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Marie furent obligés d'aller en Judée, dans la Ville de David nommée Bethléem, parce qu'ils étoient de la Maifon de David. Ils y trouvérent toutes les Hôtelleries fi remplies, que Marie y étant accouchée d'un Fils, elle fut réduite à le mettre dans une Creche, faute d'autre lieu, après l'avoir emmailloté. Des Bergers, qui paffoient la nuit auprès de leurs Troupeaux dans les Champs d'alentour, virent en même tems un Ange qui les effraya d'abord par une Lumiere toute extraordinaire dont il les environna; mais il les raffura incontinent, en leur apprenant la

REMARQUE.

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juftifier le tems de la naiffance de Notre Seigneur. Comme, dit S. Juftin dans fa feconde Apologie adreffée aux Empereurs même, vous pouvez le reconnoître par les Regiftres des Denombremens faits en Judée fous Quirinus, le premier Intendant que vos Prédécesseurs y aient envoyé. Et Tertullien "De ce Dénombrement fait fous Augufte, que les Archives de l'Empire confervent comme un témoignage ,, irréfragable de la naiffance du Seigneur. De Censu Augufti, quem reftem fid ffimum Dominica Nativitatis Romana Archiva cuftodiunt. C'eft au IV. Livre contre Martion, Chap. VII. Et dans un autre endroit. " Comme on ss trouve, dit-il, Marie Mere du Chrift, dans les Regiftres qu'on tient à Rome des dénombremens.

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Sicut

apud Romanos in Cenfu defcripta eft Maria ex quâ nafcitur Chriftus, S. Chryfoftome témoigne que ces mêines Regiftres fe voyoient encore de fon tems. Auffi on ne trouve point que ni Celfe, ni Porphyre, ni Julien l'Apoftat, qui n'ont rien oublié contre l'Hiftoire de l'Evangile, Payent jamais attaquée fur ce fait fi important, & de la fauffeté duquel ils auroient eu des preuves invincibles, s'il n'eût pas été incontestable.

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Nouvelle qui étoit l'occafion de ce prodige. Il leur dit même à quelles marques ils pourroient reconnoître le Sauveur qui leur étoit né, & ils entendirent auffi-tôt dans les airs un Concert de plufieurs Voix comme celle de l'Ange, qui célébroient la Gloire de Dieu dans les Cieux, & la Paix qu'il venoit de donner aux hommes fur la Terre (1). Si-tôt que ces merveilles furent finies, ils fe mirent en chemin, pour aller voir celle qui leur avoit été annoncée; & ils en publiérent depuis la vérité, au grand étonnement de ceux qui les entendoient parler. Mais Marie fe contentoit de conferver chérement toutes ces chofes en fa mémoire, & de s'en entretenir dans le fecret de fon cœur (2).

Le huitième jour d'après, auquel la Loi commandoit que l'Enfant fût circoncis (XI),

CITATIONS.

(1) Subirò facta eft cum Angelo multitudo militia cœleftis laudantium, &c. Luc. II. 13.

(2) Confervabat omnia verba hac conferens in corde fuo. ibid. 19.

REMARQUE.

(XI.) On attendoit ce tems pour la Circoncifion, a caufe de la rigueur de l'opération, que l'Enfant n'auroit pu fupporter plûtôt : encore y en avoit-il beaucoup, qu'elle mettoit en grand danger. On ne baptifoit point autrefois en Italie avant le même tems, par la même raison ; & les anciens Romains en ufoient encore ainfi pour les luftrations

il fut appellé Jéfus, qui étoit le Nom défigné par l'Ange à Joseph; & lorsque le tems de la Purification de Marie, prefcrit par la Loi, fut accompli (XII), ils allérent à Jérufalem faire les Oblations accoutumées, & présentérent en même tems Jéfus au Seigneur, comme on y préfentoit tous les premiers nés (XIII). Un Juif de grande Piété, nommé Simeon, à qui il avoit été révélé qu'il verroit le Christ, ayant été inspiré d'aller au Temple en même tems qu'eux (1),

CITATIO N.

(1) Venit in fpiritu in Templum. Luc. II. 271

REMARQUES.

(XII.) Selon la Loi de Moïse, une femme, qui étoit accouchée d'un Fils, n'étoit cenfée purifiée qu'après quarante jours; & prefque une fois autant, fi elle avoit fait une fille. Après quoi elle devoit offrir au Temple, comme un Symbole de fa pureté, un Agneau & un Pigeon, ou une Tourterelle. Que fi elle étoit pauvre, comme la Vierge, elle n'étoit obligée d'offrir que deux Pigeons feulement, ou deux Tourterelles.

(XIII.) C'étoit une autre Cérémonie tout-à-fait féparée de celle de la Purification, & qui n'avoit rien de commun avec elle que le tems. Cette préfentation de tous les premiers nés, tant hommes que bêtes, étoit ordonnée par la Loi, en mémoire & reconnoiffance de ce que l'Ange avoit exterminé autrefois les premiers nés des Egyptiens, pour obliger Pharaon à laiffer aller le Peuple de Dieu. Mais après que le premier né avoit été présenté, les Parens le reprenoient à l'heure même, à moins qu'il ne fût de la Tribu de Levi, qui feule pouvoit fervir au Temple; & ils offroient, comme pour le racheter, cinq Sicles d'argent au poids du Sanctuaire, ce qui revenoit peut-être à quinze francs de notre Monnoie.

prit Jéfus dans fes bras ; & après avoir rendu graces au Seigneur de l'accompliffement de fa Parole, Cet Enfant, dit-il à Marie qui admiroit toutes ces chofes avec Jofeph, eft né pour la Ruine auffi bien que pour le Salut de plufieurs (XIV), pour être en bute à la contradiction des hommes, & votre Ame en fera percée comme par une Epée, afin qu'on découvre jufques à leurs plus fecrettes pensées (1). Une fainte Veuve nommée Anne, fort avancée en âge, & qui paffoit toute la vie dans le Jeûne & dans la Priere, étant auffi furvenue en même tems au Temple, où elle étoit prefque toujours, fe mit de même à louer Dieu, & en parla à tous les Fidéles de Jérusalem.

Peu après, il y arriva des Mages (XV), qui

CITATIO N.

(1) Mirantes fuper his. Ecce pofitus eft hic in ruinam & in refurrectionem multorum ; & in fignum cui contradicetur; ruam ipfius animam pertranfibit gladius, ut revelentur ex mul◄ sis cordibus cogitationes. Luc. II. 33, 34, 35.

REMARQUES.

(XIV.) Ruine des Juifs, qui ne crurent pas en lui, & qui avoient feuls avant lui la connoiffance du vrai Dieu : & falut des Païens, à qui il le fit connoître ; ce que l'Evangile appelle Réfurrection, parce qu'ils habitoient, avant ce tems, au langage de l'Ecriture, la Région des om • bres de la mort.

(XV.) Nom Grec ou Perfan, dont on appelloit les Philofophes & Aftrologues Perfans & Chaldéens, mais qui depuis, ayant été pris par les Enchanteurs, a dégé

demandérent où étoit né le nouveau Roi

REMARQUE.

néré dans un mauvais fens, de même que les noms d'Aftrologie, de Tyran, de Sophiste, de Parafite, & plufieurs autres. De ce Pays, à ce que rapporte Moife, étoir le Prophète Balaam, dont il y a au XXIV des Nombres une Prédiction fameufe de la venue du Meffie, fous la figure d'une Etoile. De ce même Pay's étoient les Sibylles, Erythrée & Sambethé, defquelles entre autres les Prédictions de l'Incarnation du Fils de Dieu étoient communes & publiques long-tems auparavant. Car il eft conftant par l'Hiftoire Romaine, qu'il y avoit d'autres Prédictions d'elles que celles qui étoient confervées à Rome avec un fecret fi religieux. Il faut encore remarquer que le Prophête Daniel, qui a prédit, le plus précisément de tous, le tems de la venue du Meffie, avoit été élevé parmi ces Mages, pendant la captivité de Babylone, & qu'il étoit en grande confidération parmi eux: & depuis que le Peuple fut mis en liberté par Cyrus, il ne laifla pas d'en refter toujours une grande partie dans fon Empire, parmi laquelle les Prophéties & l'attente du Meffie étoient auffi communes que parmi les Hébreux qui revinrent en Judée. Il est laifé de comprendre par toutes ces chofes comment les Mages dont il s'agit ici, pouvoient, même fans révélation, avoir été inftruits de l'avénement futur d'un Meffie Juif. Et pour ce qui eft du tems auquel il devoit venir, il paroît par le témoignage des plus illuftres Auteurs Païens du fiécle de Notre Seigneur, que ce tems-là étoit fi connu dans tout l'Orient, qu'on voulut en abuser à Rome, jusqu'où le bruit s'en répandit alors, pour établir la tyrannie de Jules Céfar, & depuis encore pour juftifier l'Empire des Vefpafiens. Il y avoir, dit Suetone fur Vefpafien, une Tradition ancienne & conftante dans tout l'Orient, que les Deftinées avoient ordonné qu'il fortiroit de Fudée en ce fiécle un Maitre du Monde. "Cette Prédiction, ajoute cet Auteur vérifiée, autant qu'on en peut juger par l'événement, dans la perfonne de Vefpafien (qui faifoit la guerre ,, en Judée, quand il fut fait Empereur, fut ce qui donna aux Juifs, qui fe l'attribuoient, le courage de fe révolter.,, Percrebuerat Oriente toto vetus & conftans opinio effe in fatis ut eo tempore Judaâ profecti rerum porirentur. Id de Imperatore Romano, quantum eventu pofteà paruit, praq.

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