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avec force et avec prudence. la marque d'une grande vertu et d'un grand mérite.

2. LE FIDÈLE. Pourquoi, Seigneur?

3. JESUS-CHRIST. Parce qu'à la moindre contrariété vous quittez votre entreprise, et que vous cherchez de la consolation avec trop d'empressement. Celui qui aime courageusement demeure ferme dans les tentations, et n'ajoute point de foi aux persuasions artif cieuses de l'ennemi.

Comme il m'aime quand je le favorise, il ne m'aime pas moins quand je l'exerce par des souffrances.

4. Celui qui aime avec discernement fait moins d'attention au don de son ami qu'à l'amour de l'ami qui donne.

Il regarde plutôt l'affection que la valeur du présent, et il met son bien-aimé au-dessus de tous les dons.

Celui qui m'aime généreusement ne s'attache point au don que je lui fais; mais il s'attache plus à moi qu'à tous mes dons.

Ainsi tout n'est pas perdu pour vous lorsque quelquefois vous n'avez pas d'aussi bons sentiments que vous le voudriez de moi ou de mes saints.

Cette bonne et tendre affection que vous ressentez de fois à autre est un effet de la présence de ma grâce, et comme un avant-goût des délices de votre céleste patrie, sur lequel vous ne devez pas trop vous appuyer, parce que ces sentiments vont et viennent.

Mais combattre les mouvements déréglés qui surviennent à l'âme, et mépriser les suggestions du démon, c'est

5. Ne vous troublez donc point des images étrangères qui se présentent à vous, sur quelque sujet que ce soit.

Gardez fermement vos bonnes résolutions et une intention droite vers Dieu.

Ce n'est point une illusion lorsque vous êtes tout d'un coup ravi comme en extase, et que vous retombez aussitôt dans les égarements or dinaires de votre cœur.

Car ces choses sont involontaires; vous souffrez plus en cela que vous n'agissez, et tant qu'elles vous déplaisent et que vous y résistez, c'est pour vous un mérite, et non un dommage.

6. Sachez que l'ancien ennemi fait tous ses efforts pour empêcher l'effet de vos bons désirs, et pour vous détourner de tous les exercices de dévotion, tels que le culte des saints, la pieuse méditation de mes souffrances, le souvenir si utile de vos péchés, le soin de veiller sur votre cœur, et le ferme propos d'avancer dans la vertu.

Il vous suggère plusieurs mauvaises pensées, pour vous causer de l'ennui et de l'horreur, pour vous détourner de la prière et de la lecture des livres saints.

L'humble confession de vos fautes lui déplaft; et, s'il le pouvait, il vous ferait abandonner la communion.

Ne le croyez pas, et ne vous embarrassez point de lui, quoiqu'il vous tende souvent des pièges pour vous surprendre.

Faites retomber sur lui les passions mauvaises et im

pures qu'il vous suggère, et dites-lui:

Retire-toi, esprit impur; rougis de honte, misérable; il faut que tu sois bien immonde pour me tenir un pareil discours.

Retire-toi de moi, détestable séducteur, tu n'auras aucune part en moi; Jésus sera dans mon cœur comme un guerrier puissant, et tu demeureras confus.

J'aime mieux mourir et souffrir toutes sortes de tourments que de consentir à ce que tu veux. Tais-toi, et ne me parle plus (Marc. vI, 39); je ne t'écouterai pas davantage, quelques peines que tu me fasses. Le Seigneur est ma lumière et mon salut: qui pourrai-je craindre? Quand il y aurait des armées contre moi, mon cœur n'aurait point de crainte. Le Seigneur est mon protecteur et mon rédempteur de qui aurai-je peur (Psalm. XXVI, 1, 2, et XVIII, 15.)

7. Combattez comme un vaillant soldat ; et s'il arrive que vous tombiez quelquefois par fragilité, reprenez en plus de courage qu'auparavant, dans la confiance que ma grâce vous assistera plus puissamment; et surtout prenez garde à ne vous point laisser aller à la vaine complaisance et à l'orgueil.

Plusieurs par là tombent dans l'erreur et dans un aveuglement presque incurable.

Que la ruine de ces superbes qui présument follement d'eux-mêmes serve à vous précautionner et à vous maintenir toujours dans l'humilité.

CHAPITRE VII

Qu'il faut cacher la grâce de la dévotion sous la garde de l'humilité.

1. JESUS CHRIST. Mon fils, rien ne vous est plus utile et plus sûr que de cacher la grâce de la dévotion, de ne vous en élever jamais, d'en parler peu, de n'en faire pas trop d'état, mais plutôt de vous mépriser vous-même, et de craindre même cette grâce qui vous a été donnée, en songeant que vous n'en étiez pas digne.

Il ne faut pas vous arrêter avec trop d'attache à ces mouvements affectueux, qui peuvent sitôt changer en d'autres contraires.

Pensez, dans le temps que vous possédez la grâce, combien vous êtes pauvre et misérable quand vous ne l'avez plus.

L'avancement dans la vie. spirituelle ne consiste pas. seulement à avoir la grâce de la consolation divine, mais à en souffrir la privation avec humilité, avec abnégation de vous-même et avec patience; en sorte qu'alors vous ne vous relâchiez point dans la pratique de la prière, et que vous ne quittiez pas tout à fait vos autres exercices accoutumés, mais que vous fassiez de bon cœur, selon vos lumières, et le mieux qu'il vous sera possible, ce qui dé pend de vous, et que vous ne vous négligiez pas entièrement à cause de la sècheresse et des peines d'esprit que vous sentez.

2. Car il y en a plusieurs qui se laissent aller à l'impa

tience et à la paresse, dès que les choses ne réussissent pas à leur gré.

Mais l'homme n'est pas toujours le maître de sa voie, (Jer. x, 23.) C'est à Dieu à donner sa grâce et ses consolations quand il veut, autant qu'il veut, à qui il veut, comme il veut, et rien de plus.

Quelques-uns, faute de précautions, se sont perdus par la grâce même de la dévotion, parce qu'ils ont voulu faire plus qu'ils ne pouvaient, ne considérant point la portée de leur peu de force, et suivant plus le zèle de leur cœur que les règles de la raison.

Et parce que leur présomption les a portés à de plus grandes choses qu'il ne plaisait à Dieu, ils ont bientôt perdu la grâce.

Ces gens, qui avaient établi leur demeure dans le ciel, sont devenus pauvres et abandonnés à leur bassesse; afin qu'humiliés et appauvris ils apprennent à ne pas se servir de leurs propres ailes, mais à se mettre à couvert sous les miennes.

Ceux qui sont encore nouveaux et peu expérimentés dans la voie du Seigneur s'égareront aisément, et tomberont dans le précipice, s'ils ne se gouvernent par l'avis des personnes sages.

3. Que s'ils aiment mieux suivre leur sentiment que de s'en rapporter à ceux qui ont de l'expérience, ils feront une fin funeste, à moins qu'ils ne reviennent de leur entêtement.

Il est rare que ceux qui sont sages à leurs propres

yeux aient assez d'humilité pour se laisser conduire par les autres.

Peu de savoir avec l'humilité vaut mieux qu'un trésor de science avec une vaine complaisance de soi-même.

Il vous est plus avantageux d'avoir peu, que d'être dans une abondance qui vous porte à l'orgueil.

C'est une indiscrétion que de s'abandonner entièrement à la joie, et d'oublier sa pauvreté passée, et cette chaste crainte de Dieu qui appréhende de perdre la grâce qui lui est offerte.

C'est aussi manquer de vertu et de sagesse que de se trop décourager dans le temps de l'adversité et de quelque peine que ce soit, et de prendre des pensées et des sentiments qui marquent moins de confiance en moi qu'on n'en doit avoir.

4. Celui qui se tient trop assuré durant la paix, se trouve souvent abattu et timide à l'excès au temps de la guerre.

Si vous pouviez toujours être humilié et petit à vos yeux, régler et contenir votre esprit, vous ne seriez pas si sujet à tomber dans la tentation et dans le péché.

C'est un bon conseil, lorsque vous avez conçu en vous la ferveur de l'esprit, de penser à ce que vous deviendrez quand la lumière sera retirée.

Et lorsque cela arrivera, songez que cette même lumière peut revenir encore, et que ce n'est que pour un temps que je l'ai retirée, pour votre sûreté et pour ma gloire.

5. Il vous est souvent plus avantageux que vous soyez ainsi éprouvé, que si les choses vous étaient toujours aussi heureuses que vous le désirez.

Car, pour juger de la grandeur des mérites, il ne faut pas regarder si un homme a plus de visions et de consolations divines, s'il est plus éclairé dans l'Ecriture, ou élevé à un plus haut rang, mais s'il est affermi dans une véritable humilité, s'il est rempli de l'amour de Dieu, s'il cherche toujours la gloire de Dieu purement et sans réserve, s'il se compte pour rien et se méprise véritablement, et s'il trouve plus de joie à être méprisé et abaissé par les autres qu'à en être honoré.

CHAPITRE VIII Des bas sentiments de soi-même en la présence de Dieu, 1. LE FIDELE. Parlerai je à mon Seigneur, moi qui ne suis que poussière et que cendre? (Gen. XVIII, 27.)

Si je m'estime quelque chose de plus, vous vous élevez contre moi, et mes péchés rendent un témoignage qu'il m'est impossible de contre

dire.

Mais si je m'abaisse et m'anéantis, si je perds tout sentiment propre, si je me réduis dans la poussière, qui est mon partage, votre grâce me sera favorable, votre lumière s'approchera de moi, et toute estime de moi-même, quelque petite qu'elle soit, sera abimée pour toujours dans mon néant.

C'est là que vous me mon

trez à moi-même, que vous me faites voir ce que je suis, ce que j'ai été, et l'état où je suis tombé car je ne suis rien, et je ne le suvais pas. (Psalm. LXXII, 21.)

Si vous m'abandonnez à moi-même, je suis la faiblesse même, je ne suis rien; mais dès que vous me regar dez, je me sens aussitôt fortifié et rempli d'une nouvelle joie.

Et c'est une chose admirable, que je sois relevé sitôt, et que vous m'embrassicz avec tant de bonté, moi qui par mon propre poids suis toujours emporté vers la terre.

2. C'est l'effet de votre amour qui me prévient gratuitement, qui m'assiste en tant de besoins, qui me préserve des plus grands périls, qui me délivre enfin d'une infinité de maux.

Car je me suis perdu par un amour déréglé de moimême; mais en ne cherchant que vous seul, et vous aimant d'une affection pure, je vous ai retrouvé, et je me suis trouvé, et votre amour m'a fait rentrer plus profondément dans mon néant, parce que votre extrême douceur fait pour moi plus que je ne mérite, et plus que je n'oserais espérer ni demander.

3. Soyez béni, mon Dieu parce qu'encore que je sois indigne de toute grâce, votre générosité et votre bonté infinies ne cessent jamais de faire du bien aux ingrats eux-mêmes, et à ceux qui se sont le plus éloignés de

vous.

Faites-nous retourner à

vous, afin que nous devenions reconnaissants, humbles et dévots, parce que vous êtes notre salut, notre vertu et notre force.

CHAPITRE IX

Qu'il faut rapporter tout à Dieu comme à notre dernière fin.

1. JÉSUS-CHRIST. Mon fils, si vous désirez d'être vraiment heureux, il faut que je sois votre souveraine et dernière fin..

Cette intention purifiera votre affection, qui souvent vous porte avec dérèglement vers vous même et vers les créatures.

Car si vous vous recherchez en quelque chose, vous tombez aussitôt dans la défaillance et dans l'aridité.

Rapportez donc tout à moi comme à votre fin principale, car c'est moi qui vous ai tout donné.

Considérez toutes choses. comme procédant du souverain bien: ainsi vous devez les rapporter toutes à moi, comme à leur origine.

2. C'est dans moi, comme dans une vive source, que le petit et le grand, le pauvre et le riche puisent l'eau de la vie; et ceux qui me servent librement et de bon cœur recevront grâce pour grâce.

Mais celui qui voudra mettre sa grâce hors de moi, ou chercher sa satisfaction dans quelque bien particulier, ne sera jamais affermi dans la véritable joie, et ne jouira point de la liberté du cœur, inais sera gêné et embarrassé en plusieurs manières.

Vous ne devez done rien. vous approprier du bien qui est en vous, ni attribuer a aucun homme la vertu qu'il a; mais donnez tout à Dieu, sans lequel l'homme n'a rien.

J'ai tout donné, je redemande tout, et j'exige avec une grande rigueur la reconnaissance qui m'est due.

3. C'est là la vérité qui met en fuite la vaine gloire.

Et quand la grâce céleste et la véritable charité entrent dans un cœur, il n'est plus susceptible d'aucune envie, il ne se trouve plus resserré, et l'amour-propre ne le possède plus. Car la divine charité surmonte tout, et donne à l'âme plus de force et plus d'étendue.

Si vous êtes vraiment sage, vous n'aurez de joie et de confiance qu'en moi; car nul n'est bon que Dieu seu!, qui doit être loué par-dessus tout, et béni en toutes choses.

CHAPITRE X

Qu'il est doux de mépriser le monde pour servir Dieu,

1. LE FIDELE. Je parlerai encore, Seigneur, et ne garderai point le silence. Je dirai en secret à mon Dieu, à mon Seigneur, à mon Roi qui est au ciel :

O mon Sauveur, combien est grande la multitude des douceurs que vous avez réservées à ceux qui vous craignent! (Psalm. XXX, 20.) Mais que n'êtes-vous point à ceux qui vous aiment, à ceux qui vous servent de tout leur cœur!

La douceur de la contemplation que vous accordez à

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