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tradiction, ou qu'il enferme quelque abfur dité ou fauffeté manifefte. Ainfi, quand un homme qu'on appelle, répond, fans bouger de la place où il eft, J'y vais, il est naturel id'entendre par ce Tems préfent dont il fe fert un futur très-prochain; parce qu'autrement le fens de fa Réponse, à la prendre au pied de la lettre, feroit faux ; puifqu'il ne va pas effectivement dans l'inftant même qu'il dit qu'il va : & il eft néceffaire de juger qu'il veut feulement dire qu'il ira au plutôt.

Tout de même, dans tous les Paffages de l'Ecriture, où Dieu ufant de menacé, & pa-roiffant parler dans un efprit de Colére, de Vengeance, ou de quelque autre Paffion, s'exprime par le Tems préfent, Je viens, J'envoie, Je fais; comme on ne menace pas de ce qui eft préfent, mais feulement de l'avenir, il est néceffaire d'expliquer ce Tems préfent par le futur qui en eft le moins éloigné: & il eft clair qu'il ne s'exprime de cette forte, que parce que le Préfent touchant naturellement plus que l'Avenir, ce qui repréfente les maux, dont on menace comme préfens,eft beaucoup plus vif, & plus propre à en infpirer la crainte, que fi on menaçoit par le futur ; & c'eft en quoi confifte l'effet de la Figure. Dare per figuram fententia virés, dit Quintilien.

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Mais quel befoin Zachée avoit-il de fe fervir de Figure, s'il eût eu dans l'efprit le fens que M. Arnauld lui attribue? Et n'auroit-il fait auffibien connoître au Fils de Dieu la fermeté de fon bon propos en difant qu'il alloit donner, comme M. Arnauld lui fait dire, qu'en difant par le Tems préfent, qu'il donnoit, comme le Grec & la Vulgate le difent? Pourquoi recourir au fens figuré, pour expliquer le Difcours de ce Publicain, qui, bien loin d'enfermer aucune contradiction étant entendu littéralement, a un fens fi naturel & fi vraisemblable? « Seigneur, je don»ne la moitié de mon bien aux Pauvres; & » fi j'ai fait tort à quelqu'un de quelque cho »fe, je lui rens quatre fois autant. » Ecce dimidium bonorum meorum, Domine, do pauperibus; & fi quid aliquem defraudavi, reddo quadruplum. En voici la raifon.

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M. ARNAUL D.

La Particule Ecce, jointe à un Préfent, marque très-naturellement ce que les Grecs appellent un Paulo-poft-Futur.

J'avois toujours cru que le mot Ecce, fi fréquent dans l'Ecriture, n'y étoit la plûpart du tems qu'une Particule explétive, ou tout au plus emphatique, qui ne change rien au fond du Difcours, mais qui en augmente feu. lement, affirme, & exagere le fens avec

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quelque forte de paffion; comme par exemple dans ces Paffages: Ecce qui ferviunt ei non funt ftabiles, & in Angelis fuis reperit pravitatem; Job, Chap.IV. Verf. 18. Ecce hæc omnia operatur Deus;Chap. XXXIII. Verf. 29. Ecce in die jejunii veftri invenitur voluntas veftra, & omnes debitores veftros reperitis; ecce ad lites & contentiones jejunatis, & percutitis pugno impiè; Ifai. Chap. LVIII. Verf. 3. Ecce ambulat unufquifque poft pravitatem cordis fui mali; Jerem. Chap. XVI. Verf. 12. & un nombre infini d'autres femblables que je pourrois alléguer, dans lefquels l'Ecce fe trouve joint à un Préfent, & ne marque pourtant rien moins qu'un Paulo-poft-Futur.

M. ARNAUL D.

Et on fent affez qu'Ecce venio eft la même chofe que Jam veniam, Je m'en vais venir Je viendrai bientôt : Et de même, Ecce fto ad oftium & pulfo, Je ferai bientôt à la por te & je fraperai.

M. Arnauld, qui m'impute ce que je ne dis pas, pour me faire parler mal François comme on verra ailleurs, me permettra bien de l'avertir ici, que cette maniere de parler, Je m'en vais venir, n'eft pas digne d'un homme qui s'exprime auffi purement que lui, quoiqu'on s'en foit auffi fervi à Mons

Du refte, j'avoue que je ne fens point, qu'Ecce venio foit la même chofe que Jam veniam ; car fi c'étoit la même chofe, Ecce venio fignifieroit toujours Jam veniam, & se devroit toujours traduire, Je viendrai bientôt, & jamais, Je viens. Mais c'est-ce que M. Arnauld n'oferoit avancer fans fe commettre avec les Traducteurs de Mons, & peut-être avec lui-même, puifqu'on y a rendu ces mêmes mots dans l'Epître aux Hébreux, Chap. X. Verf. 7. Tunc dixi, ecce venio: Alors j'ai dit, me voici, je viens. Et ne croyez pas que ce foit par inadver tence; car vous trouverez la même chofe peu de lignes plus bas:Ecce venio ut faciam, Deus,voluntatem tuam: Me voici, je viens pour faire, mon Dieu, votre Volonté ; & la même chofe encore dans le Pfeaume XXXIX. d'où ces paroles font tirées. Il falloit que ces Meffieurs dormiffent, comme on dit qu'Homere faifoit quelquefois, quand ils traduifirent ces trois Endroits, puifqu'ils ne fentirent point ce que M. Arnauld dit, qu'on fent affez, qu'Ecce venio eft la même. chofe que Jam veniam.

Il eft vrai que c'eft la même chofe quelquefois. Ecce venio ficut fur, beatus qui vigilat, Chap. XVI. Verf. 17. de l'Apocalypfe, fe peut traduire, Je viendrai comme un Koleur: mais ce n'eft pas à caufe de l'Ecce

car quand il n'y en auroit point, il ne fau droit pas traduire autrement : tant parce que l'Apocalypfe étant un Livre tout prophétique, il eft naturel d'entendre du Futur tout ce que Dieu y dit, qu'il fait au Préfent; qu'à caufe que ce Paffage eft expliqué par le Futur dans le même Livre, Chap. III. Vers.. 3. même dans le Grec : Si ergo non vigilaveris, veniam ad te tanquam fur.

Tout de même, Ecce venio citò, que M. Arnauld allegue auffi du même Livre en deux Endroits du Chapitre dernier, fe peut traduire auffi par le Futur, Je viendrai bientốt; non pas à caufe de l'Ecce, mais mais parce que citò fignifiant bientôt, ainfi que Mons & M. Arnauld le traduifent: puifque ce mot de bientôt marque une chofe qui n'est pas encore, il détermine néceffairement le Verbe auquel il eft joint, quelque Préfent que ce Verbe foit, à fignifier un Futur prochain.

Voilà donc trois Paffages, où Ecce venio fignifie Jam veniam, contre trois autres où, felon les Traducteurs de Mons même il ne le fignifie pas; mais quand il le fignifieroit dans tous, cette Particule Ecce pouvant avoir une énergie, quand elle eft jointe au Verbe venio, qu'elle n'a pas ailleurs, cela ne concluroit encore rien en faveur de l'Ecce fto, que M. Mallet trouve mauvais qu'on ait rendu à Mons par le Futur, n

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