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& fe fera petit comme cet Enfant, fera le plus grand dans le Ciel, & vous n'y entrerez jamais, fi vous ne devenez comme lui. Il propofoit toujours cet âge, comme le modéle de l'humilité & de l'innocence. Une fois entre autres, qu'on lui en préfentoit beaucoup afin qu'il les touchât (1), fes Difciples, croyant cette occupation indigne de lui, fe fâchérent contre ceux qui les préfentoient (2); mais il en témoigna une indignation extraordinaire (3), & rappellant ces enfans qu'ils avoient rebutés fi rudement, il les embrassa (4), les benit, & dit à fes Difciples, Laiffez-les ap procher de moi, & gardez-vous bien de les méprifer car le Ciel n'eft que pour eux & pour ceux qui leur reffemblent (s): & l'intention de mon Pere eft qu'il n'en périsse pas un feul (6). Auffi fi quelqu'un les fcandalife, il vaudroit mieux pour lui qu'il fût au fond de la Mer.

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Entre autres fuperftitions que les Juifs te

CITATION S.

: (1) Offerebant ifti parvulos ut tangeret illos, Marc, X, IN (2) Comminabantur offerentibus, ibid. 13.

(3) Indigne tulit, ibid. 14.

(4) Et complexans eos. ibid. 16.

(5) Talium eft enim regnum Dei. Luc. XVIII. 16. (6) Non eft voluntas antè Patrem veftrum ut pereat unibi

de pufillis iftis. Matth. XVIII. 14.

noient de leurs Anciens (LXXVIII), ils croyoient que c'étoit un acte de Religion de fe laver fouvent. Les Pharifiens & les Docteurs, qui cherchoient toujours des prétextes pour accufer Jéfus de violer la Loi ou la Tradition (1), ayant remarqué un jour que

"

CITATION.

(1) Infidiantes ei, & quærentes aliquid capere de ore ejus ut accufarent eum. Luc. XI. 54.

t

REMARQUE.

( LXXVIII. ) Il y en avoit un nombre infini de toutes fortes, même de fort fales & de fort horribles. Parmi celles qui fe peuvent dire, la maniere, dont ils obfer voient les Fêtes moins folemnelles que le Sabbat, n'étoit pas des moins bizarres. En voici quelques particularités, pour fervir d'exemple, & pour faire voir jusqu'où peur aller l'extravagance de l'efprit humain, quand il s'est une fois égaré des voies qui lui font marquées par la Na ture, ou par la Révélation. A caufe que la Loi défendoir abfolument de faire du feu, de quelque maniere, & pour quelque ufage que ce fût, le jour du Sabbat, ils obfervoient aux autres Fêtes moins folemnelles, qu'il étoit permis d'en faire, de ne le fouffler qu'avec la bouche par dedans une Canne vuidée, au lieu de le fouffler comme les jours de travail avec un foufflet; & cela, parce, difent leurs Rabbins, que le foufflet eft un inftrument trop artificiel, & qui fert à plufieurs métiers qu'il n'eft permis d'exercer qu'aux jours de travail. Ils n'ofoient auffi pêcher dans leurs réfervoirs les jours de ces moindres Fêtes, quoiqu'ils ne fiffent point de fcrupule de tuer la volaille de leur Baffe-Cour. Ils prenoient encore garde, en faifant le feu, à ranger le bois d'une maniere qui ne reflemblât point à celle dont on le difpofe quand on bâtit des Maifons. II n'étoit permis de fe laver ce jour-là, que les pieds, & non pas tout le Corps. Il étoit défendu de toucher aux œufs que les poules faifoient ; & fi un du jour fe trouvoit mêlê parmi mille autres, il étoit également défendu de toucher

fes Difciples s'étoient mis à table fans fe laver les mains (LXXIX), le trouvérent fort mauvais, & lui en demandérent la raifon.

REMARQUE S.

à tous ces mille. Cependant, fi on en trouvoit un tout formé dans une poule qu'on tuoit, il étoit permis de la manger. Enfin, il étoit ordonné d'être gai & content tout le long du jour, foi, fa Femme, fes Enfans, & fes Valets.

(LXXIX.) Ce n'étoit pas de les laver fimplement, comme la propreté y oblige. Il falloit le faire avec certains geftes & certaines Cérémonies affectées. Un Rabbin qualifiant le Péché de ceux qui y manquoient, le met au même rang que le commerce charnel avec une femme publique; & ce qui eft encore plus étrange, la Tradition le déclaroit digne de mort. Le fondement de cette fuperftition étoit, que les Pharifiens croyoient, que fi un Etranger, ou un Juif même, fouillé de quelqu'une des impuretés déclarées par la Loi, avoit touché à quelque chofe de ce qu'ils mangeoient, ou aux plats, ou aux verres, ou à la table, ou ce qui étoit bien pis à leurs mains, tout ce qui avoit été touché ainfi par cet Etranger, ou par ce Juif impur, étoit fouillé par cet attouchement; & fouilloit de même la viande qu'il touchoit ; que cette viande fouilloir enfuite le corps où elle entroit : & qu'enfin ce corps ainfi fouillé, fouilloit auffi l'Ame. Or ils penfoient qu'il n'y avoit qu'à bien laver tout ce qu'ils touchoient, & avec quoi ils touchoient, pour éviter ce malheur. Les Efféniens, qui étoient une autre Se&te de Juifs dont l'Evangile ne parle point, & la plus auftere de toutes, portoient encore plus loin cette fuperftition; car s'il arrivoit que quelqu'un des moindres d'entr'eux touchât par hazard en paffant quelqu'un des plus avancés en perfection & en vertu, le plus faint fe tenoit fouillé par cet attouchement, & il étoit obligé de s'en purifier à l'inftant par les Ablutions. De ces mêmes principes vint auffi la Secte de ceux qui se faifoient baptifer tous les jours, & qu'on appella par cette raifon Emerobaptiftes; perfuadés avec raifon, que fi tout ce qu'on touchoit d'impur fouilloit l'ame, il étoit moralement impoffible qu'on ne fût fouillé tous les jours de quelque maniere

Mais il leur demanda lui même, pourquor ils préféroient en tant de rencontres leur Tradition à la Loi? Vous ne pouvez pas ignorer, leur dit-il, à quel point la Loi recommande d'honorer les Peres & les Meres & vous tenez pourtant, que fi un Fils offre au Temple ce qu'il pourroit employer à affifter fon Pere dans le befoin, il fatisfait au Commandement, & n'eft plus obligé de lui rien donner (1)(LXXX).Ne dites-vous pas encore, que fi quelqu'un jure par l'Autel,

CITATION.

(1) Si dixerit homo patri aut matri, donum quodcumqua me tibi profuerit, Marc. VII. 11. Ultrà non dimittitis eum quidquam facere patri fuo aut matri, ibid. 12.

REMARQUE.

( LXXX. ) C'est ici l'une des opinions que les Sacrifi cateurs, prefque tous Pharifiens, avoient inventées, pour s'attirer tout le bien du Peuple fous divers prétextes, quelque impies qu'ils fuffent dans le fond, comme celuici, & contraires manifeftement à la Loi de Dieu. Il est aifé de juger qu'il y en devoit avoir bien d'autres, puifqu'on en étoit venu jusqu'à ce point : & l'abus étoit à la fin monté à un tel excès, au rapport d'Origéne, que les Débiteurs confacroient leurs dettes au Temple, pour en fruf trer leurs Créanciers; car c'étoit une maxime inconteftable, que tout ce qui y étoit donné, de quelque maniere que ce fût, & foit qu'on eût droit d'en difpofer, ou qu'on ne l'eût pas, étoit dès-lors hors de commerce & de toute puiffance humaine. De même, quand les Créanciers ne pouvoient pas fe faire payer, ils donnoient au Temple ce qui leur étoit dû, & les Sacrificateurs avoient des moyens de contraindre les Débiteurs, qui leur étoiens tout particuliers,

ou par le Temple, il ne s'oblige à rien ; mais que s'il jure par l'Or du Temple, ou par L'Offrande qui eft fur l'Autel, fon ferment L'oblige? Infenfes que vous êtes (1)! Lequel eft plus digne de respect, de l'Or qui fert à L'ornement du Temple, ou du Temple qui Sanctifie cet Or! de l'Offrande qui eft fur l'Autel, ou de l'Autel qui fanctifie cette Offrande? Combien de chofes femblables peut-on reprocher à votre Tradition? O Hypocrites! qu'Ifaïe vous a bien dépeints, quand il a dit, Cette Nation m'honore des lévres: mais leur cœur eft bien loin de moi; & rien ne leur fera plus inutile, que le culte qu'ils ont inventé pour me rendre (3). Sça chez, continua-t-il en s'adreffant au Peu ple qu'il appella à lui, que rien de ce qui entre dans la bouche de l'homme ne peut le fouiller, mais feulement ce qui en fort. Malheur à ceux qui ont fi grand foin de nettoyer le dehors, pendant que le dedans eft plein d'injuftice, de malice, & d'impureté (3) ; femblables à ces Sépulcres blanchis , qui paroiffent beaux à les voir, & n'enferment

CITATION S.

(1) Stulti & caci! Matth. XXIII. 17.

(2) In vanum me colunt, docentes doctrinas & pracepta hominum. Marc. VII. 7.

(3) Va vobis quia mundatis quod de foris eft, intus autem, &, Matth, XXIII, 25.

que

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