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fubmergea dans les flots de la mer Rouge, lorfqu'ils vous pourfuivoient; & comme le Seigneur les a punis jufqu'à ce jour; ce qu'il a fait à votre égard dans le Défert, jufqu'à ce que vous vinffiez en ce lieu; ce qu'il a fait à l'égard de Dathan & d'Abiron, enfans d'Eliab fils de Ruben, que la terre a englou tis avec leurs maifons, leurs tentes & tout ce qu'ils poffédoient au milieu d'Ifraël. Vos yeux ont vu toutes ces grandes œuvres du Seigneur, &c.

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Il s'enfuit de-là manifeftement, que fi les Livres de Moïfe font un recueil de fauffetés, il eft impoffible que les faits qui y font contenus, ayent été imaginés & adressés au Peu ple qui vivoit dans le tems qu'on fuppofe que ces faits font arrivés.

On dira peut-être que ces Livres ont été écrits quelques fiécles après la mort de Moife & qu'on les lui a attribués. A cela je réponds qu'il ne fe peut pas faire peut pas faire que ces Livres ayent été reçus comme les Ecrits de Moïfe, dans le fiécle où l'on prétend qu'ils ont été fuppofés. Pourquoi? Parce que dans ces Livres il eft parlé de ces Livres mêmes, comme écrits & publiés par Moïfe, & confervés dans l'Arche après qu'il les eut écrits.

(a) Moife ayant donc achevé d'écrire les paroles de cette Loi dans un volume, il dit (a) Deut. c. 31. v. 245.

aux Lévites qui portoient l'Arche d'alliance du Seigneur: Prenez ce Livre & mettez-le dans un côté de l'Arche du Seigneur votre Dieu, afin qu'il y foit én témoignage contre toi, ô Ifraël. Le Roi devoit auffi avoir une copie de ce Livre. (a) Le Roi à fon avenement à la Couronne écrira une copie de cette Loi dans un Livré, & fera cette copie fur l'exemplaire qui eft entre les mains des Lévites. Il la confervera chez lui & la lira tous les jours de fa vie, afin qu'il apprenne craindre le Seigneur fon Dieu, & à observer les paroles & les cérémonies de cette Loi.

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Vous voyez que ce Livre de la Loi parle de lui-même, non feulement comme d'une Hiftoire & d'une Relation de ce qui s'étoit paffé alors, mais comme d'un corps de Loix municipales de la Nation Juive, qui obligeoient le Roi comme le fimple peuple. Or, en quelque fiècle que vous fuppofiez que ce Livre ait été écrit après la mort de Moïse, je prétens qu'il eft impoffible qu'on l'ait reçu alors comme l'ouvrage de Moïfe, parce qu'en ce cas on ne l'auroit trouvé ni dans l'Arche, ni chez le Roi, ni ailleurs. Car quand il auroit été publié pour la premiere fois, chacun auroit dit, qu'il n'en avoit ja mais entendu parler. Mais ils auroient pu encore moins fe perfuader que ce Livre étoit

(a) Deut. c. 17. v. 18.

le corps des Loix de leur Nation & des maximes de leur Gouvernement. Un homme pourroit-il aujourd'hui fabriquer un Recueil de Statuts, d'Arrêts & d'Ordonnances, & faire paffer ce Livre comme le feul corps de Loix que les François euffent connu jufqu'alors? Je dis pareillement, l'Auteur prétendu des Livres attribués à Moïfe a-t-il pu les fabriquer & les publier fous le nom de ce faint Législateur, comme le Recueil des Loix Judaïques, & a-t-il pu faire accroire aux Juifs qu'ils avoient toujours reconnu ces Livres comme des Ecrits de Moïse,c'est-à-dire, qu'ils les avoient toujours reconnus pour tels, avant même qu'ils les euffent connus? Je dis plus: il faudroit en ce cas que toute la Nation eût en un inftant oublié les Loix fondamentales & primitives de fon Gouverne ment. Sans cela auroient-ils pu recevoir comme le Recueil original de leurs Loix, un Recueil qui s'annonçoit lui-même comme tel? On n'a jamais impofé à une Nation par rapport à un article auffi capital.

Ces Livres ne contiennent pas feulement des Loix, ils parlent de leur inftitution & de la maniere dont elles ont été pratiquées dès le tems de Moïfe. Ils font mention de la cérémonie de la Pâque (a), en mémoire des premiers-nés d'Egypte, frappés de mort, &

(4) Num. 8. 17. 18.

que le même jour le prémier-né en Ifraël foit homme, foit bête, fut par une Loi përpétuelle confacré à Dieu; ce qui donna toujours droit aux Lévites de prendre dans toutes les familles les premiers-nés. Il y eft dit que la verge d'Aaron pouffa des bourgeons & fut gardée dans l'Arche pour conferver la mémoire de la révolte de Coré, Dathan & Abiron, & de leur funefte châtiment, & pour confirmer le Sacerdoce dans la Tribu de Lévi. On y lit, qu'un vafe rempli de manne fut pareillement gardé, pour le fouvenir que le Peuple d'Ifraël avoit été nourri miraculeufement dans le Défert pendant quarante années: que le Serpent d'Airain fut auffi confervé, (& il fe voyoit encore au tems du Roi (a) Èzéchias) en mémoire des guérifons miraculeufes que la feule vue de ce Serpent opéroit (b). Enfin, il y eft fait mention de la Fête de la Pentecôte inftituée pour conferver le fouvenir de l'apparition de Dieu fur la montagne d'Oreb. Outre ces commémorations particulieres, on voit encore dans le Pentateuque plufieurs autres cérémonies inftituées en mémoire de la fortie d'Egypte '; comme la Fête du Sabath (c), les facrifices journaliers & les expiations annuelles, les nouvelles Lunes, plufieurs jours de Fête & de Jeûne; enforte que chaque année, chaque (a) IV.Reg,18. 4. (b) Num, 21, 9, (c) Dent. 5. 15、

mois, chaque femaine, chaque jour, rappelloient le fouvenir de toutes ces choses.

Les Livres de Moïfe nous apprennent encore qu'une Tribu particuliere, qui étoit celle de Lévi, étoit particuliérement confacrée à Dieu & dévouée au miniftere de la Prê trife: il n'appartenoit qu'à cette Tribu d'offrir les facrifices,& toute autre qui auroit арproché de l'Autel devoit être punie de mort. Le Grand-Prêtre devoit porter une Mitre brillante, une robbe magnifique; avec l'U rim & le Thummin fur la poitrine, d'où il rendoit les divines réponses. Le Roi & tout le Peuple étoit obligé d'entrer ou de fortir, felon qu'il l'ordonnoit. Les Lévites étoient encore Juges Souverains & fans appel dans toutes les caufes civiles, & il falloit obéir à leurs arrêts, fous peine de mort.

Or comment peut-on fuppofer, que dans le fiécle où ces Livres attribués à Moïfe ont été fabriqués, ils ayent été reçus comme les véritables Livres de Moïfe? Il faudroit que les Auteurs de ces Livres Apocryphes euffent fait croire à la Nation Juïve, qu'elle avoit reçu ces Livres de fes ancêtres, que dès leur enfance on les avoit inftruits de ce qu'ils con tenoient, & qu'ils en avoient auffi inftruic leurs enfans; qu'ils avoient tous été circoncis & avoient pareillement fait circoncire leurs fils; que conformément à ce qui est ra

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