut-être iroient-ils affieger Rome qu'ils avoient en execration, que c'étoit au pape à y pourvoir, d'autant plus qu'il n'y avoit aucun fecours à attendre des princes Catholiques qui étoient trop foibles, ni de l'empereur que les dernieres guerres avoient épuifé. Le roi des Romains tint à peu près le même difcours au légat en prefence d'Othon Truchfez.

Farnele s'apperçut auffi-tôt des artifices de l'empereur qui vouloit, en differant le concile, tirer des Proteftans tous les fecours qu'il pourroit, ou engager le pape à fournir de l'argent & des troupes pour les contenir dans leur devoir, en cas qu'ils vouluffent remuer; au lieu que fi le concile étoit une fois commencé, il avoit fujet de craindre que les Proteftans ne vouluffent plus paroître dans les diétes, qu'ils ne lui refusaffent toutes fes demandes, de forte qu'il vouloit tenir le concile en fufpens, pour gouverner après felon les conjonctures, foit en l'ouvrant ou en le fermant ; fentimens qui furprirent d'autant plus

fe

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le légat, que Charles V. n'avoit rien à craindre alors de la part des Turcs, parce que le roi de A N. 1545· France avoit envoïé un deputé à Conftantinople pour traiter d'une treve avec l'empereur. Le légat parla auffi à ce prince de l'ordre du viceroi de Naples pour empêcher les évêques de ce roïaume de venir au concile ; à quoi il répondit qu'il n'y avoit aucune part, & qu'il examineroit les raifons du viceroi; tout cela fut mandé aux légats de Trente, qui par là connurent l'importance d'affembler au plûtôt le concile pour obvier à tous les deffeins de l'empereur, & l'arrêter dans fes entreprises. C'est pourquoi ils en écrivirent au pape pour lui reprefenter leur embarras & les inconveniens qui naîtroient, foit qu'on fufpendît le concile, ce qui rétomberoit fur le pape qu'on accuferoit d'avoir beaucoup promis fans rien executer, foit qu'on l'assemblât malgré les princes ; ce qui le rendroit peu nombreux & nullement œcumenique, parce que les évêques des états de ces princes n'y affifteroient pas. Et cette derniere raison sembloit la plus forte; le roi de France ne paroiffant pas fort porté pour le concile, Grignan fon ambaffadeur, aïant paru approuver à Wormes la conference des docteurs fur la rcligion en la place du concile.

&

Sur la fin de Mai il y avoit déja trente évêques à Trente avec cinq generaux d'ordres, & un auditeur de Rote, qui attendoient l'ouverture du concile avec impatience, & qui auroient été affez disposez à s'en rétourner, fi les légats ne les euffent retenus, en leur promettant qu'on commenTome XXVIII.

Cccc

XCIII.

Embarras des léfitions de l'empe

gats fur les difpo

reur.

Pallav. ut fuprà

6. 7.

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