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Je fuppofe d'abord que c'eft prouver fuffi famment la vérité des Dogmes Chrétiens que de faire voir que les Miracles attribués à J. C. dans l'Evangile font vrais. Il en est de même de ceux de Moïfe; s'il a fait paffer la mer Rouge à tout le Peuple d'Ifraël, & s'il a opéré tous les autres prodiges exprimés dans l'Exode, il s'enfuit manifeftement qu'il a été l'Envoyé de Dieu. Il n'y a point de Deifte qui ne s'y rendît, s'il voyoit aujour→ d'hui tout cela de les propres yeux. Il s'agit donc uniquement de prouver que cela s'eft paffé réellement comme il est raconté dans l'Ecriture.

Pour y parvenir, 1°. J'établirai certaines régles, felon lefquelles il eft impoffible que des faits qui leur font conformes puiffent jamais être faux. 2°. Je ferai voir que les faits marqués dans l'Ecriture, qui concernent Moïfe & J. C. font conformes à ces régles; ce qui ne fe trouve ni par rapport aux impoftures de Mahomet, ni par rapport aux fables du Paganifme, & ce qui fera toujours incom patible avec quelque fauffeté que ce foit,

I. REGL E,

Que les faits foient de telle nature qu'ils puiffent aisément tomber fous les fens, & que les yeux & les oreilles en puiffent être les Ju

ges.

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Que ces faits foient publics, & qu'une grande multitude d'hommes attentifs en soit témoin.

III. RE GLE.

Que non feulement il fe conferve des Monumens publics en mémoire de ces faits mais encore qu'il en refte des devoirs à

plir.

IV. REG LÉ.

rem

Que ces Monumens ayent été dreffés, & que ces devoirs ayent été impofés & commencés à être accomplis dès le tems même que les faits font arrivés.

Selon les deux premieres régles, il est impoffible que les hommes ayent été trompés dans le tems que l'on fuppofe que les faits fe font paffés, puifque les yeux d'un Peuple nombreux & attentif font fuppofés en avoir été les témoins, Qu'un homme, par, exemple, raconte aujourd'hui, qu'il divifa hier les eaux de la Seine en préfence de tout le Peuple de Paris, & qu'il fit en même tems traverfer à pié fec le lit de cette riviere à tous les hommes, femmes & enfans de la ville, au milieu de deux montagnes d'eau: Je dis qu'il eft impoffible à cet homme de faire accroire un tel prodige aux Parifiens

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parce que s'il s'avifoit de débiter ce conte tous les hommes, toutes les femmes, & tous les enfans le traiteroient auffi-tôt d'impofteur, & diroient qu'ils n'ont point vu cette prétendue divifion des eaux de la Seine, & qu'ils n'ont point traverfé à pié fec le lit de cette riviere. Je crois donc pouvoir établir comme un principe certain, & qu'aucun Déifte ou Incrédule ne peut nier, que les hommes n'ont pu être trompés par rapport à des faits publics, dont ils ont été les témoins oculaires, qu'ils n'ont pu, dis-je, être trompés dans le tems qu'on fuppofe que ces faits font arrivés.

Il reste à examiner fices faits n'ont pas pu être imaginés & débités dans la fuite, lorf que le tems, où l'on fuppofe qu'ils font arrivés, a été paffé, & que tous les contemporains ont été morts. Mais l'ufage des deux dernieres régles nous garantit de l'erreur en ce point, & nous apprend à difcerner le vrai d'avec le faux. Car fi lorfque ces faits ont été imaginés & débités, l'Auteur a dit non feulement qu'il en reftoit des monumens pour en conferver la mémoire, mais que depuis que ces faits étoient arrivés,on avoit pratiqué conftamment jufqu'alors des devoirs extérieurs & des cérémonies publiques, l'imposture a du être auffi-tôt découverte ; ces monumens ne paroiffant point, & ces céré

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monies n'étant connues & pratiquées de per fonne.

Par exemple, j'imagine aujourd'hui & je raconte un fait arrivé, felon ma fuppofition, il y a mille ans. Peut-être le ferai-je croire à quelques perfonnes: mais fi je dis que non feulement ce fait eft arrivé, mais que depuis ce tems-là on coupe le bout du petit doigt à tous les enfans qui ont atteint l'âge de douze ans, & que c'eft pour cela que tout le mon de a le petit doigt coupé ; fi j'ajoute que cet usage a été établi en mémoire & en preuve du fait, dans le tems même qu'il eft arrivé; je foutiens qu'il eft impoffible qu'en ce cas je fois cru de perfonne, parce que tout le monde voyant la fauffeté du figne que je attefter le fait, jugera auffi-tôt que je fuis un impofteur.

donne pour

Il s'agit maintenant de faire voir que les faits qui regardent Moïfe ou J. C. & qui font contenus dans l'Ecriture, font conformes aux régles que j'ai établies ci-deffus, comme des marques certaines & infaillibles de la vérité d'un fait; qu'aucune de ces marques ne fe trouve dans les faits attribués à Mahomet ou aux Dieux du Paganisme,& que jamais au cune imposture ne les peut avoir.

1o. Pour ce qui regarde Moïfe, je crois qu'on m'accordera aifément qu'il ne feroit jamais venu à bout de perfuader à fix cens

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mille hommes, qu'il les avoit fait fortir d'E gypte eux-mêmes; qu'il leur avoit fait paffer la mer Rouge; qu'il les avoit nourris de la manne pendant quarante ans dans le Défert; & qu'il avoit fait plufieurs autres chofes femblables, fi en effet, tout cela n'eût pas été vrai; parce qu'en ce cas il auroit falu qu'il eût trompé leurs fens ; c'eft-à-dire, qu'il leur eût fait une illufion impoffible. Les faits attribués à Moïfe dans l'Ecriture, font donc conformes aux deux premieres régles.

Je foutiens donc, qu'il a été impoffible que les cinq Livres de Moïfe ayent été reçus du Peuple Juif comme véritables, & n'ayent pas plûtôt été rejettés comme des recueils d'impoftures manifeftes, fi en effet les faits qui y font racontés, font faux. Pourquoi cela? C'eft que Moife leur raconte tous ces faits, comme arrivés en leur préfence & exécutés fous leurs yeux. (a) Connoiffez aujour d'hui, leur dit-il, ce que ne fçavent point vos enfans qui n'ont point vu fes châtimens, fa grandeur, la force de fa main, & fon bras étendu; qui n'ont point été les témoins de fes merveilles, & n'ont point vu tout ce qu'il a fait au milieu de l'Egypte, par rap port à Pharaon & à tout fon Royaume ; & à l'égard de l'Armée des Egyptiens, de leurs chevaux & de leurs chariots; comme il les (a) Deut, e. 11, V, 2.

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