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qui l'environnoit pour le lui préfenter,ils fu rent obligés de monter fur le toit de la Maifon, pour descendre dedans avec le lit & le malade, par une ouverture qu'ils y firent. Jéfus, voyant leur Foi, lui dit (1), Mon Fils, vos Péchés vous font remis (L). A ces mots, les Pharifiens & les Docteurs commencérent à murmurer, & à dire entre eux qu'il blafphémoit, & que nul autre que Dieu ne pouvoit pardonner les péchés. Mais lui qui voyoit dans leur cœur (2), voulant confondre leur malice, leur demanda lequel étoit plus facile, ou de dire à cet homme que fes péchés étoient remis, ou de lui dire de fe lever & de s'en aller ? Or, afin que vous fçachiez, continua-t-il, que le Fils de l'homme a le pouvoir de remet

CITATIONS.

(1) Per regulas Luc. V. 19. Videns fidem illorum dixie paralytico. Matth. IX. 2.

(2) In cordibus fuis. Marc. II. 6.

REMARQUE.

(L.) C'eft que les maladies étoient quelquefois parmi Jes Juifs des punitions de Dieu pour les péchés que la Loi ne puniffoit pas, ainsi qu'il l'avoit déclaré au XXVIII. Chapitre du Deutéronome. Le Fils de Dieu le déclare auffi aux II & III. Livres de cette Hiftoire. C'est pourquoi, voulant guérir ici ce Paralytique, il commence en lui pardonnant fes péchés qui étoient la caufe de fon infirmité ; & il ajoute enfuite la guérifon de cette infirmité, pour prouver aux Pharifiens la vérité de ce pardon invisible, par cette Guérison toute visible.

tre les péchés ici-bas (1), Je te commande, dit-il au Paralytique, de te lever, & d'emporter ton lit. Le malade obéit à l'instant, & le Peuple faifi d'une religieufe horreur ne fe laffoit point de rendre graces à Dieu (2), de ce qu'il avoit donné une fi grande puiffance à un homme (3).

Au fortir de cette maison, Jéfus vit en paffant par la Ville un Publicain, nommé Matthieu, affis au lieu où il recevoit les tributs, & lui dit de le fuivre. Cette homme se leva fur l'heure, & le mena chez lui, où il lui donna un grand Feftin (4), avec plufieurs Publicains & autres gens de mauvaise vie (5) (LI). Les Pharifiens & les Docteurs

CITATIONS.

(1) In terra, Marc. II, 10. (2) Stupor apprehendit omnes

Luc. V. 26.

magnificabant Deum,

(3) Qui dedit poteftatem talem hominibus, Matth. IX. 8. (4) Convivium magnum, Luc. V. 29. (s) Er peccatores, Matth. IX. 10.

REMARQU E.

(L.) Il est aifé de juger par la docilité & l'humilité que le Fils de Dieu loue en eux dans toute cette Hiftoire, qu'il ne les trouvoit pas fi méchantes gens que les Pharifiens vouloient faire croire. Mais c'eft qu'outre la haine de toutes les Nations vaincues pour celles qui les ont fubjuguées, & le mépris général des Juifs pour tous les autres Peuples, jamais aucun n'eut tant d'horreur qu'eux pour toute forte d'Impofitions. Et puifque la plupart ne croyoient pas pouvoir les payer en confcience, on com

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en furent encore fcandalifés. Ils dirent à fes Difciples, à quoi ils fongeoient & leur Maître auffi, de manger avec des perfonnes fi diffamées? Mais Jéfus les ayant entendus leur répondit, que c'étoient les malades, qui avoient befoin de Médecin, & non pas ceux qui fe portoient bien. Je ne fuis pas venu, leur dit-il, appeller les Juftes à la pénitence, mais les Pécheurs. Sur cette réponse, des Disciples de Jean-Baptifte vinrent lui demander, pourquoi il falloit que les fiens fif fent bonne chere, pendant qu'eux paffoient leur vie dans le Jeûne & dans la Priere (LII)? Voudriez-vous, leur dit-il, que les Amis de

REMARQUES.

prendra facilement à quel point ils devoient hair ceux qui les exigeoient. C'étoit cette haine, qui leur faifoit exagérer avec tant d'aigreur les défordres de la vie des gens d'affaires de ce tems-là, peut-être un peu plus voluptueufe que celle du commun du monde. Les Rabbins ont même un Proverbe, dont le fens eft, qu'il ne faut jamais s'allier dans une famille où il y a un Publicain, parce qu'il ne fçauroit dès-là, difent-ils, y avoir que de fort méchantes gens. On voit par-là, que tous les Publicains de Judée n'étoient pas Romains, ni Etrangers, & qu'il y en avoit auffi de Juifs, comme S. Matthieu & Zachée, quoiqu'ils fuffent exclus des chofes faintes, qu'il fût défendu de recevoir leur témoignage en jugement, & qu'il y eût quelque infamie à les fréquenter.

(LII.) Ils jeûnoient, pour demander à Dieu la liberté de leur Maître, qui étoit en prifon. La Réponse que le Fils de Dieu leur fait ici, eft fondée fur ce que le jeûne ne fe pratiquoit parmi les Juifs qu'en tems d'adverfité, ou de grand danger; & c'est pourquoi ils ne jeûnoient jamais Je jour du Sabbat, qui étoit deftiné à la joie

l'Epoux fuffent triftes pendant qu'il eft avec eux ? Un tems viendra, qu'il leur fera ravi (1), & qu'ils jeûneront comme vous.

Il avoit à peine achevé de parler, quand un Chef de la Synagogue (LIII), nommé Jaïr, fe vint jetter à fes pieds, pour le prier de fauver la vie à fa Fille unique, qui se mouroit. Jéfus s'étant mis auffi-tôt en chemin pour y aller,fuivi d'un grand nombre de Peuple, une Femme, qui avoit dépensé tout fon bien en remedes (2), fans pouvoir arrêter un Flux de fang qu'elle avoit depuis douze ans, fit en forte de toucher par derriere le bord de fa Robe au travers de la preffe, perfuadée que c'étoit affez pour guérir (3). En effet, elle fentit à l'inftant un changement dans toute fa perfonne, qui ne lui per mit pas de douter qu'elle ne le fût (4) ; & il fentit auffi la merveille qu'il avoit opérée

CITATIONS.

(1) Cùm auferetur ab eis. Matth. IX. 15.

(2) In Medicos erogaverat omnem fubftantiam fuam) Luc. VIII. 43.

(3) Dicebat intra fe, fi tetigero, &c. Matth. IX, 21. (4) Senfit corpore quia fanata eßet. Marc. V. 29.

REMARQUE.

(LIII.) Ce n'étoit pas un Sacrificateur, ni aucun autre Lévite, mais un Laïque de probité reconnue, dont la fonction étoit de préfider à l'Affemblée, de lire & interpréter la Loi au Peuple au défaut des Docteurs, & de faire les Prieres publiques.

(1). Il fe tourna pour demander qui l'avoit touché; & tout le monde s'en défendant, Simon ne put s'empêcher de lui répondre, Vous êtes prefque étouffé de la foule (2), & vous demandez qui vous touche ? Néanmoins perfiftant toujours à dire que quelqu'un l'avoit touché (3), il regarda de tous côtés, comme s'il eût cherché des yeux la perfonne qu'il vouloit connoître (4); & alors cette Femme qui fe crut découverte, vint toute tremblante fe jetter à fes pieds (LIV); & ayant déclaré la vérité (5), Ma Fille, lui dit-il, votre Foi vous a fauvée : allez en paix. A ces mots, on vint apporter la nouvelle à Jaïr que la malade étoit morte,

CITATIONS.

(1) In femetipfo cognofcens virtutem qua exierat de illo Marc. V. 30.

(2) Turba te comprimunt & affligunt. Luc. VIII. 45. (3) Novi virtutem de me exiiße, ibid. 46.

(4) Converfus circumfpiciebar videre eam qua hoc fecerat.

Marc. V. 30.

(5) Timens & tremens dixit omnem veritatem, ibid. 32.

REMARQUE.

LIV.) Parce que, felon la Loi, une femme qui per doit fon fang, de quelque maniere que ce fût, étoit cenfée impure, & fouilloit même tout ce qu'elle touchoit ; & c'eft pourquoi celle-ci craignoit que le Fils de Dieu ne fût irrité contre elle de ce qu'elle l'avoit touché: mais elle ne fçavoit pas que toutes les actions furnaturelles, tel que fut fon attouchement par l'effet miraculeux qu'il produifit en elle, étoient naturellement exceptées de toutes les dé fenfes cérémoniales.

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