DE L'ABOLITION DE L'ORDRE DES TEMPLIERS. A PARIS, Chez BELIN, Libraire) rue Saint-Jacques, M. DCC. LXXIX. Avec Approbation & Privilege du Roi, PRÉFACE. Τουτ I OUT périt, tout finit ici-bas: Dieu feul eft éternel & immuable. Les empires, les royaumes, les grandes fortunes, tout a fes révolutions. Mais encore n'arrivent-elles, pour l'ordinaire, qu'infenfiblement. Elles font prévues ou précédées par des accidens qui les annoncent. Il n'en a jamais été de fi prompte & de fi fubite que la chûte de l'ordre des Tem pliers. Un feul jour, une même heure les vit anéantir, & fut une preuve fatale des fuites terribles que peuvent avoir la haine & la colere des rois. Images du fouverain Maître, ils font quelquefois comme lui fur la terre, créateurs & deftructeurs. 1 Tel fut le fort de l'ordre des chevaliers du Temple, de l'abolition duquel nous entreprenons d'écrire l'hiftoire. Rien dans le monde de fi brillant, au commencement du quatorzieme fie + cle, que cet ordre célebre répandu dans tous les royaumes chrétiens. Il étoit alors parvenu au comble de fa grandeur, & ce fut le moment où il s'évanouit. Il avoit commencé dès le onzieme fiecle. Les fréquens pélérinages que la piété des fideles leur faifoit entreprendre pour vifiter les faints lieux où s'eft opéré le grand mystere de notre rédemption, animerent le zele de quelques particuliers qui s'unirent pour en rendre les chemins |