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On remarque dans cet acrostiche qu'il y a autant de lettres dans chaque vers qu'il y a de vers en longueur, de sorte que si ces lettres étaient en même caractère, et également espacées, cette pièce formerait un carré parfait de 35 lettres; cependant l'auteur s'est donné quelques licences; mais il a surmonté une grande difficulté en disposant les mots de façon que la lettre O se trouve aux quatre angles, au milieu et aux quatre extrémités de la croix. Les quatre vers qui forment l'encadrement de la pièce, sont :

O crux excellens toto dominaris Olympo.

O crux vexillum sancto et pia cautio Secto.
O crux quæ cogis rupto plebem ire ab Averno.
O crux dux misero latoque redemptio mundo.

Les deux vers qui forment la croix sont :

O crux quæ summi es noto dedicata tropeo.
O crux quâ Xpri. (1) es caro benedicta triumpho.

On conviendra que cet acrostiche très-difficile, est plus curieux que poëtique; Tabourot l'appelle laborieux et admirable; il est de Rabanus, dont il prouve la patience plus que le goût, quoiqu'en dise le Seigneur des accords.

Ce dernier auteur met au rang des acrostiches des vers dont la première lettre de chaque mot forme un nom, comme ceux-ci, adressés à Ricaldo Abher.

Res Inamoua Caret Affectu Lala Decorem

Omnimodo Aspirat Bellula Habe Ergo Rata.

(1) Xpri est une abréviation tirée du grec, qui signifie Christi,

Et ceux-ci sur un nommé Maclou Popon, conseiller de Dijon.

Mens Astuta, Capax Legum, Orando Valuisset
Præclare Omnigenis Populis Obtendere Nubem.

Le père Fatou a donné l'acrostiche suivant dans son Paradis terrestre du St. Rosaire, de l'auguste Vierge mère de Dieu, divisé en douze jardins à huit parterres, autrement autrement en douze octaves à huit discours, excepté l'onzième qui en a douze, etc. Saint-Omer, 1592, in-8°.

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On voit que c'est le Rosaire qui produit tous ces heureux effets!

Par le P, il procure la pénitence aux pécheurs; Par l'S, il soulage la soif de ceux qui sont altérés;

Par l'A, il absout ceux qui sont dans les chaînes du péché.

Par l'L, il livre à la joie ceux qui sont tristes; Par le T, il tranquillise ceux qui sont tentés; Par l'E, il éloigne la pauvreté de ceux qui sont dans la misère;

Par l'R, il rend la réforme aux religieux relâchés ;

Par l'I, il verse de l'intelligence dans l'esprit des ignorans ;

Par l'U, il surmonte les ruines des vivans; Par l'M, il obtient miséricorde aux morts.

L'auteur à donc trouvé toutes les utilités du Rosaire dans le mot psalterium, composé de dix lettres, qui peuvent, dit-il, se rapporter aux dix cordes du psaltérion, à la différence de la harpe.

Terminons ce chapitre par cette bagatelle sur

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L'ANAGRAMME est la transposition des lettres d'un nom soit pour le déguiser, soit pour en foriner d'autres qui aient un sens différent. Ce mot vient du Grec ana, en arrière, en haut, pardessus, de rechef, et de gramma lettre, c'est-àdire, lettres dont l'ordre est changé. L'anagramme est très-ancienne. Lycophron, poëte qui existait 280 ans avant J.-C. en a fait deux assez heureuses: l'une, sur l'un des Ptolémées, Ptolemaios dont il a formé apo, de, melitos, miel, pour exprimer la bonté et la douceur de ce Prince. L'autre sur la Reine Arsinoè, mot dont il a fait ion et eras violette de Junon. La troisième partie de la cabale chez les Juifs, le themura ( changement) dont j'ai parlé ailleurs, n'est autre chose que l'art de faire des anagrammes.

ou

On ignore si les Latins les ont connues. Le premier qui en a fait en France est le poëte Dorat, Daurat qui vivait sous Charles IX; c'est de Lycophron qu'il en a pris l'idée. Dès-lors chacun s'en est mêlé; on a même vu un abbé Catelan enchérir sur les anagrammatistes ordinaires; il inventa en 1680 une sorte d'anagramme mathématique, par le moyen de laquelle il trouva que les huit lettres du nom du Roi Louis XIV font vrai héros. Cependant la fureur des anagrammes passa; on leur déclara la guerre dans le cours du 17. siècle. Ménage écrivit que le turpe est difficiles habere nugas, et stultus labor est ineptiarum (Martial 2: ép: 86), convient parfaitement aux faiseurs d'anagrammes, qui se tourmentent cruellement pour trouver des mots dans des mots. Adrien Valois fit l'épigramme suivante sur le même sajet:

Quicumque nervis ingení parùm fisus,

Doctumque carmen facere posse desperans
Evisceratis verba quærit in verbis

Anagramma versu claudat ut salebroso

Laboriosis occupatus in nugis,

Non hic meretur usquequaque damnari:

Nam se ipse noscit; et vetus probat verbum :
Citharœdus esse qui nequit, sit aulædus ;

Anagrammatista, qui poëta non sperat.

Le poëte Colletet a aussi exprimé son mépris pour les anagrammatistes, dans eette anagramme adressée à Ménage :

J'aime mieux sans comparaison,

Ménage, tirer à la rame,

Que d'aller chercher la raison

Daus les replis d'une épigramme.

Cet exercice monacal

Ne trouve son point vertical
Que dans une tête blessée :

Et sur Parnasse nous tenons,

Que tous ces renverseurs de noms

Ont la cervelle renversée.

Malgré ce que nous venons

de rapporter contre les anagrammes, nous allons en citer quelques unes. Mais avant, nous dirons qu'on en distingue de deux sortes :

1o. Celles qui consistent à diviser un mot en plusieurs, comme dans terminus, ter, minus, ou dans ce vers :

Furfur edit pannum, panem quoque sustineamus.

On voit que sustineamus est composé des trois mots sus, tinea et mus.

2o. Celles dans lesquelles on renverse l'ordre des lettres et on les dispose autrement, comme dans roma qui produit amor, mora,maro; corpus qui produit porcus, procus, spurco; julius où l'on trouve livius; galenus, angelus; logica, caligo; loraine, alérion; calvin, alcuin; ou le vain Caïn en ajoutant le prénom Jean; etc., etc., passons à d'autres exemples.

Quand Pilate demanda à Jesus: Quid est veritas? Jesus répondit par les mêmes lettres: est vir qui adest. Ce jeu de mots ne pouvait avoir lieu dans la langue Syriaque que parlait J. C.

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Ou en mettant Magdalene au lieu de Magdalena. Magna et clara Dei amans.

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