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prenoient toujours à l'effai, & étoient obligées de faire une espèce de noviciat, avant que d'être épousées dans les formes.

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Il y avoit deux fortes d'Efféniens felon Philon (a), les Cenobites & les Monobites c'est-à-dire, que les uns vivoient en communauté, & les autres en leur particulier, comme nos Hermites. Il est étonnant que l'Ancien & le Nouveau Teftament ne faffent aucune mention d'un Corps fi célébre. Il eft parlé des Pharifiens, des Saducéens, des Nazaréens, des Hérodiens, & il n'y a pas le moindre mot fur les Efféniens; la feule raifon qu'on en peut donner, eft que ces pieux Philofophes ne fe mêloient nullement des affaires du monde, & n'avoient par conféquent aucun rapport à tous les Evenemens dont parle l'Ecriture Sainte; c'est pour cela qu'il n'en eft point fait mention. Mais seroit-il poffible qu'aucun Effénien n'eût eu la curiofité de connoître Jéfus-Chrift? Suppofera-t-on que nul d'entre ces hommes fi fçavans & fi dégagés des paffions humaines n'ait reconnu en lui les vrais caractéres du Meffie? Si aucun Effénien n'avoit embraffé la Foi Chrétienne, ne feroit-ce pas une efpéce de préjugé contr'elle dès fa naiffance? Auffi plufieurs Peres de l'Eglife affurent-ils, qu'un grand nombre d'Efféniens Cénobi(4) Philo de vita contemplativâ

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tes, & tous les Efféniens Monobites, fe firent Chrétiens (a). Eufébe, S. Epiphane, S. Jérome, Caffien, Sozoméne, Beda font de ce fentiment, mais je n'en vois la preuve en aucun endroit. Les Centuriateurs de Magdebourg, Junius, Jofeph Scaliger prétendent le contraire, en dépit de Baronius, de Bellarmin, & de Gretzer. Il faut avouer qu'il y a de l'avantage pour une Religion, à foutenir que des hommes eftimables l'ont embraffée. On fçait que quelques Auteurs ont dit, que Philon contemporain de JésusChrift ou au moins des Apôtres, Philon le Platon des Juifs, étoit Chrétien en fecret, auffi bien que le célébre Hiftorien Jofeph. On a voulu auffi que Séneque ait été converti par S. Paul, ce qui eft la fuppofition la plus extravagante qu'on ait jamais pu imaginer.

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La Secte des Saducéens fut établie du tems de Jean Hircan, fils de Simon Machabée, par Sadoc & par Judas Gaulanite deux hommes fçavans & fort éloquens. Les Saducéens croyoient que l'ame mouroit avec le corps; qu'il n'y avoit point d'ef prits, & que toutes les recompenfes de la Vertu & les châtimens du Vice étoient bor

(a) Eufeb. 1. 2. Hift. c. 15. S. Epiph. Haref. 29. S. Hieron. De Script. Eccl. in S. Marco & Philone, Caff Hift. l. 9. c. 5. Sozom- 1. 1. c. 12. Beda. Praf, in Marcum, Tome I.

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nés à cette vie, au-delà de laquelleil n'y en avoit point d'autre. Ils n'admettoient Prédestination, ni fecours furnaturel pour accomplir la Loi, & donnoient à la Liberté humaine tout pouvoir indépendant du Ciel. Ils haifoient extrêmement JésusChrift & en cela ils s'accordoient avec les Pharifiens leurs mortels ennemis (a). C'est eux que S. Jean-Baptifte appelloit Race de Viperes. Ils propoférent un jour à JésusChrift une queftion qu'ils crurent capable de l'embarraffer; & lui demandérent à qui devoit être en l'autre Monde la femme qui auToit épousé fept freres fucceffivement. Ce fut par leur crédit que S. Pierre & S. Paul furent emprifonnés, parce qu'ils ne pouvoient fouffrir qu'ils annonçaffent la Réfurrection de Jésus-Christ, eux qui dans leur Systême n'en croyoient aucune, & foutenoient que l'ame périffoit avec le corps.

Les Saducéens rejettoient toutes les faintes Ecritures, à l'exception des cinq Livres de Moïfe; mais quoiqu'ils fuiviffent en cela le Dogme des Samaritains, ils n'étoient pas néanmoins de leur Communion, mais de celle des Juifs. Ils facrifioient non dans le Temple de Garizim, mais dans celui de Jérufalem. Ils étoient admis aux Charges &

(a) Matth. ch. 3. 16, 22. & Marc. 11. Luc. 20. Actes des Apôtres ch. 4, 5, & 23, Joseph, Antiquit, l. 9. ch.13.

aux Emplois de la République; ils n'étoient point exclus du Sanhedrin, & il y avoit des Saducéens qui avoient même été revêtus du fouverain Sacerdoce, tels que le Roi Hircan, avec Ariftobule & Alexandre fes enfans, qui furent grands Pontifes. Il étoit bien étrange de voir des Epicuriens, des hommes qui nioient l'Immortalité de l'Ame, la Vie future & la Réfurrection des Corps, qui rejettoient la plus grande partie de l'Ecriture, & qui étoient perfuadés qu'il n'y avoit point d'autre récompenfe pour la Vertu que les profpérités paffageres de cette vie préfente, il étoit, dis-je, bien étrange de voir ces hommes affis fur la Chaire de Moïfe, offrir des Sacrifices, décider fur la Religion, porter le Rational, l'Urim & le Thummim, & s'ériger en Oracles de la Vérité. Comment n'étoient-ils point abhorrés des autres Juifs & regardés comme des Sectaires impies qu'il falloit retrancher du Corps orthodoxe ? Le Saducéifme étoit une Doctrine de cour. La Secte avoit pour Protecteurs ou pour partifans les plus puiffans & les plus accrédités d'entre les Juifs, au rapport de Flavius Joseph, & de Jofeph,fils de Gorion, & c'eft ce qui les faifoit tolérer : car le Dogme de l'Immortalité des ames qu'ils nioient étoit la croyance générale des Juifs.

Les Pharifiens formoient une Secte équi

voque dont on peut dire beaucoup de bien & beaucoup de mal. Il eft fûr qu'ils menoient une vie réguliere pour l'extérieur, qu'ils étoient fobres & pratiquoient de grands jeûnes, qu'ils étoient fcrupuleux obfervateurs des Traditions, & même felon S. Epiphane, extrêmement chaftes. Jofeph qui étoit de cette Secte dit que, quoiqu'il eût été marié affez jeune, il n'avoit point connu fa femme avant l'âge de trente ans. Ils ajoutoient foi à l'Aftrologie judiciaire & au Deftin des Stoïciens; ce qui a fait dire à S. Auguftin fur leur fujet : Si cor tuum non effet fatuum, non crederis Fatum. Ils fe donnoient bien de garde de manger fans s'être lavé les mains immédiatement auparavant, & cela non par propreté, mais par Religion. Un Publicain, c'eft-à-dire, un Financier, n'auroit jamais pu obtenir de manger avec eux, parce qu'ils regardoient cette Profeffion comme infame, & ne croyoient pas qu'elle pût jamais être exercée par des gens de probité, & en cela ils ne pouvoient fe tromper que médiocrement. Leur vie étoit réformée & de bon exemple: mais dans le fond la plupart étoient hypocrites & prefque tous d'une vanité & d'un orgueil infupportables. Ils font toutes leurs actions, afin d'être vus des hommes, dit Jésus-Chrift, C'est pourquoi ils affectent de

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