DE MADEMOISELLE DE MALCRAIS DE LA VIGNE Chez A PARIS, La veuve PISSOT, Quai de Conti. RIBOU, vis-à-vis la Comédie, MDCCX X X V. Avec Approbation & Permiffion. EPITRE DEDICATOIRE, ET PREFACE: E Nfans de mon loifir, fruits légers de ma veine, Vous le voulez le deffein en eft pris, Allez ; mais fçavez-vous ce que c'est que Paris? Connoiffez-vous les lieux, où l'audace vous meine? Il vous falloit encor, pour vous fubtilifer, Lui trouve des vertus, que n'a pas l'Hipocréne. Vous avez cru, qu'ici charmé de vous avoir Chacun à bras ouverts, vous devoit recevoir Etrange illufion! volontaire impofture! Voilà comme tout homme eft fait, Ilfe cajole, il fe figure, Quand il s'examine en fecret, Qu'il eft l'enfant gâté de la nature. Un Nain vis-à-vis d'un miroir, Fort comme Hercule, beau comme Nirée, Tous les Aftres ont fui. Une vanité chimérique N'a point à cet excès infecté votre fein, Un peu de naturel, férieux ou badin, Fait, vous en convenez, votre mérite uniqués Sont feuls à la mode, & le reste N'eft que bertugadins, bons aux fiecles paffés. Que, pour vous, mes enfans, je crains un fore funefte! Tout Paris eft rempli d'Ariftarques fenfés, Sur un fens mal rendu, fur des mots mal placési Percent de leurs cris élancés, Les lambris chancelans; & portent jufqu'aux nies, Cent Arrêts,contre vous, coup fur coup prononcés, Vous leur direz, pour abreger leur glose, Que tout en un jardin, n'eft point œillet & rofes Rien ne peut les fléchir, & vous voudrez en vain Vous couvrir des brillans fuffrages, Que vous donna plus d'une docte main. Ileft d'autres Cenfeurs, affables perfonnages A l'œil fimple, à la peau douce commesatin, Du titre, au dernier vers, ils loûront vos On vrages, Ils vous embrafferont avec un air benin. Tournez-vous un moment la tête, Par derriere, auffi-tôt on enfonce le dard's Je dois vous voir en peu triftement regretter Fe pourrois groffir ce recueil, Comme fait tel Auteur, qu'enyvre un fot orgueilg > La Fontaine, Liv. IX. Fable II. |