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que jamais, ou qui n'en forme que de faibles?

Toutefois l'on abandonne en plusieurs manières les desseins qu'on a pris, et la moindre omission dans ses exercices ne se passe guère sans qu'on en souffre du dommage.

Les justes fondent plus leurs intentions sur la grâce de Dieu que sur leur propre sagesse, et quelque chose qu'ils entreprennent, ils mettent toujours leur conflance en Dieu; car l'homme propose, et Dieu dispose (Prov. XVI, 9); et l'homme n'est pas le maître de sa voie. (Jerem. x, 23.)

3. Si par un motif de piété, ou pour le bien de son frère, l'on interrompt quelquefois les exercices ordinaires, c'est un manquement qu'il est aisé de réparer dans la suite.

Mais si, par dégoût ou par négligence, on s'accoutume à les quitter, c'est une faute considérable, et dont on ressentira du dommage. Faisons tous les efforts dont nous sommes capables, nous ne laisserons pas encore que de tomber en beaucoup de fautes.

Il faut toutefois se proposer quelque chose de certain, principalement contre les défauts qui nuisent le plus à notre avancement.

Nous devons examiner et régler également notre extérieur et notre interieur; parce que l'un et l'autre contribuent à notre progrès dans la piété.

4. Si vous ne pouvez pas vous recueillir continuelle ment en vous-même, faites

le donc de temps en temps, et au moins deux fois le jour, le matin et le soir.

Proposez vous au matin le bien que vous voulez faire dans le jour, et examinezvous le soir sur la conduite de la journée, et comment vous vous serez comporté dans vos paroles, dans vos actions et dans vos pensées; parce que vous y avez peutêtre fait beaucoup de fautes contre Dieu et contre votre prochain.

Armez-vous en homme courageux contre les artifi ces du démon. Repriniez en vous l'intempérance; vous en aurez plus de facilité à réduire toutes les autres inclinations de la chair.

Ne soyez jamais tout à fait oisif; mais occupez-vous à lire, à écrire, à prier, à mé diter, ou à travailler à quelque chose qui regarde le bien commun.

Il faut cependant user de discrétion dans les exercices du corps, et ils ne conviennent pas également à tous.

5. Les pratiques qui ne sont pas communes ne doivent point paraitre au dehors, et il est plus sûr de s'acquitter en secret de celles qui nous sont particulières.

Gardez-vous bien néanmoins d'être lent pour vos devoirs communs, et trop prompt pour les dévotions singulières; mais, après avoir rempli parfaitement et fidèlement vos obligations et vos devoirs, s'il vous reste du temps, employez-le pour vous-même, selon que votre dévotion vous y portera.

Tous ne peuvent pas avoir les mêmes exercices: celuici convient à l'un, celui-là convient à l'autre.

Il est bon même de les diversifler selon les temps, parce que les uns nous touchent plus dans les jours de

Heureux le serviteur, dit saint Luc, que le Seigneur trouvera veillant lorsqu'il viendra! Je vous dis en véri té qu'il l'établira sur tous ses biens. (Luc. XII, 43, 44.)

CHAPITRE XX

fêtes, d'autres dans les jours De l'amour de la solitude et

ordinaires.

Nous avons besoin des uns au temps de la tentation, et des autres quand nous sommes dans la paix et dans le repos. Quelques-uns nous conviennent dans la tristesse, les autres quand nous goûtons les consolations divines.

6. Il faut renouveler nos pratiques de piété aux approches des grandes fêtes, et implorer avec plus de ferveur l'intercession des saints.

Il est à propos de nous disposer d'une fête à une autre, comme si nous avions alors à sortir de ce monde pour parvenir à la fête de l'éternité.

Ainsi notre plus grand soin doit être de nous y préparer, d'avoir une conversation plus sainte, et de nous acquitter plus exactement de nos observances régulières, comme si nous devions dans peu recevoir de Dieu la récompense de nos tra

vaux.

7. Que si Dieu diffère cette récompense, croyons que nous n'y sommes pas encore assez bien préparés, ni dignes de cette grande gloire qu'il nous découvrira au temps qu'il a limité; et tâchons, en attendant, de nous mieux disposer à ce

passage.

du silence.

1. CHERCHEZ un temps propre pour vaquer à vous-même, et pensez souvent aux bienfaits de Dieu.

Laissez les choses purement curieuses, et faites un tel choix de vos lectures, qu'elles servent plus à toucher votre cœur qu'à occuper votre esprit.

Si vous retranchez de vous les discours superflus et les visites inutiles, et si vous vous abstenez d'écouter les nouvelles et les bruits qui courent, vous ne manquerez pas de temps propre pour vous appliquer autant qu'il le faudra à de saintes méditations.

Les plus grands saints évitaient autant qu'ils le pouvaient la compagnie des hommes; leur choix était de servir Dieu dans la retraite.

2. Un ancien a dit: Je n'ai jamais été parmi les hommes que je n'en sois revenu moins homme. (Senec. Ep. 7.) C'est ce que nous expérimentons. trop souvent, quand nous nous arrêtons en de longues conversations.

Il est plus aisé de se taire tout à fait que de ne point trop parler.

Il est plus aisé de demeurer caché dans une retraite, que de se bien garder lorsqu'on se produit au dehors.

Celui donc qui veut devenir homme intérieur et spirituel doit avec Jésus-Christ se retirer de la foule.

Aucun ne peut sûrement se produire, s'il n'aime pas à demeurer caché.

Aucun ne peut parler sûrement s'il a de la répugnance à se taire.

Aucun ne peut être dans l'élévation avec sûreté s'il ne se soumet volontiers aux autres.

Aucun ne peut sûrement commander, s'il n'a bien appris à obéir.

3. Personne ne peut goûter une joie bien assurée, que celui qui porte en soi le témoignage d'une bonne conscience.

Cependant l'assurance des saints a toujours été pleine de la crainte de Dieu; et, quoiqu'ils fussent éclatants en vertuset en grâces, ils n'en ont pas été moins humbles en eux-mêmes, ni moins circonspects dans leur conduite.

Au contraire, l'assurance des méchants vient d'orgueil et de présomption, et n'aboutit qu'à les tromper. Ne vous promettez jamais de sûreté en cette vie, quoique vous paraissiez être un saint religieux ou un dévot solitaire.

4. Souvent ceux qui ont passé dans l'esprit des hommes pour les plus saints,

été exposés aux plus grands dangers par leur trop grande confiance,

C'est pour cela qu'il est utile à bien des gens de n'être pas tout à fait exempts de tentation, et d'en être même attaqués, de peur qu'une trop grande sécurité ne

les rende superbes, et ne leur fasse rechercher avec trop de liberté des consolations au dehors.

Oh! qu'on aurait la conscience pure si l'on ne cherchait jamais de joie passagère, et si l'on ne s'embarrassait jamais des choses du monde !

Oh! qu'on jouirait d'une grande paix si l'on retranchait tous les soins inutiles pour ne penser qu'à Dieu et à son salut, et si l'on ne mettait son espérance qu'en Dieu !

5. Nul n'est digne des consolations du Ciel, s'il ne s'est soigneusement exercé dans la sainte componction.

Si vous voulez sentir cette componction jusqu'au fond de votre cœur, entrez dans votre votre chambre, bannissezen le tumulte du monde, et, selon qu'il est écrit, excitez-vous à des sentiments de componction jusque dans votre lit. (Psalm. IV, 5.) Vous trouverez dans votre cellule ce que vous perdez souvent au dehors.

La cellule devient douce si l'on continue à y demeurer, et elle devient ennuyeuse si on la garde mal.

Si dès le commencement de votre conversion vous gardez la vôtre avec fidélité, elle sera dans la suite votre meilleure amie, et votre plus douce consolation.

6. C'est dans le silence et dans le repos que profite une âme pieuse, et qu'elle y découvre les mystères cachés de l'Ecriture.

Elle y trouve des ruisseaux de larmes, où elle se lave et se purifie toutes les

nuits, afin de devenir d'autant plus familière avec son Createur, qu'elle est plus éloignée des embarras du siècle.

Si donc un homme se sépare de ses amis et des personnes de sa connaissance, Dieu s'approchera de lui avec ses saints Anges.

Il vaut mieux se tenir caché en travaillant à son salut, que de faire des miracles en se négligeant soiméme.

C'est une chose louable pour un religieux de sortir rarement, de fuir d'être vu, et de ne vouloir pas même voir les hommes.

7. Qu'est-il nécessaire que vous voyez ce qu'il ne vous est pas permis de voir? Le monde passe, et les désirs du monde passent aussi.

La sensualité vous attire à la promenade; mais quand l'heure en est passée, qu'en rapportez-vous, qu'un poids sur la conscience et une dissipation de cœur?

Tel sort gaiement, qui revient avec tristesse; et la joie du soir fait trouver triste le matin du lendemain.

Il en est ainsi de toutes

les joies charnelles. Elles s'insinuent agréablement; mais elles mordent et tuent à la fin.

Que pouvez-vous voir ailleurs que vous ne voyiez où vous êtes? Vous avez devant vos yeux le ciel, la terre et tous les éléments. Toutes les choses du monde n'en sont elles pas composées?

8. Que pouvez-vous voir, en quelque lieu que ce soit, qui puisse longtemps demeu

rer stable sous le soleil ?

Vous croyez peut-être par là vous satisfaire pleinement; mais vous n'en viendrez jamais à bout.

Si tout ce qui est au monde était présent à vos yeux, que serait-ce autre chose qu'une vaine représentation?

Levez les yeux vers Dieu dans le ciel, et demandez-lui pardon de vos pechés et de vos négligences.

Laissez aux vains les choses vaines, et ne songez qu'à ce que Dieu vous commande.

Fermez votre porte sur vous, et appelez à vous Jésus votre bien-aimé.

Demeurez avec lui dans votre cellule; car vous ne trouverez point ailleurs une si grande paix.

Si vous n'en fussiez point sorti, et que vous n'eussiez rien écouté des nouvelles du monde, vous vous seriez mieux conservé dans la véritable paix.

Dès là que vous prenez plaisir à entendre des nouveautés, il faut nécessairement que vous en receviez quelque trouble dans votre cœur.

CHAPITRE XXI

De la componction du cœur.

1. Si vous voulez faire quelque progrès, conservez-vous dans la crainte de Dieu, et ne vous donnez point trop de liberté; mais tenez tous vos sens sous la discipline, et ne vous laissez pas aller à une joie indiscrète.

Abandonnez-vous à la componction du cœur, et vous trouverez la dévotion.

La componction procure

plusieurs biens que la dissipation fait bientôt perdre. Il est étonnant qu'un homme, en cette vie, puisse se donner en entier à la joie, lorsqu'il considère bien son exil, et à combien de dangers son âme est exposée.

2. La légèreté de notre cœur, et notre négligence à corriger nos défauts, nous rendentinsensiblesaux maux de notre âme, et souvent nous rions sans sujet dans le temps que nous aurions tout lieu de pleurer.

Il n'y a de véritable liberté, ni de paix solide, que dans la crainte de Dieu accompagnée d'une bonne conscience.

Heureux celui qui peut rejeter tout ce qui est capable de le distraire, et se recueillir lui-même dans une sainte componction!

Heureux celui qui éloigne de soi tout ce qui peut souiller ou charger sa conscience!

Combattezcourageusement; une mauvaise habitude n'est surmontée que par une habitude contraire.

Si vous savez laisser les hommes, ils vous laisseront en repos dans ce que vous aurez à faire.

3. Ne vous attirez point les affaires d'autrui, et ne vous. embarrassez point dans ce qui regarde les supérieurs. Ayez, avant toutes choses, l'œil toujours ouvert sur vous, et instruisez-vous vous-même, préférablement à ceux que vous aimez le plus.

Si vous n'avez pas la faveur des hommes, n'en soyez pas plus triste; mais affligez-vous seulement de ce que vous ne

vous comportez pas avec autant de règle et de circonspection que devrait le faire un serviteur de Dieu et un véritable religieux.

C'est souvent le plus utile. et le plus sûr de ne goûter pas beaucoup de consolations en cette vie, surtout de celles qui sont sensibles.

Pour les divines, c'est notre faute si nous en sommes privés, ou si nous les sentons rarement, parce que nous ne cherchons point la componction du cœur, et que nous ne rejetons pas les vaines consolations qui nous viennent du dehors.

4. Reconnaissez que vous êtes indigne que Dieu vous console, et qu'au contraire. vous méritiez qu'il vous af flige beaucoup.

Tout le monde devient amer et insupportable à celui qui a une componction parfaite.

L'homme dévot trouve toujours assez de quoi gémir et de quoi pleurer.

En effet, soit qu'il se considère lui-même, ou qu'il fasse attention à son prochain, il reconnaît que personne ne vit ici-bas sans affliction; et plus il s'examine de près, plus il gémit.

Ce sont des sujets d'une juste douleur, et d'une componction intérieure que nos péchés et nos vices, lesquels nous enveloppent tellement de toutes parts, que nous avons peine à nous élever jusqu'à la contemplation des choses du ciel.

5. Si vous pensiez plus souvent à votre mort qu'à ce qui peut prolonger votre vie, il n'y a point de doute que vous

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