tes les guerres & tous les foulévemens qu'el le traînoit nécessairement après elle, & que les Chefs ne pouvoient pas prévoir: car enfin il falloit détruire par-tout la Religion dominante; & cela ne s'exécute pas, fans répandre beaucoup de fang, & fans produire une infinité de Rébellions & de défordres. Qu'on examine encore l'efprit de divifion qui fe mêla parmi les Réformateurs eux-mê mes, & la guerre qui s'alluma parmi ces hommes qui venoient réformer les autres ; en combien de Sectes fe diviférent &,fe fousdiviférent ces prétendus hommes Apoftoli ques, qui prétendoient tous entendre uniquement le vrai fens des Ecritures. Quels font, Monfieur, les abus, les défordres, & les dogmes de l'Eglife Romaine, que le Proteftant le plus zélé, s'il eft raisonnable, puiffe comparer aux maux qui font arrivés en France, en Allemagne, en Angleterre, au fujet de la Réformation? Et s'il eft vrai, comme a dit un de nos excellens Auteurs fur ce fujet, que les guerres civiles des Romains cauférent plus de maux à la République, fous Marius, fous Sylla, & fous les Triumvirs, que l'Empire cruel & exécrable de Caligula & de Neron; qui peut douter, que la guerre civile allumée parmi les Chrétiens au sujet de la Réformation par Luther, par Calvin, & les autres, n'ait causé au Chriftianifme des plaies plus profondes, que toute cette Monarchie Tyrannique de Rome qu'on chante depuis fi longtems. Et l'on ne fçauroit s'excufer, en difant que l'Eglife Romaine a autant & plus contribué à ces défordres, que les Réformés., Elle étoit en poffeffion d'être la dominante; & fans entrer dans le détail des actions particulieres, dont il est sûr que le Corps des deux Eglifes n'eft point refponfable, il eft évident que l'Eglife Romaine croyoit être & étoit en effet en droit de foutenir fa poffef fion, & de détruire des nouveautés qui lui étoient fi oppofées ; & les Proteftans étoient pour le moins en un fens incontestablement Novateurs. Je ne fçais fi une Religion fi peu fainte dans fon principe, & établie avec fi peu d'égard de charité, peut paffer pour autre chofe, dans fon commencement, que pour une liaison & une cabale d'Esprits mécontens & ambitieux. Dans la fuite, je fuis perfuadé qu'il s'eft trouvé de la bonne foi dans quelques-uns féduits par l'éloquence & par les vraisemblances qui leur étoient proposées par des gens très-habiles & très-déliés. Enfin, il s'eft mêlé dans l'efprit de la plupart de ceux qui la profeffent, une prévention qu'ils ont apportée du berceau, & un entêtement dont les perfonnes les plus éclairées ne fe ga rantiffent qu'avec beaucoup de peine. C'eft à vous, Monfieur, à faire les réflexions que vous jugerez les meilleures fur cela. Mais fur-tout, fouvenez-vous qu'il faut, en matiere de Croyance & de Religion, fe déprévenir, pour examiner avec exactitude la Vérité. Un homme de votre. efprit, & de votre capacité, eft obligé plus que nul autre à déveloper les vérités, de quelque voile qu'elles foient couvertes. Je fuis, &c. i |