페이지 이미지
PDF
ePub
[ocr errors]

femblerent de leur côté pour foutenir 1309. l'orage qui les menaçoit. Ils réfolurent de s'opposer aux fuites de ces informations, même par les armes. Ils poffédoient dans les deux royaumes d'Arragon & de Valence & dans la principauté de Catalogne plufieurs villes, châteaux & fortereffes; ils s'y retirerent & s'y fortifierent. Les évêques en donnerent aussitôt avis au roi, & le prierent de donner fes ordres pour qu'ils fuffent arrêtés, & que tous leurs biens fuffent faifis. Il en fit expédier les ordres fur-le-champ.

[ocr errors]

En conféquence, l'inquifiteur général envoya dans toutes les grandes villes fes mandemens, afin qu'elles lui prêtaffent main-forte pour exécuter les ordres du roi cela traîna en lougueur, s'agiffant d'affembler des troupes fuffifantes pour réduire à l'obéiffance les chevaliers, qu'il n'étoit pas fûr d'attaquer fans avoir des forces fupérieures.

Cependant l'inquifiteur, pour préve nir les peuples contr'eux, les cita tous au couvent des dominicains de Valence,

pour y être interrogés fur la foi. Le roi de fon côté fit une affemblée dans cette même ville, de tous les évêques de fon royaume pour procéder contre les Templiers qui n'avoient eu aucun égard à la citation de l'inquifiteur. Elle fe tint le 6 janvier, & l'on attendit encore longtems, pour voir s'ils obéiroient; mais on apprit qu'ils fe difpofoient au contraire à fe défendre, & que la force feule étoit capable de les réduire. Il fallut donc lever des troupes, nommer des généraux, & en venir à une guerre

ouverte.

1309.

1308.

& en Portu

gal.

1308.

Dupuis.

D. Fernand, roi de Caftille, agit avec En Caftille plus de vivacité. Il eut à peine reçu la lettre du roi de France, qu'il fuivit la méthode de ce prince. Il fit arrêter le même jour tous les Templiers, fit faifir tous leurs biens, établit tous les évêques pour les faire régir, en percevoir les revenus, & en rendre compte à qui il feroit ordonné. En même tems il nomma les archevêques de Tolede & de Compostelle pour informer contre l'ordre,

& l'on fit dans les états de ce prince les 1309. mêmes procédures qui fe faifoient en France. En Portugal, le roi D. Denis régla fa conduite fur celle du roi de Caftille.

[merged small][ocr errors]

En Angleterre, malgré ce que le roi Edouard avoit mandé au pape de leur innocence, ils furent tous arrêtés, tant l'exemple eft contagieux. Les miniftres de ce prince moins crédules que lui, jugerent que cette affaire devoit être approfondie, & comprirent les conféquences avantageufes que pouvoit avoir par rapport aux richeffes des chevaliers l'extinction de leur ordre. On procéda donc contr'eux par des informations juridiques. On ne dit point cependant, qu'on ait mis en ufage dans les interrogatoires, le fupplice de la question, qui n'est admise en Angleterre que contre les criminels de haute trahison au premier chef, c'est-à-dire, lorfqu'on a attenté à la vie du roi. Les chevaliers furent conduits en diverses prifons. L'archevêque de Cantorbery affembla tous les évêques

[ocr errors]

de la province, pour examiner avec eux ce grand procès.

En Italie, le roi de Naples, Charles II, plus animé par fon propre reffentiment, que par les exhortations du roi, avoit févi contre les Templiers avec la dernière rigueur, & n'étoit pas moins perfuadé que Philippe-le-Bel de tous leurs crimes. Il n'avoit pu exercer fa vengeance contre les chevaliers dans le royaume de Naples dont ils s'étoient tous retirés depuis qu'il avoit fait faifir leurs commanderies; mais dans les comtés de Provence, de Forcalquier & de Piémont, qui étoient fous fa domination, on les avoit tous arrêtés, & on leur faifoit leur procès. On y avoit auffi fait usage de la queftion en procédant aux interrogatoires, & la crainte des tourmens leur avoit fait avouer les horreurs qu'on leur imputoit. Mais plufieurs s'en étoient dédits auffi- bien que ceux de France, & cela jettoit les commiffaires dans de grands embarras.

On informoit dans les autres parties

1309.

En Italie. Dupuis,

de l'Italie avec une extrême févérité. 1309. Ce qui s'étoit paffé en France avoit indifpofé contre l'ordre les prélats & les

magne.

peuples de l'état de l'églife, de la Tofcane & du Milanois.

En Alle- Le pape avoit envoyé fes bulles en Allemagne aux archevêques de Mayence, de Treves & de Magdebourg, ainfi qu'aux évêques de Conftance & de Strafbourg, pour faire arrêter les Templiers & pour informer contr'eux chacun dans fon district & dans le refte de l'Empire. Il les avoit adreffées au roi des Romains, au duc d'Autriche, aux autres fouverains & aux autres prélats, pour faire arrêter tous les Templiers & leur faire leur procès. Pour l'achever, il avoit fait partir l'abbé de Crudau, du diocese de Viviers, avec la qualité de fon délégué pour y travailler avec eux, & il exhortoit les princes & les prélats à aider cet abbé d'argent, & à lui donner toute protection. Mais on ne fe preffa pas de feconder le délégué, & les informations qui fe firent, ne furent mêlées d'aucunes

des

« 이전계속 »