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confidérable dans le monde, pour mériter qu'il s'objectât la maniere dont ce Paffage y eft expliqué? Il me feroit facile de vous rendre raifon de cette affectation; mais comme je ne le fçaurois faire, fans fortir des bornes d'une fimple Défenfe que je me fuis prefcrites, je crois qu'il eft plus honnête à moi de m'en abftenir. Afflicto non eft danda afflic

tio.

Je ne fçais s'il fera content de la maniere dont je le traite; car les grands hommes ont de grandes prétentions: mais je fçais bien que fes ennemis ne le feront pas. Ce n'eft pas la mode aujourd'hui de difputer fans injurier: l'honnêteté à toute épreuve qui devroit charmer tout le monde, déplaît à ceux-mêmes avec qui on en use, parce qu'elle les embarraffe; & elle irrite tous les autres, qui ne font pas capables de l'îmiter. Je n'ignore pas que les Ouvrages de la nature de celui-ci ne font eftimés qu'autant qu'ils font fatyriques. Cependant, il y a bien plus d'adreffe à fe défendre fans bleffer, qu'à bleffer, en se défendant. Pour moi, je n'ai jamais oublié, en travaillant à cet Ecrit, que l'occafion de notre différent étoit l'Evangile de Jésus-Chrift; cet Evangile, qui nous défend fous des peines fi terribles de nous attrister les uns les autres: & je fouhaite qu'il paroiffe d'un bout à l'autre que je

m'en fuis fouvenu. Ce n'eft pas affez qu'un Difcours foit convenable à celui qui le fait, s'il ne l'eft encore à la matiere dont il traite; & en vérité, Monfieur, après avoir confidéré Jésus-Chrift d'auffi près que j'ai été obligé de le faire en écrivant la Vie, on n'eft guéres capable de contester avec malignité fur fon fujet.

*REMARQUES

SUR

LES ESSENIENS, LES SADUCÉENS, LES PHARISIENS,

ET LES THÉRAPEUTES.

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Es Effeniens ou Hafidéens étoient des Juifs d'une vie pure & auftére: Jofeph (a) en parle avec éloge, & Philon nous a laiffé une ample description de leur genre de vie: Pline même parlant d'eux, dit avec une efpéce d'admiration: Gens æterna eft, in quá nemo nafcitur. C'est-à-dire, C'est une nation éternelle qui n'engendre point. Ces Efféniens reffembloient à nos Religieux qui vivent en communauté. Il n'eft donc point furprenant que les Efféniens, quoique faus (a) Antiquit. l. 18,

poftérité, euffent toujours des fucceffeurs, & que leur fociété fe perpétuât fans génération, C'étoit de Pythagore, dont ils fuivoient plufieurs dogmes, qu'ils tenoient l'ufage de ne fe point marier. Tout le monde fçait que les Pythagoriciens avoient un extrême mépris pour les femmes; & cependant il y a eu autrefois des Pythagoriciennes, apparemment qu'elles rendoient aux hommes le même genre de mépris.

Quoi qu'il en foit, les Efféniens formoient une Secte fameufe, qui n'étoit autre chose qu'un Judaïfme Pythagorique. Tous leurs biens étoient en commun, & ils ne poffedoient rien en particulier : point de valets parmi eux: ils fe fervoient l'un l'autre avec charité & affection: ils fe choififfoient des Supérieurs pour les gouverner, & des Economes pour vaquer au foin de leur temporel: ils demeuroient dans les Villes, & il y en avoit une fi grande quantité à Jérufalem, qu'une porte étoit appellée la porte des ELféniens. Mais ils habitoient plus volontiers les campagnes & les forêts: ils paffoient leurs vies dans le travail des mains, dans le filence, dans la priere, & dans l'étude de l'Ecriture fainte. C'eft pour cela que Serarius a dit (a), que les Efféniens étoient l'image des Moines & des Religieux d'aujourd'hui ; & (a) Triharefium, l. 3. 6, 10.

que c'eft fur le modèle de leur vie Cénobitique que fe font formés les Monaftéres & toutes les Communautés régulieres. Si cela eft, comme ce même Auteur reconnoît d'ailleurs que les Efféniens avoient emprunté leur genre de vie des Pythagoriciens, il faudra conclure que tous les Religieux tirent leur origine de Pythagore.

Quoique les Auteurs donnent aux Efféniens le nom de Hafidéens, on donnoit cependant auffi ce nom aux Pharifiens, felon Drufius (a), parce que ce nom fignifie en général, de bons hommes, ou des hommes pieux. Il faut fçavoir encore que parmi les Efféniens il y avoit des Sectes qui formoient une espéce de Schifme (b); les uns regardoient comme une imperfection & une foibleffe, d'aimer les femmes & de fe marier: les autres prétendoient que le célibat étoit un péché contre la Nature & contre la Raifon : ceux-ci avoient une Maxime fage& commode, par rapport au mariage; l'engagement matrimonial ne commençoit qu'après trois ans de cohabitation; & il étoit permis, pendant l'intervalle de ces trois années, à un Effénien, d'éprouver l'humeur de fa femme, & de s'éprouver lui-même par rapport à elle; en forte que les femmes fe

(a) Joan, Druf, de Hafidais.

Tribarefium, l. 3.6.4.

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