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Nazareth, felon la Parole des Prophêtes; Que le Chrift devoit être appellé Nazaréen.

Ils alloient pourtant toujours à Jérufalem Marie & lui, au tems de la Pâque. Une fois entre autres, Jéfus qu'ils y menérent, & qui avoit alors douze ans, les ayant quittés fur la fin de la Fête, ils crurent qu'il étoit avec quelques-uns de leurs Parens, avec qui ils y étoient venus, & qu'ils devoient rejoindre en chemin le premier jour du Voyage,pour s'en retourner auffi enfemble. Mais ils furent bien furpris, quand ils les eurent joints, de voir qu'il n'y étoit point. Ils revinrent auffitôt fur leurs pas pour le chercher à Jérufalem (1), & ils le trouvérent le troifiéme jour dans le Temple, affis au milieu des Docteurs, qui les écoutoit, les interrogeoit, & raviffoit tout le monde en admiration de la fageffe de fes Difcours. Marie & Joseph n'en furent pas moins étonnés que les autres (2), & Marie lui reprochant avec tendreffe la peine où il les avoit mis (3), Pourquoi me cherchiez CITATIONS.

(1) Cum factus effet annorum duodecim, afcendentibus illis Jerofolymam fecundum confuetudinem diei fefti, confummarisque diebus, cùm redirent, remanfit puer Jesus in Jerusalem, & non cognoverunt. Exiftimantes autem illum effe in comiratu, venerunt iter diei, & requirebant eum inter cognatos motos, & non invenientes, regressi funt in Jerufalem requirentes, &c. Luc. II. 42, 43, 44, 45.

(2) Stupebant fuper prudentia & refponfis ejus. ibid. 47° (3) Fili, quid fecifti nobis? ecce pater tuus & ego dolentes quarebamus.re, ibid. 48.

vous ?

vous? leur dit-il, Nefçavez-vous pas qu'il faut que je travaille à ce qui regarde mon Pere? Mais ils ne comprirent rien à ces paroles (1); & l'ayant ramené à Nazareth, il leur fut depuis parfaitement foumis, pendant la vie cachée qu'il y mena près d'eux jusques à la trentiéme année de fon âge, & la quinziéme de l'Empire de Tibére.

Ce fut alors que Dieu fit entendre fa Parole à Jean Fils de Zacharie dans le Defert de Judée, où il s'étoit retiré dès fon Enfance. Il étoit vêtu de Chameau, il avoit une ceinture de cuir autour des reins, & ne vivoit que de fauterelles (XXIII), & de miel fauvage. Il parut tout d'un coup fur les bords du Jourdain. On y accourut auffi-tôt en foule des environs de la Judée & de Jérufalem; & tous, confeffant leurs Péchés (XXIV),

CITATIO N.

(1) Quid eft quod me quærebatis? nefciebaris quia in his qua Patris mei funt, oportet me effe? Et ipfi non audieruns {verbum, &c. Luc. II. 49, 50.

REMARQUES.

(XX111.) C'étoit une fort mauvaise viande : mais elle étoit pourtant ordinaire en ce Pays-là parmi les pauvres gens de la Campagne : car elles font mises au Chapitre XI. du Lévitique entre les animaux purs, dont la Loi permetroit de manger.

(XXIV.) Ce n'étoit pas une nouveauté, que cette Confeffion. On peut voir dans le Lévitique, & dans les Nombres, que la Loi obligeoit de tout tems à les con→ feffer, non feulement à Dieu, mais encore aux perfonnes intéreffées.

Tome I.

étoient baptizés par lui dans l'eau du Fleuve (XXV). Il leur prêchoit la Pénitence, dans

REMARQUE.

( XXV. ) Cette Cérémonie étoit prédite dans le Prophête Ezechiel, au Chapitre XXXIX, en ces termes :

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"Je

répandrai fur vous des eaux pures, & vous ferez nettoyés de toutes vos fouillures. "Effundam fuper vos Aquas mundas, & mundabimini ab omnibus inquinamentis veftris. De même, au Chapitre XIII. du Prophète Zacharie: "Il paroîtra en ce jour une Fontaine en faveur de la ,, Maifon de David & de Jérufalem, pour la Purification

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des Péchés. "In die illa aperietur domui Davidis & Jerufalem, Fons in ablutionem Peccatorum. Nous apprenons auffi des Hébreux, que quand quelque étranger vouloit anciennement s'établir parmi eux, il lui étoit permis d'y demeurer fans fe faire circoncire, pourvu feulement qu'il fe fit baptifer en figne qu'il renonçoit au culte des Idoles. Plufieurs milliers d'hommes y renoncérent de cette forte du tems de David & de Salomon. Et encore à présent, quand quelque Perfan ou Turc, enfin quelque Circoncis, qui n'eft pas Juif, veut le devenir, il faut qu'il foit baptifé. On en ufoit de même pout les femmes étrangères qui fe marioient à des Hébreux. Or ces Etrangers ainsi habitués parmi eux n'étoient pas tenus à l'obfervation des Loix de Moïfe en vertu de ce baptême, mais feulement à l'obfervation de celles que Dieu avoit données avant Moïse en diverfes occafions. Et c'eft ce qui fait préfumer que cette Cérémonie fe pratiquoit déja auparavant, & qu'elle avoit peut-être été inftituée en mémoire du Déluge peu de tems après. Il paroît du moins par l'Epitre de S. Pierre, que ce Déluge en étoit une figure. Il femble donc que S. Jean voulut faire entendre aux Juifs, en les foumettant au Baptême, qu'ils étoient comme des Idolâtres, & des Etrangers, à l'égard de la nouvelle Loi, dont il étoit le Précurfeur, & qu'il les vouloit difpofer à recevoir. On verra dans la fuite comment les Ablutions, ou Purifications par l'eau, étoient communes de tout tems parmi les Juifs, fur-tout parmi les Pharifiens. Il y a même toujours eu quelque chofe de mystérieux dans toutes les faulles Reli gions à fe laver, & cette Action a toujours été regardée comme un signe de Purification intérieure & de changement de vie de mal en bien, Les Poëtes Païens en font pleins.

toute la rigueur qu'il la pratiquoit: il leur prédisoit, fous diverfes figures terribles, les peines qui les menaçoient, s'ils ne la faifoient pas; & leur donnoit, felon leurs différentes conditions, les inftructions nécessaires pour y vivre faintement. Plufieurs des Pharifiens & des Saducéens (XXVI), les plus orgueilleufes Sectes qui fuffent parmi les Juifs étant auffi venus à lui pour être bapti fés, Engeance maudite, leur dit-il, qui vous a montré à éviter la colère qui devoit tomber fur vous (1): Faites donc pénitence, & ne

CITATION.

(1) Progenies viperarum, quis demonftravit vobis fugere à Ventura ira? Matth. III. 7.

REMARQUE.

(XXVI. ) Les fentimens & les mœurs des Pharifiens font fi bien représentés par le Fils de Dieu même dans toute la faite de cette Hiftoire, qu'il fuffit de remarquer ici qu'ils étoient fort auftéres & fort fuperftitieux; & c'étoit d'où venoit leur orgueil. Il y en avoit de toute forte de conditions & de profeffions, mais pourtant beaucoup plus parmi les Sacrificateurs, & autres Miniftres de la Religion, que dans les autres Profellions; bien plus de pauvres que de riches. Cette Secte avoit commencé environ deux ou trois cens ans avant Notre Seigneur, ainfi que celle des Saducéens, dont il fera parlé ailleurs plus à propos, Elles étoient ennemies irréconciliables, & ne s'unirent jamais que pour s'opposer à Jesus-Chrift; du refte, fi puissantes, qu'elles contraignoient prefque toujours les Rois à prendre parti, & fe déclarer entre elles; ce qui avoie donné occafion à plufieurs Guerres Civiles, & avoit été la principale caufe que le Royaume paffa de la race des Afmonéens ou Machabées à celle d'Hérode. D'ordinaire, les Rois favorifoient davantage les Saducéens.

penfez pas dire en vous-mêmes, Nous avons Abraham pour Pere (XXVII); car je vous declare que Dieu peut faire naître de ces Pierres mêmes des Enfans d'Abraham.

Or, comme Jean baptifoit tout ce monde, Jéfus vint de Galilée pour être auffi baptisé par lui. Jean voulut d'abord s'en défendre. C'est moi, lui dit-il, qui ai befoin de l'être par vous. Mais Jéfus lui répondit, Laiffezmoi faire pour cette heure; car il le faut ainf(2).Il fut à peine forti de l'Eau(XXVIII), que les Cieux furent ouverts à fes yeux. Jean vit l'Esprit de Dieu defcendre fur lui en forme de colombe, comme il faifoit fa Priere; & on entendit une voix dans l'air, qui dit: C'est mon Fils bien aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. Il fut enfuite dans un Desert, où ayant jeûné quarante jours, le Diable lui vint dire pour le tenter, que

CITATION.

(1) Sine modò, fic enim decet. Matth. III. rgä

REMARQUE S.

(XXVII.) C'eft que les Juifs fe croyoient tous élus & cheris de Dieu par leur feule qualité d'enfans d'Abraham, de qui ils descendoient, & à qui Dieu avoit promis de bénir & de conferver fa poftérité; & certe préfomption les rendoit négligens faire des œuvres dignes d'une origine

fi fainte.

(XXVIII.) C'est qu'on ne baptifoit pas alors, comme à préfent, en verfant feulement de l'eau fur le Baptise. mais en le plongeant dedans

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