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VILSON, d'un air égaré, regardant la lettre-dechange.

Que dites-vous?... Comment? Avec quoi ?

Madame SONBRIG E.

Fanni a donné fes diamants.

VILSON.

Fanni?... Qu'entends-je ?*

Madame SONBRIGE.

Oui, mon ami. Elle a eu bien plus de plaifir à s'en défaire pour vous, qu'elle n'en avoit eu à s'en parer. Ce n'eft pas là ce qu'il y a d'étonnant; c'est...Mais, venez vîte auprès d'elle; hâtez-vous...

O Fanni! Fanni!

VILSON.

(Puis fe jettant avec défefpoir dans les bras de Madame Sonbrige.)

Ah! Madame ! qu'avez vous fait toutes deux? Hélas! l'envie de me fauver vous enveloppe donc dans mon naufrage! voilà ce qui met le comble à mon défespoir. Oui, je fuis perdu, ruiné fans reffource. Regardez ces gens.... Ils viennent pour... Ah! courez vers Fanni; ne la quittez point; empêchcz-là de defcendre, d'être témoin de ce désastre effroyable.

(David fe retire dans un coin, prend fon mouchoir, & fe met à pleurer.)

Madame SONBRIGE, fe laiffant aller dans les bras de

Vilfon.

O Ciel! eft-il bien vrai?

VILSON, faifant un effort fur lui-même pour fe calmer un peu.

Plus de reffource. Mon correfpondant de Norwick, l'affocié de Sudmer, manque auffi, & toute ma fortune ne fuffira pas... Allez vers Fanni... (Madame Sonbrige fe rejette dans les bras de Vilfon, avec un transport de douleur, & Vilfon la conduit à la porte de l'efcalier.)

Allez, vous dis-je; éloignez-vous. Ces momens font affreux. Je ne fuis pas en état de vous fuivre à préfent.

(Madame Sonbrige fort en pleurant.)

SCENE VII.

VILSON, DAVID, LE SERGENT; & LES SIX RECORDS.

(Vilfon vient fe jetter dans un fauteuil, à la gauche du théâtre, près de la table fur laquelle il appuie fa tête dans un morne filence; & David, toujours dans fon coin, le vifage tourné contre le mur, paroît abîmé dans fa douleur.)

UN des RECORDS.

Mon fergent, nous perdons du tems: c'est jour

ON

de vente; &, en nous dépêchant, nous pourrons aujourd'hui tranfporter fur la place une partie de ce qui eft ici.

LE SERGENT.

Oui; mais avant que d'enlever les gros meubles, il faut faifir ce qui eft dans le comptoir, dans les ar moires.

(Il s'avance vers Vilson.)

Monfieur, c'est à regret ; mais il faut que je faffe mon devoir. Voulez-vous bien me donner les clefsè fans quoi nous ferions obligés.

VILSON, levant la téte, regarde fixement le Sergent avec des yeux égarés, puis d'une voix foible,

David.... donne les clefs.

(Il se rejette contre la table, en cachant son visage dans fes mains.)

LE SERGENT, allant à David.

Allons, Monfieur, les clefs.

(David, fanglottant plus fort qu'auparavant &' se détournant encore, tire de fa poche un paquet de clefs, & les jette à terre.)

LE SERGENT, ayant ramaffè les clefs, & allant vers fes Records,

A préfent, partageons-nous. Que les uns aillent à la boutique, d'autres au magafin, à la manufacture..... Il faut auffi monter aux appartements. Y a-t-il là des portefaix?

UN des RECORDS.

Oui, mon fergent; cela ira grand train. (Le Sergent entre avec deux Records dans la boutique, laiffant ouverts les deux battants de la porte: deux autres Records vont au magafin, & deux autres montent aux appartements. Pendant tout le refle de l'ade, on apperçoit un grand mouvement dans la boutique; on voit paffer des meu bles, des étoffes, des miroirs, que l'on charge fur des brancards & qu'emportent des portefaix.)

SCENE

VIII.

DAVID, VILSON, éloignés l'un de l'autre.

VILSON, toujours affis.

Il femble que le deftin attendoit qu'un nœud fatal

me les eût attachées, pour nous entraîner tous enfemble.... Ah! ce n'est pas mon fort qui me touche; c'eft le leur!

DAVID, au côté droit du théâtre, vers le fond.

Hélas! moi qui ai vu fon pere former cet établiffement, qui l'ai vu profpérer fi long-tems..... O Ciel! aurois-je cru jamais que mes yeux feroient témoins.....

VILSON, fe levant.

Je l'époufe ce matin.... Elles donnent pour moi tout ce qu'elles ont, argent, diamants.... Elles ne fe réfervent rien, & tout eft perdu!.... Elles font fans reffource, réduites à la mifere.... Et c'eft fon amour pour moi, c'eft leur générofité feule qui les

y

réduit! . . . .

DAVID.

J'efpérois mourir ici.... C'eft de douleur que j'y

mourrai !

(Alors entre un Laquais en bottes & un fouet à la

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