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L'ENFANT ET LES NOISETTES

Q

Fable II

Ue j'aime une image naïve,
Qui foit en apparence une leçon

d'enfant

Et qui pour le Sage inftructive,

Renferme un précepte important.

Les grandes véritez charment fous cette é

corce;

On ne les attend point, & d'abord on les voit
Cette furprise y donne de la force.
Un exemple, dit-on ; eh bien, exemple ; foit
Philofophiquement, fi je vais dire à l'homme,
Contente toi de médiocrité ;

Il ne t'en coûtera le repos ni le fomme;
Tu l'auras fans difficulté:

Mais par
Tes defirs n'ont point de limites;

mille projets je te vois agité;

Toutes fortunes font à ton gré trop petites

Tu veux tout; tout échape à ton avidité. Belles leçons! mais l'homme y baille. Que faire pour le réveiller?

Oi voici comme j'y travaille;

Je lui conte une Fable; il ceffe de bailler.

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Un Jeune enfant, je le tiens d'Epictete,
Moitié gourmand & moitié fot,

Mit un jour fa main dans un pot

Où logeoit mainte figue avec mainte noiset

te..

Il en emplit fa main tant qu'elle en peut te

nir;

Puis veut la retirer; mais l'ouverture étroite Ne la laiffe point revenir.

Il n'y fçait que pleurer. En plainte il se con fomme;

Il vouloit tout avoir & ne le pouvoit pas Quelqu'un lui dit, & je le dis, à l'hom

me,

N'en prends que la moitié, mon enfant ; tư

l'auras.

LE

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J

Fable IV.

Adis dans le fiecle des Fables,

Et du tems qu'il étoit des Sirenes;

des Sphinx,

Centaures & choses semblables,

Vivoit auffi Meffire Linx,

L'Argus des animaux, dont la

perçante vûê,

Ne trouva jamais rien d'obfcur:

Tandis

que l'œil du jour perce à peine la

nuë,

Le fien perce au travers d'un mur. Un de ces animaux, tapi fous un branchage, (Car ils étoient chaffeurs de leur mé

tier)

Se tenoit à la fuft, attendoit le gibier,

Préparant fes dents à l'ouvrage.

Nôtre Argus apperçoit une taupe en fon trou. Ah! lui dit-il; que je te plains ma mie!

G

Pauvre animal, que fais-tu de la vie? Tu n'as point d'yeux; Jupiter étoit fou Quand il te fit de cette forte. Pourquoi t'ôter le jour qui doit tout éclai

rer ?

Tu fais fort bien de t'enterrer;

Je te tiens plus d'à moitié morte; Et ce feroit faveur que de te dévorer. Pardonnez-moi, lui dit la Dame; Je fens fort bien que je vis tout à fait. Je n'ai point d'yeux; eft-ce un fujet D'accufer Jupiter? Croyez-m'en, fur mon

ame,

Il a bien fait ce qu'il a fait.

A-t-il befoin qu'on le confeille ?
Il m'a donné de fa grace une oreille
Qui vaut des yeux, & qui me fert au

tant.

Tenez, par exemple, elle entend Derriere vous un bruit qui vous ménace; Je crains pour vous quelque difgrace. Fuiez. Dame Taupe entendoit

La corde d'un arc qu'on bandoit.

La fleche part, & l'atteinte mortelle, Envoya notre Argus dans la nuit éternelle.

Méprifeurs indifcrets, vous n'y connoiffer

rien;

Les dons font partagez, & chacun a le fien

F.DC

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