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fentent les actions & les paroles de Notre Seigneur, quoique moins exactement. On a même fouffert -dans ces fortes de Livres plufieurs libertés qu'on refuse aux Traducteurs, parce qu'ils prétendent paffer 'pour le Texte même, & avoir beau coup de fon autorité; au lieu que ces -autres Ouvrages, ne pouvant être -regardés que comme des Paraphrafes ou des Abrégés de l'Evangile, ils ne font que de fimple édification, & n'ont aucune autorité.

Or, de tous ceux de cette forte, aucun ne s'eft fi peu éloigné que celui-ci de la fidélité fcrupuleufe des pures Traductions; l'Auteur ne s'en étant difpenfé, que lorsqu'il l'a cru abfolument néceffaire.

Du refte, il n'a eu pour but, que de faire connoître Jéfus-Chrift à ceux qui ne lifent pas l'Evangile, & de les exciter à le lire, en leur repréfentant cette Hiftoire admirable d'une maniere proportionnée à leur foibleffe. Pour cet effet, il a cru qu'il

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devoit l'écrire dans toutes les régles les plus févéres de l'Hiftoire: il a rejetté tout autre ornement que ceux qui naissent du fond même de fon fujet, le plus heureux qui fut jamais.' Hla trouvé enfin qu'il fuffifoit de faire comme un précis de tout ce qu'on fait de certain de Jéfus-Chrift par les quatre Evangéliftes, pour en donner, même aux hommes les plus charnels, une idée grande, aimable, divine, en un mot, une idée véritable.

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Il n'y a rien que l'Efprit humain aime tant, que de voir les objets qu'on lui préfente, tout nuds, dépouillés de tout ce qui les offufque d'ordinaire, & que l'intérêt, la partialité, la prévention, ou le faux zéle, y mêlent toujours. Et comme jamais matiere ne fut plus capable d'être traitée dans cette pureté & cette fimplicité parfaite, que celle-ci l'eft par fa propre grandeur, l'Auteur auroit cru la priver de fon plus fingulier a vantage,s'il l'ayoit traitée autrement,

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Voilà quel a été fon deffein. Comme il eft fort perfuadé de l'utilité dont il feroit, s'il étoit, exécuté dignement, il tiendroit fon travail bien employé, s'il pouvoit faire naître la penfée d'entreprendre la même cho fe, à quelqu'un qui eût toutes les qualités qu'il n'a pas pour y réuffir. Pour lui, il n'auroit jamais ofé y fonger, s'il n'avoit efpéré, que l'onction attachée à ces matieres éleveroit peut-être fon efprit à la hauteur de fon fujet, & le feroit arriver jufqu'où il n'auroit jamais préfumé de pouvoir atteindre par fes propres forces.

Comme ceux même des Evangé-, liftes, qui ont écrit les derniers n'ont pas rapporté tout ce que les autres avoient dit, il a cru qu'il lui étoit bien permis auffi de ne prendre au moins, des Paroles de Notre Seigneur, que ce qu'il pourroit rendre parfaitement intelligible à tout le monde, fans fortir du caractere de fon Ouvrage; laiffant aux Prédicateurs, & aux Ecrivains plus habiles, à expliquer ce

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qu'il y a de plus difficile. On peut néanmoins s'affurer que Jéfus-Chrift n'a rien dit dans tous les Evangiles, dont le fens ne foit rendu en fubftance en quelque endroit de cette Hiftoire.

Pour ce qui eft de l'ordre qu'il a obfervé à ranger les Evénemens qui la compofent, il a examiné avec grand foin tout ce qui en a été écrit; mais il n'y a rien trouvé qui fût capa ble de le déterminer fur les endroits où cet ordre eft douteux. Ainsi il a jugé qu'il devoit garder en ces rencontres celui qui paroit le plus naturel & le plus vraisemblable, puifque c'eft auffi le plus édifiant.

Quant à l'Elocution, on verra qu'il a imité tant qu'il a pu la fimplicité majestueuse de celle des Evangéliftes, fur-tour dans le récit des Evénemens. Mais quand il a fallu faire parler Jésus-Chrift, il a confi déré, que la plupart de fes Difcours, tout affoiblis qu'ils font par la contrainte des Traductions, font encore

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fi fublimes, & d'un tour fi admirable, qu'à peine trouve-t-on quelque chofe qui en approche dans tout ce que l'Antiquité Païenne a produit de plus excellent: Qu'ainfi, il eft fort aifé de juger que tout le refte nous paroîtroit de même beauté, fi nous avions fes propres termes, & que nous entendiflions la Langue qu'il parloit, comme nous entendons la nôtre: Que la véritable fidélité,avec laquelle il faut traduire fes Paroles, confifte donc à les rendre par-tout, autant qu'il fe peut, fans altérer le fens, avec cette même grandeur, & cette vivacité & naïveté fi touchante & fi merveilleufe,qu'il paroît encore en tant d'endroits, & qu'il avoit fans doute toujours. Et certes, quelle apparence que la Sageffe même fe foit exprimée d'une maniere baffe & fans dignité, que la Parole en perfonne ne fût pas éloquente!

APPROBATION.

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