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Planche trente-huitième.

Phèdre jugée aux enfers;

Tableau de M. Trézel.

Quoique l'auteur paraisse avoir tiré son sujet d'une scène de la tragédie de Racine, elle appartient toute entière au peintre. Le poète n'a fait que l'indiquer par ces vers qu'il a mis dans la bouche de Phèdre, et le peintre a mis en action une pensée purement abstraite : Où me cacher? Fuyons dans la nuit infernale; Mais que dis-je? Mon père y tient l'urne fatale; Le sort, dit-on, l'a mise en ses sévères mains: Minos juge aux enfers tous les pâles humains. Oh! combien frémira son ombre épauvantée Lorsqu'il verra sa fille à ses yeux présentée, Contrainte d'avouer tant de forfaits divers, Et des crimes peut-être inconnus aux enfers! Que diras-tu, mon père, à ce spectacle horrible? Je crois voir de ta main tomber l'urne terrible ; Je crois te voir, cherchant un supplice nouveau, Toi-même de ton sang devenir le bourreau. Pardonne.

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Le peintre a supposé que Phèdre, descendue aux enfers, se présente seule au tribunal terrible présidé par Minos; elle tient encore l'épée qu'elle avait arrachée des mains d'Hippolyte elle paraît plongée dans l'abattement de la honte et de la douleur. Le voile qui lui couvrait le visage s'est écarté et laisse apercevoir ses traits. Minos, ayant à ses côtés Eaque et Radamanthe, se lève, saisi d'horreur, et laisse tomber l'urne fatale. Le lieu de la scène est un palais d'une architecture austère; il est placé sur les bords même de l'Achéron, où l'on aperçoit dans le lointain Caron conduisant sa barque. Le fond représente une voûte

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de rochers immenses et de l'aspect le plus lugubre. Le groupe des trois juges est éclairé par la lumière d'une lampe suspendue au-dessus de la tête de Minos. La figure de Phèdre est frappée d'un large rayon d'une lumière argentine, semblable à celle que donnerait le disque de la lune. L'opposition de ces deux lumières peut paraître piquante, mais le contraste n'est pas exempt d'affectation, et nuit à l'harmonie de l'ensemble. Au reste, la composition et le dessin de ce morceau sont assez bien sentis et d'un bon style. Dans la figure de Phèdre, les draperies manquent de légèreté, et la forme du voile qui s'élève au-dessus de sa tête ajoute encore à ce défaut.

M. Trézel a de nouveau exposé son tableau de la Fuite de Cain, que l'on a vu au Salon dernier (1).

(1) Salon de 1812, tom. 2, pl. 25, pag. 59.

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Planche trente – neuvième.

Le Temps entraînant

l'Homme vers la Sagesse, lui fait abandonner la Volupté; Bas-relief par M. Roguier.

Un jeune homme, que le Temps conduit vers la Sagesse, mais que que l'Amour et la Volupté cherchent à retenir, semble abjurer les vains plaisirs pour rendre hommage à la déesse des sciences et des arts, qui lui présente une palme et la couronne immortelle. Les figures de ce bas-relief ont environ trois pieds et demi. de proportion ce n'est encore qu'un modèle en plâtre. Nous ignorons s'il doit recevoir son exécution en marbre.

Cet ouvrage est le début de l'artiste, mais le sujet, loin d'avoir le mérite de la nouveauté, est depuis si long-temps rebattu, qu'il ne pouvait fixer l'attention des connaisseurs que par la beauté de l'exécution, et celle du morceau dont il s'agit laisse desirer plus de finesse et de fermeté; toutefois la composition n'est pas sans agrément, et si M. Roguier eût choisi pour motif quelque idée moins vague, ou quelque action déterminée, il n'est pas douteux que le public eût tenu plus de compte des soins que l'artiste a mis à l'étude de ce bas-relief.

Salon de 1814.

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