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ftituées que long-tems après les prétendus faits, aufquels on veut qu'elles ayent rapport, & par conféquent elles ne prouvent rien pour la réalité de ces faits. Les Prêtres de Bacchus, d'Apollon, &c. n'ont point été inftitués par ces prétendus Dieux, mais dans les fiècles fuivans par des hommes qui ont voulu les honorer; ainfi il n'en résulte rien.

Pour faire ufage maintenant de tout ce que je viens d'expofer, vous pouvez défier tous les Déiftes du monde de montrer, par rapport à quelque fable que ce foit, l'obfervation des quatre régles que j'ai d'abord établies; & pour reprendre en peu de mots ce que j'ai dit, je foutiens que l'Hiftoire de l'Exode & celle de l'Evangile n'auroient jamais eu de cours, fielles euffent été fauf fes: parce que l'inftitution du Sacerdoce des Juifs & de celui des Chrétiens, du Sabat, de la Pâque, de la Circoncifion, du Baptême & de l'Euchariftie,y eft racontée comme une chofe établie dès-lors, laquelle a fubfifté depuis fans interruption. Il étoit abfolument impoffible de faire accroire à des hommes, qu'ils avoient été circoncis & baptifés, qu'ils avoient circoncis & baptifé leurs enfans, qu'ils avoient celébré la Pâque, & obfervé le jour du Sabat, qu'ils avoient reçu des Sacremens par le ministére

d'un certain ordre de Prêtres, &c. fi en effet ils n'avoient jamais rien pratiqué de tout cela. Comment leur auroit-on pu faire croire qu'ils avoient paffé la mer Rouge à pied fec, qu'ils avoient vu un mort reffufcité ? &c. Cependant fans avoir éru tout cela il eft impoffible que les Livres de Morfe ou que l'Evangile ayent été reçus comme véritables.

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Au refte, je ne prétens pas que tous les faits qui ne font pas conformes à ces quatre régles foient faux, mais feulement que tous les faits conformes à ces quatre régles font néceffairement vrais, & ne peuvent jamais être fuppofés. Il eft impoffible de douter que Jules-Céfar n'ait remporté la victoire de Pharfale, & qu'il n'ait été affaffiné dans le Sénat; il en eft ainfi de plufieurs autres faits anciens, quoiqu'il n'y ait eu aucunes Cérémonies inftituées & pratiquées pour en conferver la mémoire. Mais on en doit conclure que les faits qui regardent JésusChrift & Moife font encore mieux appuyés que les faits les plus inconteftables de l'antiquité.

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Nos Déiftes auroient le plus grand mépris pour un homme, qui débiteroit de fang froid qu'il n'y a jamais eu de Céfar ou d'Alexandre, d'Homere ou de Virgile, & qui nieroit toutes les actions, ou rejette

toit tous les Ecrits qu'on leur attribue; cependant ils fe donnent pour des hommes d'efprit, judicieux, fenfés & vrais; tandis qu'ils tournent en ridicule & traitentde fables les faits qui concernent Moïfe & JésusChrift, faits mille fois mieux prouvés & plus authentiques que tout ce qu'ils reconnoiffent de plus certain dans l'Hiftoire.

L'importance de la matiere exige que tout homme examine bien plus attentivement les faits fur lefquels notre Religion eft appuyée, que tous les autres faits hiftoriques. De quelle conféquence eft-il pour moi & pour qui que ce foit, de fçavoir s'il y a eu un homme appellé Céfar, s'il a vaincu Pompée à Pharfale, ou s'il en a été vaincu : fi Homére ou Virgile font les Auteurs des Poëmes qui portent leur nom? Cela n'importe à perfonne dans le monde, & pour cette raison cela ne vaut pas la peine d'être examiné. Mais notre bonheur ou notre malheur éternel eft attaché à la recherche & à la connoiffance des vérités connues dans la Sainte Ecriture. Elles doivent donc nous intéreffer beaucoup plus que toute autre vérité; nous en devons faire l'objet continuel d'une étude férieufe. Quelle folie de rejetter ces vérités fans les avoir examinées, de nier des faits beaucoup plus évidens & beaucoup plus certains, qu'une infinité de faits que

nous regardons comme inconteftables & qui font en eux-mêmes très-indifférens !

Il y a encore plufieurs autres obfervations fuccintes, qui à la premiere vue découvrent la vérité de notre Religion à quiconque eft raisonnable & de bonne foi. Par exemple, le peu de vraisemblance qu'il y a que dix ou douze pauvres pêcheurs fans édu cation & fans lettres, ayent pu former le projet téméraire de faire illufion au monde. entier & de donner cours à des impostures : l'impoffibilité de l'exécution d'un tel projet, fans le fecours ni de la force, ni de l'éloquence, ni du fçavoir, ni de toutes les chofes qui fervent ordinairement à faire réuffir les grandes entreprises. Il s'agiffoit de répandre une Doctrine également oppofée aux préjugés & aux paffions de l'homme, dans un fiécle très-éclairé & très-fçavant. Les Prédicateurs de cette nouvelle Doctrine s'expofoient non-feulement aux mépris & aux outrages, mais aux fupplices les plus cruels & à une mort infaillible, & cela pour avoir le plaifir de débiter des faits, dont ils connoiffoient eux-mêmes la fauffeté, puifqu'ils en étoient les Inventeurs. Il eft vrai qu'il y a des hommes qui ont fouffert pour foutenir des erreurs, qu'ils ont cru être des vérités; mais perfonne n'a jamais fouffert pour des menfonges, qu'il

connoiffoit pour tels. Si les Apôtres ont prêché des menfonges & ont débité des impostures, ils ont dû en être perfuadés car ils protestent (a) qu'ils ont vu, qu'ils ont entendu, qu'ils ont confideré de près, qu'ils ont touché de leurs propres mains,

&c.

On ne fçauroit dire qu'ils fe fuffent propofés aucun avantage temporel dans leur entreprise. Car fi cela eût été, en voyant les mauvais fuccès de leurs premieres démarches, n'auroient-ils pas dû reculer, se rétracter & découvrir la confpiration? d'autant plus que par ce moyen, ils auroient non feulement mis leur liberté & leur vie à couvert, mais qu'ils auroient encore reçu des récompenfes capables de les flater.

Ce n'eft pas tout. Ils publient que leur Maître ne leur a promis que des fouffrances en ce monde. Cela eft répété cent fois dans l'Evangile, & ils ont foin de le prêcher à tous ceux qu'ils veulent convertir. Quelle promeffe! quel attrait ! Jéfus-Chrift dit à fes Difciples qu'ils prennent leur croix & qu'ils le fuivent; il les affure qu'ils auront des tribulations en ce monde; que quiconque ne quittera pas fon pere, fa mere, La femme, fes enfans, & tous fes biens, & même ne renoncera pas à la confervation de fa vie, (a) Act. 4. 20. 1. Joan, 1. 1.

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