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Madame SONBRIGE, étonnée.

La mienne ne peut augmenter. Tranquillifez-vous, Monfieur Vilson; que le courage...

VILSON.

Du courage!... Ah! j'en ai, j'en ai.

Madame SONBRIGE.

Montrez-le donc en ce moment.

VILSON.

Oui... Il eft tard... il eft tems de faire coucher ces enfants.

(Vilfon les embraffe encore une fois, en táchant de retenir fa douleur.)

Adieu... bon foir, mes enfants.

Madame SONBRIGE, les prenant par la main. Je vais les mener à leur bonne. Elle les attend.

VILSON, allant après Madame Sonbrige, &

l'arrêtant.

Elle leur eft bien attachée. Betzi a été élevée avec leur mere, elle les a vu naître; il faut la garder toujours auprès d'eux,

Madame SONBRIGE.

Affurément. C'eft une bonne fille, qui, dans votre défastre, ne veut pas vous quitter. Mais David....

on ne fait pas où il est allé; il est étonnant qu'il ne foit pas encore rentré.

(Elle fort par la gauche & emmene les enfants.)

SCENE V 1.

VILSON, FANNI.

VILSON, à Madame Sonbrige qui fort.

REVENEZ
EVENEZ tout de fuite près de Fanni.

(Puis allant lui-même pour fortir par la boutique.) Allons terminer...

(Il ouvre la porte de la boutique, puis s'arréte, tire fes lettres de fa poche, & les con fidérant :)

Voilà mes lettres... celle pour Mylord, celle pour Fanni.

(Il regarde Fanni, qui eft abîmée dans fa douleur.)

Je ne l'ai pas embraffée !... Non, je ne puis m'en féparer ainfi.

(Il remet fes lettres dans fa poche, revient vers Fanni, & fe jette à fon cou fans rien dire.) FANNI, avec une douleur tendre.

O mon ami!

48799!

VILSON, la tenant toujours dans fes bras. Chere épouse!

(Illa quitte, revient l'embraffer de nouveau; puis s'arrache de fes bras, & fort avec précipitation.)

Ah! c'eft mourir trop de fois.

SCENE VII.

FANNI, Madame SONBRIGE.

(Tandis que Vilfon fort par la boutique, Madame Sonbrige entre par la gauche & vient à Fanni.)

Madame SONBRIGE.

Tu es feule ? Il t'a quittée ?

FANNI, fe levant.

Il vient de remonter.

Madame SONBRIGE.

Confole-toi, ma chere enfant, & reprends du courage pour en infpirer à ton mari. Il faut favoir fupporter cet état malheureux; il pourra changer. Oui, j'écrirai à Falkland. Falkland m'a abandonnée, m'a trahie mais il ne laiffera pas fa fille dans l'indigence. Si je n'avois defiré que la richeffe, j'aurois été fatisfaite. C'eft fon coeur que je voulois. Mais je me réfoudrai, pour toi, à lui écrire encore.

:

FANNI, fe penchant fur fa mere, en lui ferrant

les mains.

O la meilleure des meres!... Hélas ! fe peut-il celui que je n'ofe nommer mon pere... Mais remontons. N'abandonnons pas Vilfon à lui-même.

que

Madame SONBRIGE, appercevant David.
Ah! David! Où étoit-il donc allé ?

SCENE VIII

Madame SONBRIGE, FANNI, DAVID.

DAVID, entrant avec empreffement, la joie peinte fur le visage.

To U T eft réparé, tout. Séchez vos pleurs ; il n'y

a plus de malheureux ici.

Madame SONBRIGE.

Y penfes-tu bien ? Que veux-tu dire?

DAVID, oppreffé par fa joie.

Vous m'en voyez pleurer de joie... Oui, voici le plus beau moment de ma vie... Où eft mon cher maître? Que j'aille lui apprendre....

FANNI, le retenant.

Arrête donc, dis-nous...

DAVID.

Écoutez: Mylord Orfey... O quel homme ! Quel brave feigneur! Oui, après Monfieur Vilson, je crois que c'étoit le plus digne de vous avoir pour femme.

FANNI.

O Dieu! Mylord Orfey? Qu'a-t-il fait? Que peut-il ?

DAVID.

Le Ciel m'a bien infpiré, & je lui en rends grace. Je fuis allé chez Mylord, j'ai attendu fon retour, Dès que je l'ai vu, je me fuis jetté à ses pieds; j'étois tout en larmes. Il me preffoit de parler ; j'ai été long-tems fans le pouvoir: les fanglots me coupoient la voix. Enfin, je lui ai appris que vous aviez ce matin époufé Monfieur Vilfon. A ces mots il s'eft laiffé tomber dans un fauteuil, fans pouvoir proférer une parole. J'ai profité de fon filence pour continuer. Je lui ai appris le défaftre qui avoit fuivi votre mariage; que vous étiez à préfent l'un & l'autre réduits à la mifere, fans pain, fans reffource. Ah! Mylord, lui ai-je dit, ils ignorent que je fois venu vers vous; mais j'ai cru. Mylord, je ne quitte pas vos genoux .... Il eft refté long-tems fans me répondre. Tantôt il fe détournoit, tantôt il jettoit fur moi des regards fombres. Je tremblois dans l'attente de ce qu'il alloit dire; enfin, tout-à-coup fe

....

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