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témoignages que de la part de ceux qui font par leur Religion intéreffés à les foutenir. Mais ce Peuple avoit parmi fes Docteurs des gens qu'on a appellés Prophétes, qui, éclairés des lumieres du même Dieu qu'ils adoroient, prédifoient les chofes à venir; & l'événement juftifioit toujours leurs Prophéties.

Peut-être auffi, diront les Incrédules, ce n'étoient là que des Impofteurs faits exprès pour abuser les Peuples, & pour entretenir leur croyance. Cependant, ces Impofteurs prétendus ont prédit la Naiffance d'un homme qui feroit enfanté par une Vierge, ils ont prédit fes ignominies & fa mort, ils ont prédit toutes les circonftances de fa Naiffance & ils en ont marqué le tems, après avoir affuré qu'il étoit néceffaire qu'il vînt au monde pour le falut des hommes; & l'accompliffement de cet Article de leurs Prophéties eft précisément ce qui fépare les Chrétiens d'avec les Hébreux, avec qui, fans.cela, ils ne feroient qu'une même Religion. Si bien que les Livres, dont les Chrétiens tirent les preuves de leur Religion, fe trouvent être venus de leurs plus obftinés adverfaires, qui les confervent eux-mêmes avec foin ; & qui, par une Providence marquée & prophétisée, ne finiront jamais, pour être un témoignage irréprochable de la Vérité des Ecritures,

qui font la base de la Religion des Chré

tiens.

Cet homme, qui devoit arriver quand le Sceptre feroit ôté de la Maison de Juda, est arrivé précisément dans le tems que régnoit le Grand Hérode Iduméen en Judée, fans que depuis la Maison de Juda foit plus remontée fur le Thrône. Cet homme, qui devoit arriver après septante Semaines, eft né justement après les feptante Semaines d'années écoulées; & l'on voit par un autre exemple clair & convaincant, qu'il faut compter cette Prophétie de Daniel par des Semaines d'années. Cet homme prédit a prêché durant trois ans une Doctrine pure & fainte, du confentement même de fes ennemis; & venant pour délivrer les hommes de la fervitude de la Loi, il s'y eft foumis lui-même, & l'a exécutée dans toute fa rigueur. Cet homme a prêché la pauvreté, Phumilité, la chafteté, & le renoncement à foi-même. Jamais homme n'a été, tant que lui, pauvre, humble, chaste, & ennemi de fon Corps.

Enfin, cet homme a été prédit par un Prophéte, qu'on a appellé fon Précurfeur, & qui en l'annonçant aux Peuples le leur a montré. Sa Naiffance a été célébrée par des prodiges, & fur-tout par une étoile miraculeufe, qui l'a fait reconnoître aux Sages de

Chaldée. Et enfin cet homme eft mort condamné par les Prêtres de la Loi, & par les Officiers Romains, & exécuté comme un Criminel fur une Croix.

Sa mort a été accompagnée de ténébres univerfelles. Elle a été fuivie par des Eclipses étonnantes & naturellement impoffibles, par mille prodiges que fes Difciples ont écrits, & contre lefquels pas un Historien du tems ne s'eft infcrit en faux.

&

Cet homme conduit au fupplice affure qu'il reffufcitera le troifiéme jour; & fes Difciples nous affurent qu'il eft refsuscité qu'ils l'ont tous vu plufieurs fois, & qu'il a converfé avec eux pendant quarante jours.

Mais il faut fçavoir quels font ces Difciples, & s'ils ne feroient point propres à

nous féduire.

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Ce font, en premier lieu, douze perfonnes, fans naissance, fans bien, fans talens, & fans confidération, qui, jointes enfuite à plufieurs autres, s'obtinent à foutenir la Divinité de leur Maître, & la Vérité de fes Miracles & de fa Réfurrection ; & ils les fou'; tiennent contre toutes les forces Romaines, & contre toute l'opiniâtreté de la Synagogue la plus éclairée.

Tous ces douze hommes, après la perte de leur Maître, qu'ils affurent avoir vu mon

ter au Ciel par une Afcenfion propre, meurent tous chacun d'une maniere qualifiée, pour foutenir ces Vérités, fans qu'on puiffe penfer qu'aucun autre motif que celui de la vérité de leur Miffion peut les obliger à fouffrir tant de fupplices, s'agiffant de foutenir un homme crucifié, qui ne les animoit plus par fa préfence, & dont les préceptes, qu'ils ont toujours obfervés très-réguliérement, étoient infiniment rudes &

aufteres.

Et cependant ces douze hommes, vils & pauvres, morts en criminels à l'imitation de leur Maître, ont converti à la Foi de cet homme qu'ils affurent être Dieu, tout l'Empire: de telle forte qu'une Religion fondée fur des principes inconcevables, & naturellement incroyables, qui a pour Auteur un homme pendu & exécuté, qui n'éleve que les pauvres, les humbles, & les mortifiés; cette Religion, dis-je, prêchée par des ignorans & des pêcheurs, a triomphé de toute la force du Paganisme, & de toute la fcience du Sanhedrin. Je ne fçache que la force de la Vérité, qui puiffe faire cet effet; & c'est un Miracle plus authentique que tous ceux qui font écrits dans nos Histoires....

III. LETTRE.

63

Sur la Vérité de la Religion Catholique.

J

A MR. DE M***.

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E n'aime point, Monfieur, à disputer de Controverfe. Rien n'eft, à mon fens, plus inutile. Chaque parti a des reffources dans l'efprit de ceux qui le foutiennent : chacun trouve des Autorités dans l'obscurité vénérable des anciens Peres; & chacun appelle fa cause la bonne cause. Ainfi, fans entrer méthodiquement dans ces affreufes difficultés, agréez, Monfieur, que je vous propofe fans prévention celles qui me paroiffent infurmontables dans votre Systême.

L'Eglife Romaine étoit fans conteftation l'unique Eglife au commencement du feizićme Siècle, ou du moins il ne paroiffoit pas en doute, que tous fes Enfans ne fuffent dans le fein de cette Mere, hors duquel point de falut. Il faut, pour tirer l'Eglife Romaine de cette poffeffion, des titres relevans. Tous Meffieurs les Proteftans en conviennent: & fur cela, vous me dites d'abord, que l'Eglife Romaine a fi fort dégénéré de fa pureté, & dans fa Doctrine, & dans fes Mœurs, qu'el le a ceffé d'être l'Epoufe de Jéfus-Chrift;

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