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trois le tout fondé sur le principe, que c'est une folie que de multiplier les êtres lorsqu'on n'y voit point de nécessité, Peut-être réussirons-nous. Eh bien! nous serons glorieuses de l'entreprise. Tout homme qui invente, mérite que le peuple lui décerne le triomphe.

Le prix que j'espère recevoir de mes longues recherches doit être votre cœur. Jugez si vous pouvez douter de l'excès de mon zèle. Vous devinerez cette voyelle, que j'exclus ici ̧ C'est celle que j'emploie si souvent pour vous exprimer les tendres sentimens que vous m'inspirez. Puisqu'elle me sert si utilement, pourquoi l'exterminer? Je devrois plutôt lui dédier un temple.

Mon invention est une misère qui donne bien des peines, dire des bêtises ou ne rien dire : Ne vous en servez pour point, si vous m'en croyez; pourvu que je sois sûre de recevoir de vos lettres, il n'importe comment.

Mille complimens, et puis c'est tout, puisqu'il m'est impossible de rien dire de plus.

LETTRE, SANS E.

J'avais conçu, mon charmant papa, l'opinion d'avoir pour mon logis un trou obscur à S.-Victor, au bas du pays latin. Mon goût m'y portait; mais l'abord du canton m'a paru allarmant. Chacun a sá raison, ou son motif, bon ou mauvais, pour agir. Plus ou moins d'or à Paris contraint l'inclination; un pouvoir sonnant fait la loi qu'on doit subir pour choisir du blanc, du noir ou du gris. Un climat trop haut ou trop bas produit, m'a-t-on dit, tantôt un air lourd, froid, mal-sain, tantôt un air trop vif. Il faut pourvoir à tout, avant d'avoir pris mon parti pour oui ou pour non. J'approfondirai mon local. J'irai

pour savoir si l'on m'a fait un rapport vrai du canton Victorin. J'ai cru qu'un fauxbourg lointain irait à ma situation. L'on y vit sans façon, à l'abri d'un tas d'oisifs, à coup sûr importuns; sauvons-nous d'un poison si fatal,

etc., etc., etc.

LETTRE, SANS I.

Comment vous portez-vous, ma chère sœur? Mon humeur veut vous gronder un peu, et tout en douceur. C'est le rôle d'un frère, auquel on pardonne de murmurer, par un excès d'attachement. Vous me mandez des nouvelles étrangères à mon cœur ; et vous gardez le tacet sur les évènemens que vous savez m'être les plus chers. Vos enfans, votre grossesse, vos nerfs, vos langueurs, votre chute et le rhume, n'ont pas trouvé place dans le compte que vous me rendez de votre état et de vos passetems. Vous me supposez, sans doute, un prophète, dont les vues s'étendent à tout, même à la santé d'une malade absente. Pour vous donner une leçon, apprenez que mon être facheux est débarrassé des entraves de l'art d'Esculape et de ses suppôts. L'école de Salerne a perdu son procès contre ma frele substance. Un repos favorable, sans le concours de la manne et du séné, m'a rendu mes forces, mon courage et mon goût, pour toutes les choses bonnes et agréables, etc., etc., etc.

LETTRE, SANS O.

Dès demain, cher ami, je vais chercher une retraite aux Capucins. J'ai malheureusement perdu au jeu l'argent que ma mère m'a remis, afin d'acquitter des dettes criardes. Elle en est furieuse, et je m'en désespère, jusqu'à m'arracher les cheveux. J'ai déjà parlé au père gardien du Marais, qui m'a dit de revenir à la huitaine. Tu riras quand tu me verras une belle barbe, et les épaules

chargées d'une besace. Je sais que je figurerai mal avec un habit de bure, des sandales, et les jambes nues, à l'exemple des animaux; mais je suis dans la nécessité malheureuse d'expier mes fredaines. Il faudra vivre sans argent, sans chemise, jeûner, prier, se discipliner. Cette vie est dure. Je sens que l'état auquel je me livre, a ses désagrémens; mais je ne suis pas maître d'agir d'une autre manière. Ma pénitence ne sera qu'une suite nécessaire de l'état affreux qui m'accable, etc., etc., etc.

LETTRE, SANS U.

J'allai hier, mon cher confrère, dans le Marais, chez le moins gras des financiers de Paris. Le repas était excellent. Cinq personnes le partageaient. Mon ami, sa femme, sa nièce, son abbé, et moi. La table était proprement garnie. Et, dès les entrées, le maître de la maison songea à satisfaire les besoins de l'appétit. Il entreprit de manger des petits pâtés, des cardons, et de tâter à dif férens mets. Sa femme s'y opposa fortement, prétextant des craintes fondées, comme le mal d'estomach, la migraine, etc. Le mari désirant n'être point en reste, prit les mêmes attentions à l'égard de sa femme. Et par cette complaisance, recherchée et tendre, s'ils se garantirent d'accidens, ils s'abstinrent de l'innocent plaisir d'essayer des mets délicats permis à des malades. Le roti, la salade, l'entreinets, le dessert enfin, out été l'objet de semblables soins, etc., etc., etc.

DES VERS MACARONIQUES.

La poésie macaronique est composée de mots de différentes langues, mélangés avec des mots du langage vulgaire latinisés, c'est-à-dire, auxquels on donne une terminaison latine. C'est une véritable poésie burlesque. Naudé dit la

que

poésie macaronique est la troisième espèce du burlesque latin. Elle tire son origine de l'Italie, et son étymologie du mot italien macarone ou macaron. Macaroné signifie, dit Cœlius Rhodiginus, un homme grossier, un lourdaut, qui emploie toutes sortes de mots ridicules, barbares, inusités et macaron signifie de petits gâteaux Ou une pâte composée de différentes choses de farine non blutée, d'œufs, de fromage, etc. De même la poésie macaronique est composée de latin, d'italien, de français, d'espagnol, etc. Telles sont donc les deux étymologies que l'on peut donner au genre de poésie dont nous parlons.

Naudé regarde Théophile Folengi, moine bénédictin de Mantoue, comme l'inventeur de la poésie macaronique, ou du moins, comme le premier qui l'a cultivée avec succès. Il parle d'une Macaronea Ariminensis, de fort vieille lettre, dit-il, qui commence par ce vers :

Est autor Typhis Leonicus, atque Paransus.

Mais il ne regarde pas cette macaronée, comme - antérieure à celle de Folengi. Elle est d'un certain Guarino Capella Sarsinas, qui fit imprimer, l'an 1526, à Rimini, six livres de poésie macaronique, in Cabrinum Gagamagogæ regem. La première édition de la macaronée de Théophile Folengi, déguisé sous le nom de Merlin Cocaie, est de 1517; et la plus recherchée et la plus complette est celle de 1521, exécutée en caractères singuliers, avec des figures en bois. Ce poëme est riche d'invention, et on y admire les épisodes qui se rencontrent dans l'histoire de Balbus, qui est le sujet de ce poëme. C'est une raillerie très-amusante. Le cardinal Mazarin l'ai

mait au point, qu'il en récitait quelquefois jusqu'à 3 à 400 vers de suite. Cette macaronée a été traduite en français. Rabelais en a tiré les plus beaux morceaux de son Pantagruel. Folengi à ensuite donné il chaos del tri per uno, qui ne réussit pas; cet ouvrage est, en partie seulement, macaronique. Folengi est mort en 1544.

Après les macaronées de Folengi et de Guarino Capella, parut une petite pièce de poésie macaronique, sous le titre : Macaronica, de syndicatu et condemnatione doctoris Samsonis Lembi, qui est froide et languissante.

Le jésuite Bernardino Stefonio ( ou plutot Sthetonio), composa un poëme macaronique, qu'il appelait : Macaronis Forza, et qui fut trèsbien reçu du public, en 1610.

André Baïani en fit imprimer un en 1620, auquel il donna le titre de Carnavale fabula Macaronea, bien inférieur au précédent.

César Ursinius a publié à Venise, en 1656; Capricia Macaronica magistri Stopini poetoe Pouzanensis, ouvrage assez estimé.

Gioan Giacomo Ricci a donné quelques compositions macaroniques, dans ses Poetæ rivali, et ses Diporti di Parnasso, imprimés l'un et l'autre à Rome, en 1632 et 1635.

Bartolomæo Bolla a fait aussi Nova novorum novissima, sive poemata Macaronica, qui faciunt crepare lectores et saltare capras ob nimium risum. Stamp. in stampatura stampatorum, anno 1670, in-12.

Parmi les Français, Antonius de Arena provensalis de bragardissima villa de soleriis (Antoine de la Sable), est le premier qui a obtenu quelques succès dans le genre macaronique. Il nous a laissé différens ouvrages assez recherchés,

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