페이지 이미지
PDF
ePub

De la nécef

tion.

C'est par une discipline exacte & IV. raifonnée que les Peuples doivent au- fité du génie jourd'hui entretenir dans la partie militaire des Citoyens que leur état ou leur dans une Nanaiffance deftine à la Guerre, le courage & les talens qui y font néceffaires. En même tems que la Politique protege les autres ordres des Ĉitoyens, & les anime à faire fleurir l'Etat, elle rend la Milice elle-même plus confidérable. La Politique a befoin de toutes fes lumieres pour entretenir ces différentes conditions dans un certain équilibre, empêcher que l'une ne falle des progrès (a) aux dépens des autres, & furtout pour faire enforte que malgré cette diftribution des Citoyens en différentes claffes, l'efprit dominant de la Nation la tourne toûjours du côté de la Guerre.

Ce ménagement eft abfolument indifpenfable, car la partie militaire d'un Etat doit être la protectrice (b)

(a) C'est à quoi n'ont prefque jamais fait attention les Auteurs qui ont écrit des Mémoires particuliers fur une branche de la Société.

(b) Il n'y a peut-être aujourd'hui qu'une feule Nation confidérable dans l'Europe qui foit devenue pour fon bonheur plus commerçante que Guerriere: je parle de l'Angleterre. Tome II.

B

de toutes les autres. La Guerre a quelquefois tenu lieu de (a) commerce, mais les autres parties ne peuvent jamais fuppléer à la partie Militaire d'où elles tirent leur force. L'Or eft le nerf de la Guerre, mais pour la faire avec fuccès il ne fuffit pas d'être riche. Au contraire plus un Peuple aura acquis de richeffes par les Arts & par le commerce, plus il fera prêt à avancer fa ruine par des Paix hon

[ocr errors]

Il est heureux que le commerce aît adouci fes mœurs & en lui ôtant ce génie particulier que donnent les Armes, & qui rendoit fon Gouvernement encore plus vicieux, ait rendu plus rares les défordres domeftiques que l'autorité partagée fans proportion entre le Prince & fes Sujets, entretenoit continuellement dans ce Royaume. D'un autre côté l'Angleterre peut fe paffer plus aisément que toute autre Puiffance de la partie Militaire, parce qu'elle eft placée moins avantageufement pour faire des conquêtes, & que depuis la réunion des trois Royaumes elle eft auffi plus à l'abri des infultes de fes Voifins.

(4) L'Hiftoire Romaine en eft une preuve bien évidente. Dans la Guerre de 1688. nos Armateurs ruinerent le commerce des Anglois. Selon un état dreffé par ordre de leur Parlement, ils avoient perdu quatre mille deux cens Vaiffeaux Marchands, dont la perte fut évaluée par eux-mêmes à trente millions fterlins.

teufes, fi un génie Militaire ne domte fon avarice, & ne le porte à facrifier une partie de fes richesses à une gloire dont il ne connoît pas affés tout l'avantage.

Soit qu'il faille l'attribuer aux qualités du climat, ou aux grandes Guerres que la France a toujours foutenuës; foit parce que le Gouvernement ne s'eft perfectionné que par la Guerre, que les Armes font la principale occupation de la Nobleffe (a), & que toutes les autres parties de l'Etat tiennent cependant à celle de la Milice; foit enfin que toutes ces chofes y ayent concouru à la fois, la France, malgré les différentes claffes de fes Citoyens, a confervé autant de génie militaire qu'il en faut non feulement pour se défendre avec fuccès, mais même pour acquérir cette gloire que donnent les grandes conquêtes.

(a) On a condamné fans raifon l'ufage qui fait déroger la Noblefle, quand elle quitte les Armes pour le commerce. On blâmeroit peutêtre avec plus de fondement cette foule de voyes qui multiplient la Nobleffe fans en enrichir beaucoup le Corps, & qui enlevent cependant au Tiers-Etat des Sujets dont la capacité & la Fortune feroient plus utiles dans l'ordre qu'ils abandonnent.

[ocr errors]

V.

res Guerres

& des Fran

çois.

Qu'un Auteur eût avancé que les Modernes font moins aguerris que les Anciens, en ce fens que chaque Citoyen n'eft pas Soldat, c'eft une vérité qu'on eût avouée, qui fait honneur aux premiers, & qui donne à notre âge & à notre Gouvernement une jufte préférence fur ceux des Anciens. Mais Machiavel ne faifant peut-être attention qu'à ces Italiens qui trouvoient fort étrange que les François fe ferviffent de leurs Armes en faifant la Guerre, a.cru que les Hommes n'avoient plus aujourd'hui autant de valeur qu'autrefois ; cette opinion eft affés démentie par toutes les Hiftoires de l'Europe & je ne dois pas m'arrêter à la réfuter.

[ocr errors]

Perfonne auffi n'est aflés peu infDes premie- truit des commencemens de la Modes Romains narchie Françoise & de ceux de Rome, pour comparer les premieres Guerres de celle-ci, avec celles qui établirent la domination des François dans les Gaules. Il ne faut pas confondre les Romains qui obéïrent à des Rois, ou qui fous la conduite de leurs premiers Confuls, domterent l'inquiétude indocile des Volf

ques, des Eques, des Fidenates, & des Falifques, avec ces Capitaines qui triompherent de l'orgueil des Carthaginois, & qui fubjuguerent la Grece fi fçavante dans l'Art Militaire.

Jufques au fiége de Veye qui fut une Troye pour les Romains, & dont la longueur eft une preuve de leur ignorance, leurs Guerres ne furent que des courfes fans art, où, fi l'on en excepte quelques traits de génie, capables de faire honneur aux plus grands Généraux, un courage opiniâtre & groffier décidoit de tout. Il auroit fallu peu de science aux Ennemis des Romains pour les vaincre, mais auffi ignorans qu'eux, ils ne leur oppofoient ni rufes, ni mancuvre habile.

Soit que l'on confidere nos Guerres par rapport à la grandeur de leur objet, ou du côté de l'art dont les François avoient appris les principes des Romains, elles offrent un tout autre fpectacle. Les batailles de Soiffons, de Tolbiac, & de Poitiers les établirent dans les Gaules. Les Bourguignons, les Vifigots, les Thuringiens, les autres Barbares, & les derniers Romains que les François vain

« 이전계속 »