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rien à esperer de Luther, ni de fes compagnons, & qu'il ne falloit plus penfer qu'à reduire ces fectai- AN. 1536. res par la voye des armes. Le pape le recompenfa de l'évêché de Capo-d'Iftria fa patrie, & l'envoya auffitôt après à Naples, où l'empereur étoit encore pour regler les affaires de ce Royaume, afin que ce prince apprît par lui la difpofition des Proteftans d'Allemagne, & l'état où étoient les chofes. Ce rapport lui fit prendre le parti d'aller lui-même à Rome pour en conferer avec le pape; & pour s'y rendre plûtôt il fit celebrer le mariage de fa fille naturelle Marguerite avec le prince de Florence Alexandre de Medicis, auquel elle avoit été promise dans le traité que Charles V. avoit fait avec le pape Clement VII. Les deux époux fe rendirent donc à Naples, Alexandre étoit accompagné de toute la no- VII. bleffe de Toscane, & la princeffe y fut conduite par xandre deMedicis la duchesse d'Arschot & d'autres. Le mariage fut avec Marguerite celebré dans le château de Capoana fur la fin du l'empereur. mois de Janvier. Les nôces durerent quatre jours avec des fêtes & des rejoüiffances magnifiques. L'âge difproportionné des époux fut le fujet des railleries des François, Alexandre aiant plus de cinquante ans, & la princesse Marguerite étant à peine

entrée dans fa treiziéme année.

Mariage d'Ale

fille naturelle de

de

VIII. L'empereur part

Naples & arri

Hiff. hift de l'em

L'empereur demeura plus de quatre mois à Naples,
& en partit enfin le vingt-neuviéme de Mars:il prit
la route deRome,& fut accompagné une demi jour-
née par un corps de cavalerie compofé de plus de
cinq cens nobles, barons & magiftrats, & de deux
cardinaux légats du pape. Sur les frontieres de l'état P.219.
ecclefiaftique il fut reçu par deux autres cardinaux

pire liv. 3. p. 365. Du Bellay. liv. §.

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envoyez à ce fujet par Paul III. avec un grand nomAN. 1536. bre de prélats. Étant près de Rome tout le facré college vint au-devant de lui hors des portes de la ville, outre que Virginio des Urfins qui l'avoir accompagné en Afrique, étoit déja auparavant allé au-devant de lui, de la part de la ville, à la tête de trois cens perfonnes à cheval : depuis plufieurs ficcles, Rome n'avoit vû une entrée plus fuperbe. On employa trois mois entiers à en faire les préparatifs, & on alla jufqu'à demolir le temple de la paix qui étoit un édifice très-ancien, pour élargir une rue par laquelle l'empereur devoit paffer. Mais le pape fit reparer cet édifice après cette ceremonie, ce qui coûta des fommes immenfes, qui ne fervirent qu'à charger le peuple.

IX.

Le matin du cinquiéme d'Avril Charles V.fit fon Son entrée dans entrée dans Rome à cheval,au milieu de deux cardi

Rome.

a

naux,le doyen à la droite, & Farnese neveu du pape à la gauche, fous un dais de damas blanc à fond d'or fuperbement orné, & porté par des fenateurs & des principaux de la ville. Tous les cardinaux suivoient deux à deux, avec les autres prélats, archevêques & évêques, tous montez fur des mules; toutes les ruës étoient tapiffées, & toute la bourgeoisie sous les armes étoit rangée en haye des deux côtez. Au milieu de cette fuperbe pompe, l'empereur fe rendit à l'églife de faint Pierre, où le pape au milieu de quatre cardinaux étoit affis fur fon trône; & à la porte de cette église au bas de l'efcalier, il fut reçu par les chanoines. S'étant avancé jusques devant le grand autel, il fe mit à genoux & fit une courte priere, après laquelle il alla devant le trône du pape, aux

pieds duquel il y avoit un carreau, & le faint pere AN. 1536. tenoit fur trois autres fon pied droit que l'empereur baifa. Cette ceremonie étant finic, Paul III. embraffa Charles V. jufqu'à trois fois, & fe retira le premier au Vatican, après avoir quitté ses habits pontificaux. L'empereur de fon côté étant paffé dans la facriftic, alla occuper l'appartement qui lui avoit été marqué dans le Vatican, du côté qui regarde la pla ce de faint Pierre, où Charles VIII. avoit aufli autrefois logé en allant à Naples. Comme on pouvoit aller de l'appartement du pape à celui de l'empereur fans monter, & fans defcendre, parce qu'ils étoient de plain-pied, l'un & l'autre fe virent fouvent durant les treize jours que Charles fut à Rome, fans même que les courtisans s'en apperçuffent.

X. Liberalitez de

à Rome.

Befius de Cefena

notis ad Ciacon.

Le féjour qu'il fit dans cette grande ville fut accompagné de beaucoup de liberalitez & d'actions l'empereur étant très-genereuses. Car outre trois cens chaînes d'or, & fept cens medailles du même metal, qu'il diftri- apud Victorel. in bua aux prélats & aux principaux habitans, les cardinaux reçurent auffi plusieurs curiofitez très-pretieuses qu'il avoit apportées d'Afrique. Il n'y eut point d'églife à qui il ne fit des prefens très-confiderables, foit en or, ou en argent ou en ornemens facrez. Il mit en dépôt l'argent neceffaire pour marier vingt-quatre pauvres filles, dont douze devoient avoir trois cens écus chacune, & les douze autres deux cens ; & il chargea cinq gentilshommes & aytant de dames, de les choifir par fort parmi cent qu'on nommeroit d'abord, & qui fe deftinoient au mariage.Il fit diftribuer de très-grandes aumônes dans chaque quartier pendant tout le temps qu'il

Tome XXVIII.

B

fejourna à Rome, excepté le premier & dernier AN. 1536. jour. Il annoblit plufieurs familles, & accorda aux marchands plufieurs droits & privileges confiderables, afin de pouvoir trafiquer plus avantageuse ment avec les fujets de fes états.

XI.
Sujet des confe-

rences entre lepape & l'empereur.

Dans les conferences particulieres qu'il eut avec le pape, on parla très-fecretement des affaires d'Italie, & tous deux confulterent ensemble fur les moïens de pacifier l'Allemagne. Paul III. difoit qu'il n'en reftoit plus d'autre que la guerre. Mais l'empereur qui avoit des affaires en Italie, dont il ne pouvoit fe debarraffer, qu'en cedant le duché de Milan qui faifoit le principal objet de fes pensées, alleguoit que la guerre contre les Proteftans n'étoit pas de faifon, pendant qu'on avoit à défendre Milan contre les François. Le pape qui n'avoit d'autre but que de faire tomber ce duché entre les mains de quelque Italien, & qui propofoit la guerre d'Allemagne, autant pour détourner l'empereur de l'entreprise de Milan, que pour opprimer les Lutheriens, comme il le difoit affez publiquement, repliqua à l'empereur qu'en fe joignant avec les Venitiens, il lui feroit aifé de faire défifter le roi de France, foit par les armes ou par la negociation. Mais Charles ayant penetré l'intention du pape feignit adroitement de le croire, & de confentir à la guerre d'Allemagne, difant toutefois, que pour n'avoir pas tout le monde fur les bras, il falloit en justifier auparavant la cause, & montrer par la convocation d'un concile, que l'on avoit tenté tous les autres moïens. Le pape n'étoit pas faché qu'ayant à le convoquer, ce fut dans un tems auquel l'Italic

ce

alloit avoir la guerre avec les François, qui avoient déja occupé la Savoye & le Piémont, parce que lui feroit un prétexte honnête pour environner le concile de gens armez, fous couleur de le défendre. Mais il le vouloit fous de telles conditions que le faint fiege n'en fouffrît rien.

le

AN. 1536.

Le pape & l'em

enfemble fur le

19.3.2.

Il s'agiffoit donc du lieu où l'on convoqueroit ce XII. concile ; & le pape informé par fon nonce Verger, pereur déliberent que les Proteftans de la ligue de Smalkalde, avoient lieu du concile. refolu entre eux de ne vouloir abfolument le conci- Pallav.hift.cone: que dans une ville de l'empire, n'eut pas de peine Trid. lib. 3. capi à témoigner à l'empereur qu'il ne fouhaitoit rien tant que de fe conformer entierement à fes defirs fur un article de fi grande importance, connoissant bien que cette ardeur qu'il avoit pour la convoca→ tion d'un concile, ne proccdoit que d'un grand zéle pour les interêts de Dieu, qu'ainfi il fe voyoit obligé de lui faire connoître combien il étoit porté à lui donner toutes fortes de fatisfactions.

Le

pape

XII
Ils conviennent

la ville de

Mantoüe.
Sleidan. in com-

ment. lib. 10. pag.

néanmoins bien-loin de nommer une ville d'Allemagne, choifit celle de Mantoüe en Ita- de lie, donnant à entendre à l'empereur qu'il n'y avoit point de licu plus commode que celui-là pour toutes les provinces de l'Europe qui avoient interêt d'y af- 318. fifter;enfuite il affigna le temps de la convocation de ce concile au mois de Juin de l'année suivante 1537. L'empereur qui efperoit que le concile lui serviroit à deux chofes, l'une à tenir le pape en bride s'il lui prenoit envie de fe réunir avec la France, l'autre à reduire toute l'Allemagne à son obéiffance, accepta volontiers la ville de Mantoue pour le lieu du conciJe, & ne fit point de difficulté fur les conditions

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