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que de la pourriture (1). Malheur à ceux qui payent fi exactement la dime des moindres herbes, non qu'ils ne foient louables de la payer, mais parce qu'ils négligent en même tems ce qu'il y a de plus important dans la Loi, la Foi, la Juftice, & la Miféricorde (2). Malheur à ceux qui font leurs bonnes Œuvres devant le monde pour être vus, & fous prétexte de leurs longues prieres ufurpent impunément le bien des Veuves (3). Que fert de me crier, Seigneur, Seigneur! fi l'on ne fait rien de ce que je commande? On n'entrera pas plus facilement dans le Royaume de mon Pere. Malheur, enfin, à ceux qui obligent les autres à des devoirs aufquels ils n'ont jamais fongé de fatisfaire eux-mêmes, & qui ne vou droient pas avoir touché du bout du doigt les fardeaux dont ils chargent les épaules de leurs Freres: A qui la Clef de la Science a été confiée (LXXXI), & qui,

(4)

CITATION S.

( 1 ) A foris fpeciofa omni spurcitiâ Matth. XXIII. 27. (2) Decimatis mentham & rutam & omne olus: hac oporuit facere, & illa non omittere. Luc. XI. 42.

(3) Comediris domos viduarum sub obtentu prolixa oratio= nis. Marc. XII. 40.

(4) Uno digito veftro, Luc. XI. 46.

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bien loin d'y introduire les autres, ne s'er fervent pas eux-mêmes, & font caufe que perfonne n'y peut entrer : Qui font fcrupule des plus légeres fautes (1), & n'en font aucun des plus grands crimes (2): Qui veu lent avoir par tout les premieres places, être falués & refpectés de tout le monde (3), & appellés Maitres, Peres, & Docteurs; quoiqu'il n'y ait qu'un feul Docteur, qui eft le Chrift (4), & qu'il foit défendu d'appeller perfonne fur la Terre du nom de Pere, parce qu'il n'y en a qu'un feul qui eft dans le Ciel.

Un Pharifien, leur dit-il encore fur le même sujet, & un Publicain, allérent un

CITATION S.

1) Excolantes culicem, camelum. Matth. XXIII. 24. (a) Graviora, ibid. 23.

(3) Diligitis primas cathedras, falutationes, Luc. XI. 43. (4) Et patrem nolite vocare vobis fuper terram; unus eft enim pater vefter qui in cælis eft. Matth. XXIII.8.

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intelligence, que vous corrompez, & dont vous fruftrez en quelque forte le Peuple par vos Traditions impies, & autres enfeignemens faux ou inutiles, qui lui infpirent une confiance entiere dans le culte vain où vous l'engagez ; & cette confiance l'empêche d'examiner quel eft le véritable, ⚫ & de s'y adonner. Outre cela, c'est que la maniere de con ferer le pouvoir d'interpréter la Loi & les Prophêtes, parmi les Juifs, était de donner effectivement une vraie clef à celui qui recevoit ce pouvoir, avec certaines Cérém

monics

jour au Temple, de compagnie, pour y prier. Le Pharifien fe tenant debout parloit ainfi à Dieu en lui-même (1): Seigneur, je vous remercie de ce que je ne fuis ni voleur, ni adultere, ni ivrogne comme les autres hommes, comme ce Publicain que voici (2); mais au contraire, que je jeûne deux fois la Semaine, & paye la dîme de tous mes biens. Le Publicain, cependant, caché dans un coin, n'ofoit pas feulement lever les yeux au Ciel (3); & fe contentant de fraper fa poitrine bien fort, il difoit, Mon Dieu, ayez pitié de moi, pauvre Pécheur ! Je vous. affure qu'il fut juftifié avant que de fortir. (4), & que le Pharifien ne le fut pas car quiconque fe glorifie, fera humilié, & qui s'humilie, fera glorifié.

Les Difciples lui dirent depuis, qu'il avoit fort fcandalifé les Pharifiens par ce Difcours. Laiffez-les aller, leur dit-il: ce font des aveugles, qui en menent d'autres, avec lef quels ils tomberont tôt ou tard dans le présipice. Enfuite, Simon Pierre l'ayant prié de

CITATIONS.

(1) Apud fe. Luc. XVIII. 11.

(2) Velur etiam hic Publicanus, ibid. 11.

(3) A longè ftans nolebat nec oculos ad cœlum levaré. ibid.

**( 4 ) Descendit juftificatus, ibid, 14.

leur expliquer ce qu'il avoit dit, que l'hom me n'étoit pas fouillé de ce qui entroit dans fa bouche, mais feulement de ce qui en fortoit. Quoi! s'écria-t-il, Vous n'entendez encore rien (1)! Ne concevez-vous pas que ce n'eft pas au cœur que vont les chofes que l'homme mange, & qu'ainfi elles ne fçauroient le fouiller? Ce font celles qui en fortent, comme les mauvaises pensées, l'orgueil, la malignité, la fraude, l'envie, la folie, le blafphême, la fornication, l'adultere, l'avarice, le larcin, le meurtre, le faux témoignage (2). Voilà les chofes qui fouillent l'homme, & non pas de ne point laver fes mains,

C'étoit ainfi qu'il condamnoit en toute rencontre l'orgueil & la fuperftition des Pha rifiens. Une fois, entre autres, qu'il étoit à table chez l'un d'eux nommé Simon, une femme de la Ville, qui avoit vécu jufqu'alors dans le défordre, vint par derriere se jetter à fes pieds. Elle les arrofa de fes larmes, elle les effuya avec fes cheveux, & les baifant plufieurs fois elle fe mit à les laver avec une huile de parfum qu'elle avoit ap

CITATIONS.

(1) Adhue & vos fine intellectu eftis ! Matth. XV. 16. (2) Nequitis, dolus, oculus malus, ftultitia, Marc. VII

22.

portée dans une vafe d'Albâtre (LXXXII). Auffitôt, le Maître du Logis dit en lui-même (1), que fi fon hôte étoit Prophête, il ne fouffriroit pas que cette femme le tou chât, parce qu'il fçauroit que c'étoit une Péchereffe (2) (LXXXIII. Mais Jéfus connoiffant fa penfée lui dit, Simon, j'ai une Question à vous faire (3): Un Ufurier qui avoit deux Débiteurs infolvables, l'un

CITATION S.

(1) Intra fe Luc. VII. 39.

(2) Qua & qualis mulier. ibid.
(3) Habeo tibi aliquid dicere. ibid. 40.

REMARQUES.

(LXXXII.) II n'y a d'extraordinaire en cette action que la qualité de la Liqueur car du refte, c'étoit une coutume commune parmi les Orientaux de laver les pieds aux Etrangers qui arrivoient, auffi-bien que de les baiser & c'est pourquoi Jésus-Chrift reproche ici au Pharifien d'y avoir manqué. Cela se faifoit le plus fouvent à l'entrée du repas, comme Notre Seigneur le fit à fes Difciples; foit par quelque raison de fanté, ou parce qu'on se baignoit volontiers immédiatement avant que d'entrer à Table; & l'on lavoit toujours les Pieds à ceux qui fortoient du Bain, parce que c'étoit la feule partie du corps qui fe pouvoit falir en fortant. D'ordinaire, on ne lavoit qu'avec de l'eau ; mais quand on vouloit régaler les Hôtes, on employoit des Liqueurs de prix, dont on frotoit auffi la tête & les cheveux. On peut voir dans le Roman Grec d'Ifmene & Ifmenias, qu'on faifoit rendre ce service en de certains lieux par les enfans même de la Maison, pour plus grand honneur.

(LXXXIII.) C'est que les Pharifiens croyoient qu'on étoit fouillé par l'attouchement d'une perfonne de mau vaise vie, quelque purs que fussent ceux qu'elle touchoit.

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