foutint au contraire, que ce Religieux n'avoit fait qu'ufer de la liberté que l'Eglife accorde de pouvoir embraffer un état plus parfait. Qu'il avoit demandé la permiflion de fes Superieurs, qu'il n'étoit pas obligé à davantage, & que quoi qu'il ne l'eût pas obtenue, il n'en étoit pas moins en droit de fuivre les mouvemens de fa confcience, & d'afpirer à une pratique plus parfaite de la Regle qu'il avoit embraffée.

La difficulté fut plus grande pour Dom Pierre. Ses Superieurs Reguliers ne fe contenterent pas de le redemander; ils engagerent l'Archevêque de Paris à le reclamer. La grande autorité de ce Prelat auroit étonné tout autre que l'Abbé de la Trappe; l'Etroite Obfervance n'eut jamais plus de besoin de conferver fes anciens amis, & de s'en faire de nouveaux, & il ne pouvoit être que tres-dangereux au commencement d'une Reforme, comme celle de la Trappe, de fe faire un ennemi auffi puiffant que l'Archevêque. On fit faire ces re-. flexions à l'Abbé de la Trappe; mais d'un autre côté il ne pouvoit fe refondre à abandonner un Religieux plein d'amour pour la penitence, & que le feul defir d'une plus grande perfection

avoit obligé de fe jetter entre fes bras. 11 écrivit donc à l'Archevêque à peu près dans le même fens qu'il avoit écrit aux Superieurs de Dom Jacques. Il le fupplia de vouloir bien confentir que ce Religieux reftât à la Trappe, puis qu'il avoit rendu à fes Superieurs ce qu'il leur devoit, en leur demandant leur permiffion, quoi qu'il ne l'eût pas obtenuë, & qu'il n'avoit changé d'état que pour le confacrer encore plus parfaitement à Dieu, qu'il n'avoit fait dans sa premiere Profeffion. Ces deux affaires n'allerent pas plus loin, les Superieurs de Dom Jacques n'infifterent pas davan tage fur fon retour, & l'Archevêque en répondant à l'Abbé, confentit que le Chanoine Regulier demeurât à la Trappe. Il ajouta qu'il étoit tres-éloigné de vouloir troubler fa vocation, puis qu'il l'affuroit qu'elle étoit de Dieu, & qu'il s'en rapporteroit volontiers à fon témoignage.

Ce fut par une providence particu liere de Dieu, que l'Abbé de la Trappe fit paroître tant de fermeté dans les deux occafions dont on vient de parler; car il eft certain que s'il eût rendu les deux Religieux que leurs Superieurs redemandoient, ceux qui étoient capables

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de concevoir un pareil deffein n'euffent plus ofé l'executer; mais quand on fut une fois perfuadé que fa fermeté étoit à l'épreuve de toutes les follicitations & de toutes les confiderations humaines, qu'il n'y avoit ni credit ni auto, rité qui pût luy arracher ceux qu'un faint zele portoit à fe jetter entre fes on vit arriver de tous côtez à la Trappe des Religieux de divers Ordres, tous excellens fujets qui ne refpiroient que la penitence, & qui furent comme les Fondateurs de cette Reforme fi édifiante, qui a fait depuis tant d'honneur à l'Eglife.

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Le premier qui profita des deux exem ples qu'on vient de rapporter, fut Dom Maur, Religieux d'une Congregation des plus reformées de l'Eglife; on peut juger de l'éminence de fa vertu par cette démarche. Il ne quittoit pas comme les deux autres un Inftitut qui, quoique regté & rempli de tres-bons fujets, ne laiffoit pas d'être tres-éloigné de l'aufterité de la Trappe. Il fortoit d'un état dont la regularité fait beaucoup d'honneur à l'Eglife, où un grand nombre de Saints fe font formez, & fe forment encore tous les jours dans la retraite & la penitence qui s'y. pratiquent ; tour