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DOUZIÉME EXEMPL E.

Ecce venio citò. Il a été examiné ailleurs

avec le dixiéme (*). Vous voyez donc. que de douze Exemples que M. Arnauld cite pour prouver fa Régle, il y en a quatre qu'on a traduits à Mons par le Préfent contre cette Régle, fçavoir les II, IV, VI, & IX; & que les autres huit ne laiffoient pas de fe devoir traduire par le Futur, quand il n'y auroit ni id ni Ecce, parce que ce font des menaces, ou des Prédictions, ce qui n'a rien de commun avec le paffage de Żachée.

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Mais quand tous douze fe devroient traduire par le Futur, comme M. Arnauld le prétend, & qu'on n'en pourroit pas rendre d'autre raifon que l'Ecce, ne fe pourroit-il pas faire, que cette particule auroit une force dans ces paffages, qu'elle n'auroit pas partout ailleurs? Et que concluroit cela contre moi, s'il ne faifoit voir, que tous les autres où elle fe trouve jointe à un Préfent fe doivent rendre de même par le Futur?

Or c'eft ce qu'il n'oferoit avancer, puifque tout le monde peut vérifier, que pour qua torze ou quinze Endroits du Nouveau Testament, où l'on a traduit à Mons l'Ecce joint au Préfent par le Futur, il y en a plus de - (*) Ci-dessus, pag. 371.

foixante autres de compte fait, où on l'a traduit par le Préfent comme moi. Voilà la régle générale de M. Arnauld, fur laquelle il me fait mon procès avec tant de rigueur.

Je crois que vous me difpenferez volontiers de vous rapporter tous ces Paffages: rien n'eft plus facile que de juftifier fi je dis vrai. Mais pourtant, comme la chofe n'eft pas aifée à croire, pour vous épargner cette peine, je vous en marquerai quelques-uns des plus remarquables. Et parce que M. Arnauld témoigne une inclination particuliere pour le Verbe Venio, puifqu'il le donne pour l'Exemple le plus fenfible de la vérité de fa régle, outre les trois endroits où vous avez deja vu qu'on l'a traduit à Mons par le Préfent contre cette régle, vous ferez peut-être bien-aise d'en voir encore d'autres.

Dans S. Matthieu, Chap. XXV. Verf.6. Ecce Sponfus venit: Voici l'Epoux qui vient; Chap. IV. Verf. 5. & dans S. Jean, Chap. XII. Verf, 15. Ecce Rex tuus venit; Voici votre Roi qui vient. Aux Actes, Chap. XIII. Verf. 25. Ecce venit poft me: Il en vient un autre après moi. Celui-ci eft d'autant plus remarquable, qu'il auroit été auffi bien traduit par le Futur.

Je vous ennuierois, fi je vous rapportois feulement tous les autres qu'ils ont rendus par le préfent, & où ils auroient été affuré

ment mieux fondés à traduire par le Futur, qu'au Difcours de Zachée; comme par exem ple dans ces deux-ci. Ecce ego mitto vos, & Ecce ego mitto Angelum meum, lefquels cependant on a traduits à Mons invariablement par le préfent dans trois Evangéliftes différens où ils font.

...Mais que diriez-vous, fi ces Meffieurs a voient traduit un même paffage, qui eft deux fois au préfent dans la Vulgate, une fois par le préfent, & une autre fois par le futur ? C'est une Prophétie tirée du XXVIII. Chap. d'Ifaïe: Ecce pono in Sion lapidem. On a traduit ces mots à Mons par le Futur, fuivant la régle, dans le IX. Chap. de l'Epître aux Romains, Verf. 33. Je m'en vais mettre en Sion une Pierre. Cependant, & quoique la Vulgate les ait traduits par le Futur auffi dans Ifaie, ces mêmes Traducteurs n'ont pas laiffé de les rendre par le préfent contre la régle, dans la premiere Epître de S. Pierre, Chap. II. Verf. 6. Je mets en Sion. la Pierre. Je ne leur objecte pas cela comme une grande faute, mais feulement comme une preuve du mépris qu'eux-mêmes font de cette prétendue régle.

En voici encore une plus forte preuve, & dont je m'affure que vous ne vous défieriez pas. Non feulement ils ont traduit comme moi, le préfent par le préfent quatre

fois plus fouvent qu'ils ne l'ont traduit par le Futur; mais ils l'ont même traduit quelquefois par le Paffé, fans aucune néceffité. Il faut le voir pour le croire, & vous en allez juger.

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Dans la II. Epître aux Corinthiens, Chap. VII. Verf. 11. Ecce enim hoc ipfum fecun dùm Deum contriftari vos, quantam in vobis OPERATUR follicitudinem. «Confidécombien cette trifteffe felon Dieu, » que vous avez reffentie A PRODUIT en » vous de foin & de vigilance. » Dans S. Luc, Chap. XIII. Verf. 30. Ecce SUNT noviffimi qui erunt primi. & SUNT primi qui erunt noviffimi. «Ceux qui ÉTOIENT les >> derniers, feront les premiers; & ceux qui » ÉTOIENT les premiers, feront les der

»niers. »

M. ARNAUL D.

Mais j'ai réservé pour le dernier le plus fort de ces Exemples, qui eft celui de Zachée: Ecce dimidium bonorum meorum, Domine, do pauperibus; & fi quid aliquem defraudavi, reddo quadruplum: Car il eft clair, qu'Ecce do, & Ecce reddo, fe doivent rendre par le Futur, comme on a fait à Mons; & il est étrange qu'un Abbé, qui a fait une Vie de Jésus-Chrift, s'y foit trompé, & qu'il les ait traduits par le préfent: Je

donne la moitié de mon revenu aux pauvres; & fi je m'apperçois que j'ai trompé quelqu'un, je le lui rens au quadruple. Rien n'eft plus faux que cette Verfion, &c.

Rien n'eft plus faux, en effet, que cette Verfion; mais elle n'eft pas de moi ; & s'il y avoit une autre Vie de Jésus-Chrift que celle que j'ai compofée, où le Difcours de Zachée fût traduit contre le fentiment de M. Arnauld, je ne croirois pas que ce fût à moi qu'il en veut.Je ne fçais ce que je lui ai fait, pour me faire parler fi mal François. C'eft bien affez, que ma Verfion foit infidelle, fans être encore barbare: & il eft bien plus étrange, qu'il ne daigne pas, dans une matiere de cette importance, relire un paffage qu'il cenfure, pour le rapporter fidéle

ment; car voici comment je l'ai traduit Et, quand je m'apperçois que j'ai fait tort à quelqu'un, je lui rens quatre fois autant que je lui ai pris. Il faut avoir bien envie de fraper, pour regarder fi peu où l'on frape.

De la maniere qu'il propofe ce dernier Exemple, il n'eft perfonne qui ne crût, que de tous ceux où l'Ecce fe trouve joint à un préfent, il n'y en a point qu'il faille fi inconteftablement traduire par le Futur, & qu'on ne s'étoit jamais avifé avant moi de le traduire par le préfent. Cependant, tout le monde peut vérifier, que parmi le nombre

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