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s'il étoit le Fils de Dieu, il commandât que les Pierres devinffent des Pains. Il est écrit lui répondit Jéfus, que l'homme ne vit pas de Pain feulement, mais de tout ce qu'il plait à Dieu (1). Alors le Diable le transporta fur le haut du Temple de Jérusalem, & lui dit, que s'il étoit le Fils de Dieu, il fe jettât en bas; car, ajouta-t-il, il est écrit, qu'il commandera à fes Anges de te foutenir avec les mains. Il eft auffi écrit, répondit Jélus, que nous ne tenterons point le Seigneur notre Dieu. Enfin, le Diable le tranf porta encore fur une Montagne fort haute, d'où l'on découvroit une étendue infinie de Pays (2). Tous ces Royaumes que tu vois, lui dit-il, m'ont été donnés, & je dispose comme il me plaît de la Puiffance & de la Gloire qui les accompagne. Je t'en ferai le Maître fi tu veux m'adorer. Mais il n'eut pour réponse que ces Paroles qui le chafférent: Retire-toi, Satan. N'eft-il pas écrit, Tu n'adoreras que le Seigneur ton Dieu ? Et alors, les Anges fe préfentérent à Jélus, pour le fervir.

Cependant, le Peuple s'étant mis dans l'efprit que Jean pouvoit bien être le Chrift

CITATIONS.

(1) Sed in omni verbo Dei. Luc. IV. 4. ! (2) Oftendit ei omnia regna mundi, Matth. IV.

(XXIX), les Juifs lui envoyérent de Jérufalem des Sacrificateurs & des Lévites (XXX), Pharifiens, pour s'en éclaircir;

REMARQUES.

(XXIX.) C'est que tout le monde favoit que c'étoit alors le tems marqué par les Prophéties pour la venue du Meffie; & c'est pourquoi il parut au fiécle de l'Evangile un fi grand nombre de gens qui voulurent s'attribuer cette qualité, & auffi pourquoi le Peuple étoit fi facile à les croire & à les fuivre. Il y avoit trois Prédictions principales fur ce tems. La premiere étoit celle de Jacob mourant, Que le Meffie viendroit quand le Sceptre fortiroit de Juda; c'est-à-dire, quand un Etranger regneroit. Or cette prédiction étoit accomplie, quand Notre Seigneur nâquit, en la perfonne du Grand Hérode, Iduméen d'origine, & le premier Roi de Judée, qui ne fut pas originaire Juif. Les deux autres Prophéties étoient celle des Semaines de Daniel, dont le nombre, de quelque maniere qu'on les compte, tombe néceffairement dans tout le fiéele de Notre Seigneur ; & celle de la fin des Royaumes de Syrie & d'Egypte, qui devoit arriver felon le même Prophête, avant l'établissement de la quatrième Monarchie, qui eft celle des Romains, fous laquelle le Meffie devoit venir. Or ces deux Royaumes finirent effectivement dans Je tems qui étoit prédit : celui d'Egypte, dans la perfonne de la fameufe Cléopatre, peu d'années avant la Naiffance de Jefus-Chrift; & celui de Syrie, quelque tems auparavant.

cateurs,

(XXX.) Des douze Tribus d'Ifraël, celle de Lévi étoit feule & toute destinée au service de la Religion, comme P'Ordre Eccléfiaftique parmi nous. Il y avoit diverfes fonЯtions dans cet Ordre. La plus noble étoit celle des Sacrifi& elle avoit été réfervée à la feule Race d'Aaron, Frere de Moïfe, & arriere petit-fils de Lévi, comme il a déja été dit. Or quoique ceux de cette Race d'Aaron, dont étoient tous les Sacrificateurs, defcendant de Lévi auffibien que le refte de fa Tribu, puffent dans ce fens être auffi appellés Lévites; néanmoins on n'entendoit d'ordinaire par ce nom que le refte de cette Tribu, qui n'étoit point de la Race Sacerdotale, La fonction, que Moïse affi

mais il leur répondit fans héfiter, qu'il n'étoit, ni Christ, ni Elie, qui felon l'Ecriture devoit revenir fur la Terre, ni même Prophête. Et, comme ils continuérent à lui demander ce qu'il étoit donc ? Je fuis, leur dit-il, la Voix qui crie dans le defert (1), Préparez les chemins du Seigneur, ainfi qu'Ifaïe l'a prophétife. Pourquoi donc baptifez-vous, reprirent-ils, puifque vous n'étes, ni le Chrift, ni Elie, ni Prophéte (XXXI). Je ne baptife, leur dit-il, que dans l'Eau; mais il y a quelqu'un parmi vous que vous ne connoiffez pas, qui doit venir après moi, & qui m'a été préféré, parce qu'il eft plus grand que moi; car je ne fuis pas digne de dénouer le cordon de fes

CITATION.

(1) Vox clamantis, &c Luc. III. 3.

REMARQUES.

gna d'abord à ces Lévites, fut de prendre foin de tout ce qui regardoit le Service, la conduite, & les Campemens du Tabernacle, fous la direction des Sacrificateurs. Depuis, David les réduifit à vingt-quatre mille, de trente-huit mille qu'ils fe trouverent de fon tems; & ceux-là garderent feuls le nom de Lévites. Des autres quatorze mille if en fit quatre mille Portiers, quatre autres mille Chantres, & les fix mille reftant Scribes, ou Docteurs de la Loi, dont il a déja été parlé plus haut.

(XXXI. ) Cela montre qu'une des raifons, qui faifoit foupçonner que S. Jean fût le Christ, étoit qu'il baptisoit, & qu'il étoit prédit par les Prophêtes, que le Meffie établiroit un Baptême nouveau, ainfi qu'il a été remarqué plus haut.

Souliers (XXXII): c'eft lui, qui vous bap. tifera dans le faint Efprit & dans le Feu (XXXIII). Depuis, voyant Jéfus qui revenoit à lui du Defert, Voici l'Agneau de Dieu (XXXIV), dit-il : voici celui qui efface les Péchés des hommes (1), de qui je difois, qu'il viendroit après moi un plus

CITATIO N.

(1) Qui tollit peccata mundi, Joan. I. 29.

REMARQUES.

( XXXII. ) C'étoit une maniere de parler fort ordinaire parmi les Hébreux, pour fignifier le plus bas de tous les fervices qu'un Inférieur peut rendre à un Supérieur, & elle a paffé d'eux aux Poëtes Grecs & Latins, qui s'en font fervis quelquefois.

( XXXIII.) C'eft pour marquer la différence du Baptê me de S. Jean, avec celui de Jéfus Chrift, en ce que ce◄ dui de S. Jean ne faifoit que purifier l'ame de fes fouillures, comme l'eau nettoie le corps, & qu'il ne donnoit pas comme celui de Jésus-Chrift la force de vivre purement à l'avenir, représentée par l'Esprit & par le Feu. S. Luc, au I. Chapitre des Actes, explique ce Baptême de feu de la defcente du Saint Efprit fur les Apôtres en langues de feu, laquelle il appelle du nom même de Baptême au II. Chapitre du même Livre. Origéne l'explique du feu de PurgaLoire.

( XXXIV. ) Jésus-Chrift eft appellé de cette forte en cet endroit par allufion à diverfes Prophéties d'Ifaïe & de Jérémie, qui le repréfentent, pour exprimer fa patience & fa douceur, comme un Agneau qui fe laifle mener fans réfiftance à l'Autel, où il doit être égorgé, Agnus manfuetus qui portatur ad victimam; ou qui fouffre qu'on lui coupe fa laine fans jetter le moindre cri, quafi Agnus coram tondente fe obmutuit: mais fur-tout, par rapport à l'Agneau Paschal, l'une de ses plus illuftres figures, & à beaucoup d'autres qu'on offroit dans l'ancienne Loi aux Sacrifices d'expiation pour plufieurs fortes de péchés, de même que Jésus-Chrift fe devoit offrir lui-même en victime d'expiation pour ceux de tout le monde.

puillant

que

puissant que moi (1). Je ne le connoiffois pas; mais celui qui m'a envoyé m'a dit celui, fur qui je verrois defcendre le faint Efprit, baptiferoit par le faint Efprit. Je l'ai vu, & je lui ai rendu témoignage qu'il eft le Fils de Dieu.

Le jour d'après, deux Difciples de Jean, qui avoient entendu ce Difcours, suivirent Jéfus jufqu'au lieu de fa demeure, & y furent avec lui toute la nuit. L'un, qui s'appelloit André, en parla depuis à un frere qu'il avoit, nommé Simon, & l'amena à Jésus, qui lui dit d'abord fon nom, & lui prédit en même tems qu'il le quitteroit pour prendre celui de Pierre. Ils étoient de la Ville de Betfaïde, ainfi qu'un autre Juif, nommé Philippe, à qui Jéfus commanda de le fuivre en Galilée, où il vouloit aller. Celui-ci, en ayant rencontré un autre, qui s'appelloit Nathanaël, l'affura qu'il avoit trouvé le Chrift prédit par Moïfe & par les Prophétes, Jéfus de Nazareth: & Nathanaël lui ayant dit, s'il pouvoit venir quelque chofe bon de Nazareth (2) (XXXV)? Venez, lui répondit

CITATIONS.

(1) Fortior me. Joan. I. 15.

(2) A Nazareth poreft quidquam boni esse ? ibid. 46;

REMARQUE.

( XXXV. ) Le mépris, dans lequel il paroît par ce dif

Tome I.

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