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&que c'étoit une peine inutile d'y aller (1). Mais Jéfus lui dit de ne defefpérer de rien, & qu'il crût feulement (2). Les pleurs & les plaintes redoublérent à leur arrivée dans la Maison (3); & Jéfus ayant dit tout haut, qu'il ne falloit pas s'affliger fi fort, que la Fille n'étoit pas morte, & qu'elle dormoit, on fe moqua de lui (4). Il ne laiffa pas de faire fortir tout le monde de la Chambre, excepté le Pere & la Mere, & Simon, Jacques, & Jean, qui étoient entrés avec lui. Enfuite il prit la morte par la main, & lui commanda de fe lever: elle fe mit à marcher. Il lui fit donner à manger (5), & défendit fortement (6) au Pere & à la Mere d'en parler; mais ce fut en vain, & la chofe fe répandit auffi-tôt par tout le Pays.

Le bruit de ces merveilles étant porté jufques dans la prifon de Jean-Baptifte par fes Difciples, il en envoya deux à Jéfus, pour s'en éclaircir pleinement. Ils lui virent faire plufieurs Miracles en arrivant auprès de lui (7); & lui ayant demandé enfuite, s'il n'é

CITATIONS.

(1) Quid ultrà vexas magiftrum? Marc. V. 35. (2) Noli timere, tantummodò crede. ibid. 36.

(3) Flebant & plangebant. Luc. VIII. 52.

(4) Deridebant eum. ibid. 53.

(s) Dixit dari illi manducare, Marc. V. 43. (6) Vehementer. ibid.

(7) In ipfa hora. Luc. VII. 219

toit pas celui qui devoit venir? Allez, leur répondit-il, rapporter à votre Maître les chofes dont vous êtes témoins (1). Les aveugles voient, les fourds entendent, les lépreux font guéris, les morts reffufcitent l'Evangile eft annoncé aux Pauvres (LV). Après qu'ils furent partis, Que croyez-vous, dit-il au Peuple qui le fuivoit, que fut cet homme que vous allâtes voir dans le Défert? Un Prophete, peut-être? Oui fans doute, un Prophéte, & plus que Prophéte (2). Entre les Enfans des hommes il n'y en a jamais eu un plus grand (3). Les Publicains, & ceux du Peuple, qui l'ont écouté ont accompli les Confeils de Dieu (4) ; mais les Pharifiens, qui ont méprise fon baptême, ont rendu vains ces mêmes Con

CITATIONS.

(1) Qua audiftis & vidiftis. Luc. VII. 22. (2) Quid exiftis in defertum videre? Prophetam ? Utique dico vobis: & plufquam Prophetam, ibid. 26. (3) Inter natos mulierum, &c. ibid. 28. (4) Juftificaverunt Deum. ibid. 29.

REMARQUE..

(LV.) C'eft pour montrer l'oppofition de fon Ministere avec celui des Docteurs des Juifs de ce tems-là, qui n'enfeignoient perfonne qu'à prix d'argent, & méprifoient d'inftruire le Peuple, jufqu'à avoir inventé un Proverbe qui portoit, que l'efprit ne fe repofoit que fur le riche. Ils fe fondoient fur ce que du tems de leurs aïeux, & de la plus grande gloire de leur Nation, fes Prophétes n'étoient prefque jamais envoyés qu'aux Rois,

feils. N'avez-vous jamais remarqué ces Enfans qui jouent des Inftrumens dans les Places publiques, comment ils fe plaignent, lorfqu'ils ont pris inutilement toute forte de tons pour plaire aux Paffans? Le Ciel a le même fujet de fe plaindre de vous. JeanBaptifte eft venu, ne mangeant, ni buvant. C'est un Démon, a-t-on dit auffi-tôt. Le Fils de l'Homme eft venu, buvant, & mangeant, comme tout le monde. C'eft un Gourmand & un Ivrogne, qui n'aime que les Publicains, & les gens de mauvaife vie (1). Mais ces différentes voies, que la Sageffe a prifes en vain pour vous appeller à elle,la jufifient, & vous condamnent également (2). A ces mots une Femme élevant fa voix parmi la foule, s'écria, Bienheureuses les entrailles qui vous ont porté, & les mammelles qui vous ont nourri: Mais plutôt (3),

CITATIONS.

( 1 ) Confilium Dei fpreverunt in femetipfos non baptizati ab eo. Cui ergo fimiles dicam homines generationis iftius? Pueris fedentibus in foro & dicentibus, cantavimus vobis tibiis & non faltaftis, lamentavimus & non ploraftis... Neque manducans panem, neque bibens vinum, & dicitis damonium habet; venit Filius hominis manducans & bibens, & dicitis: Ecce homo devorator & bibens vinum, amicus Publicanorum & pectatorum, Luc. VII. 29, 30, 31, 32, 33, 34. Ecce homo vo rax & potator vini. Matth. XI. 19.

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(2) Et juftificata eft Sapientia ab omnibus filiis fuisè Ibid. 19.

(3) Quin imò. Luc. XI. 28,

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reprit-il, heureux ceux qui entendent la Pa role de Dieu, & qui la pratiquent.

Tant de chofes extraordinaires étant venues à la connoiffance de la Parenté de Jéfus, fes proches vinrent le chercher, pour fe faifir de lui, difant qu'il avoit perdu l'efprit (1). Le Peuple, au contraire, qui lui vit en même tems guérir un aveugle, qui étoit poffédé d'un Démon muet, l'admiroit toujours davantage, & l'appelloit Fils de David; mais les Pharifiens & les Docteurs commencérent à dire qu'il chaffoit les Démons au Nom de Béelzebut leur Prince (2), dont il étoit luimême poffédé (3) (LVI). Jéfus fçachant leur penfée (4), les fit venir en fa préfence (5), & leur dit, Tout Royaume, où la divifion fe met, touche de près à fa ruine (6). Un

CITATION S.

(1) Cùm audiffent fui exierunt tenere eum, dicebant enim quoniam in furorem verfus eft, Marc. III, 21.

(2). Hic non ejicit damones nifi in Beelfebub ¦Principe damoniorum, Matth. XII. 24.

[3) Beelfebub haber. Marc. III. 22.

(4) Sciens cogitationes eorum, Matth. XII. 25`

(5) Convocatis eis. Marc. III. 23.

(6) Omne regnum in feipfum divifum defolabitur. Luc-XI.17.

REMARQUE.

(LVI.) La derniere, & la plus puiffante invocation de tous les Enchanteurs, étoit celle du Prince des Démons. Ils ne l'employoient jamais qu'à l'extrémité, & quand toutes les autres étoient inutiles ; & ils en menaçoient même les Démons par avance pour les obliger d'obéir, com me d'une maniere violente & douloureufe pour eux de les évoquer. Il y en a des exemples dans Lucain & dans Stace. Démon 2

Démon, dites-vous, en chasse un autre : ils font donc divifés entre eux; & fi je les chaffe au nom de leur Prince, il ruine lui-même fon Empire (1). Que fi je les chaffe par la vertu de l'Esprit de Dieu, donc le tems du Régne de Dieu eft arrivé (2). Or, continuat-il fur ce qu'ils l'accufoient d'être poffédé de l'Esprit immonde (3), je vous déclare qu'il n'y a point de miféricorde pour le blafphême contre l'Esprit de Dieu. Tout le refte fera pardonné: même tout ce qu'on dit contre le Fils de l'Homme, & qui ne regarde que lui; mais ce qui regarde auffi le faint Esprit ne le fera, ni dans cette Vie, ni dans le Siécle à venir, en ce grand Jour où l'on rendra compte de la moindre parole. Pourquoi attribuez-vous un bon effet à une mauvaise caufe? Que ne jugez-vous de l'Arbre par le Fruit? C'est que votre bouche parle de la plénitude de votre cœur ; & méchans comme vous êtes, il n'en fçauroit fortir rien qui ne vous reffemble (4).

CITATION S.

(1) Si Saranas Satanam ejicit adverfus fe divifus eft. Matth. XII. 26.

(2) Quomodo ftabit regnum ejus? Si autem in Spiritu Dei, igitur pervenit in vos regnum Dei, ibid. 26.

|_ (3) Quoniam dicebant Spiritum immundum habet. Marc. III. 30.

aut,

(4) Aut facire arborem bonam & fructum ejus bonum; &c. Ex fructu arbor cognofcitur. Quomodo poreftis bona loqui, cùm fitis mali, &c. I Malus homo de malo thefauro profert mala. Matth. XII. 33, 34, 35 x

Tome I.

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