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Dire fans autre raison, comme M. Arnauld dit, qu'il doit avoir la même force dans l'un que dans l'autre, n'eft-ce pas dire, qu'il doit avoir la même force dans tous, n'eft-ce pas en faire une Régle générale ? Cependant, vous avez vu comment celle-ci l'eft.

M. ARNAUL D.

Si le Pere Amelotte avoit pris garde aux Exemples que j'ai rapportés, & principalement aux paroles de Zachée....

M. Arnauld ne me reprochera pas non plus, comme à ce Pere, de n'avoir pas pris garde à fes Exemples; & ce Pere peut bien y avoir pris garde ainfi que moi, quoiqu'il n'ait pas cru, non plus que moi, qu'ils concluffent rien en faveur de la Régle de M. Arnauld, ni qu'ils duffent fervir de Loi pour traduire tous les autres Paffages femblables: comme, par exemple, celui de l'Apocalypse, que M. Mallet trouve mauvais qu'on ait traduit à Mons par le Futur, Ecce fto ad oftium & pulfo; & que M. Arnauld trouve mauvais que le Pere Amelotte ait traduit par le Préfent: & c'eft fur quoi M. Arnauld l'attaque dans cet Endroit.

La maniere n'en fçauroit être plus rare. M. Arnauld lui reproche de n'avoir pas pris garde aux paroles de Zachée, en même tems

qu'il reconnoît que ce Pere les a traduites à fon gré, c'est-à-dire par le Furur. Voici ce qu'il veut dire par-là. Il veut dire, que fi ce Pere avoir bien pris garde aux paroles de Zachée, il auroit jugé qu'il falloit traduire de même par le Futur celles de l'Apocalypfe, que ce Pere a traduites au contraire par le Préfent.

Mais c'est toujours une chose fort extraordinaire de reprocher à un homme, qui a traduit un Paffage felon notre fentiment, qu'il n'y a pas pris garde. Et pour montrer que ce que je dis ici n'eft pas un fimple jeu d'efprit, & que rien n'eft plus folide, je voudrois bien fçavoir qui a plus de droit, ou M. Arnauld de reprocher au Pere Amelotte, qu'il n'a pas pris garde aux paroles de Zachée, puifqu'il n'en a pas tiré la conféquence que M. Arnauld en tire pour celles de l'Apocalypfe; ou le Pere Amelotte de foutenir à M. Arnauld, qu'il a pris garde aux paroles de Zachée, puifqu'il les a traduites comme M. Arnauld foutient qu'il les faut traduire ?

D'où vient donc, me direz-vous, une maniere de raifonner fi particuliere ? Elle vient de l'habitude que M. Arnauld s'eft faite de fuppofer & d'alléguer pour preuve ce qui eft en question, comme vous avez pu remarquer dans tout cet Ecrit; & cette

habitude vient de la prévention où il est depuis longtems, que tous fes fentimens

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font des vérités inconteftables. Car il arrive de-là, que dans la fuite du raisonnement, il revient toujours naturellement, & fans y penfer, à les alléguer comme des premiers Principes, dans le tems même qu'il raisonne pour les prouver. Ainfi dans cet endroit étant fortement perfuadé, fans qu'on puisse deviner pourquoi, que le Paffage de l'Apocalypfe fe doit traduire comme celui de Zachée, au lieu de diffimuler, comme tout autre auroit fait à sa place, qu'un habile Traducteur a cru le contraire, puifqu'il a rendu l'un par le Futur, & l'autre par le Préfent; M. Arnauld, à qui la parfaite reffemblance de ces deux Paffages tient lieu de premier Principe, & eft auffi évidente que la néceffité de traduire celui de Zachée, par le Futur, ne peut penfer autre chofe, finon que ce Traducteur n'a pas bien pris garde à celui de Zachée, puifqu'il n'y a vu que la néceffité de le traduire par le Futur, & qu'il n'y a pas vu en même tems la conféquence que M. Arnauld y voit fi évidemment, qu'il faut traduire de même celui de l'Apocalypfe: & cette maniere de raifonner eft démonftrative à fon égard.

M. ARNA U L D.

Il eft donc certain que la principale Ob jection que l'on a faite, qui eft que l'on met au Futur deux Verbes qui font au Préfent, n'a rien de folide, tant d'Exemples faifant voir, que cela eft ordinaire dans le Nou veau Teftament quand il y a idov, Ecce, avant ces Préfens.

Je comprens auffi peu que tantôt, comment on peut appeller ordinaire en certain cas une chofe qui ne fe fait que de cinq fois l'une en ce même cas; comme j'ai remarqué plus haut, que les Traducteurs de Mons ont traduit l'Ecce joint à un Présent, quatre fois par le Préfent, pour une qu'ils l'ont traduit par le Futur. Il faudroit, ce me semble, pour qualifier cette pratique une chofe ordinaire, qu'ils euffent du moins fait le contraire, c'est-à-dire, traduit quatre fois par le Futur contre une fois par le Préfent.

&

Rien n'eft donc plus folide, que l'Objection que M. Arnauld trouve qui l'eft fi peu; pour achever de le faire voir, n'eft-il pas vrai que c'eft une Régle générale, que le Préfent fignifie le Préfent? Quand donc on le fait fignifier le Futur, c'eft une Exception qu'on met à cette Régle. Or fur quelle raifon fonde-t-on cette Exception? Sur ce, dit M. Arnauld, qu'il y a un Ecce avec le Pré

fent dans le cas qu'on excepte. Si cette raifon d'Exception eft bonne, ne doit-elle pas l'être dans tous les Paffages où cet Ecce fe trouve avec un Préfent? Cependant, les Traducteurs de Mons n'ont pas excepté la plupart des Paffages de cette nature. Donc ils n'ont pas trouvé la raison de l'Exception bonne dans ces Paffages-là: Donc elle ne vaut rien du tout.

Jufqu'à ce donc que M. Arnauld me donne une raison d'Exception, qui convienne à tous les Paffages qu'ils exceptent, & qui ne convienne à aucun de ceux qu'ils n'exceptent pas, je fuis en droit de me tenir à la Régle générale, de traduire le Préfent par le Préfent. Or il ne fçauroit donner d'autre raifon d'Exception qui foit bonne, que celles que j'ai établies moi-même dans tout cet Ecrit, le Bon-Sens, la Raifon naturelle, l'usage univerfel de toutes les Langues, la vérité, & la néceffité de la fuite du Dif

cours.

Ayant répondu à tout ce que M. Arnauld allégue pour fon opinion contre la mienne, je pourrois en demeurer-là fi je voulois; mais comme je fuis bien-aise d'aller au-devant de tout ce qu'on peut m'objecter, je me crois obligé, avant que de finir, de vous rendre compte du fentiment des Peres fur le fujet de cet Ecrit,

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