Rendent même jaloux ces Moineaux amoureux ? Venus, avant le temps, régne fur la Nature; Ces Arbres étonnés ont repris leur parure : Entends ces Roffignols, voltigeans, réjouis, Chanter les jours heureux du fiécle de LOUIS; Et vois enfin la Paix, dans fes dons libre & jufte, Le couvrir des Lauriers d'Alexandre & d'Auguste. La France eft confolée à ces objets charmans, Et fes regrets font place à ses raviflemens.
Là fe tut le Deftin, & les céleftes Spheres Applaudirent ensemble à des faveurs fi cheres. Alors le rideau tombe ; & roulant fur fes gonds, La porte fait mugir la mer aux environs.
Le char et déja toin ; & la trace qu'il laiffe, Imite le fillon, qu'une illuftre Déeffe, D'une goutte de lait échappé de son sein, Dans les Cieux blanchissans imprima sans dessein. De fon retour heureux, tirant un fûr préfage, La Seine le revoit fondre fur fon rivage. Ses Nymphes, à l'aspect de ces objets nouveaux, Quittent, en fe jouant, leurs palais de roseaux, Se tiennent par la main, bondissent sur l'arêne; Sur cet événement interrogent leur Reine:
Et d'un commun accord, du nom de BIEN-A IME', Ce Roi victorieux eft par elles nommé.
FRANCE, auprès de LOUIS mon penchant me rappelle,
Lui dit enfin la Gloire ; & fi, toûjours fidelle, Je fus du grand BOURBON la lumiere & l'appui, Son Succeffeur partou me verra devant Lui,
LE PARNASSE FRANÇOIS. A M. TITON DU TILLET.*
ARCHITECTE fameux, dont la fçavantę
Eleve un Monument en l'honneur de la France; La majefté pompeufe, & l'exquife élégance, Se prêtant à l'effort de ton Art fouverain,
Le Parnaffe François élevé en bronze, à la gloire de la France, de Louis le Grand, & des illuftres Poëtes & fameux Muficiens François, dédié au Roi, par M. Titon du Tillet, Maître d'Hôtel de feue Madame la Dauphine mere du Roi, ancien Capitaine d'Infanterie & de Dragons, Commilaire Provincial des Guerres ; des Académies des Jeux Floraux de Touloufe, d'Angers, de Marfeille, de la Rochelle, de Bordeaux, de Lyon, de
Caën, de Rouen, de Montauban, & de celles della Crusca & degli Arcadi. M. Titon, qui a fait exécuter ce bel Ouvrage à fes dépens, en a donné la Defcription en un vol. in-fol, d'environ 1000 pag. orné de plu fieurs Vignettes & Eftampes, qui contient l'Hiftoire des Poëtes & des Muficiens François; avec des Remarques fur la Poëfie & la Mufique, & fur l'origine & le progrès des Spectacles en France.
Ont poli la matiere, & réglé l'ordonnance De ton Edifice divin.
Sans avoir épuisé les deux bords de l'Hydafpe, Ton adresse a charmé notre goût & nos yeux; Et ton Ouvrage précieux
Ternit l'éclat divers du porphyre & du jaspe.
Ce Monument transmis à la postérité, Des temps impétueux bravera les outrages; De la flamme & du vent il fera refpecé ;
Et jufqu'aux derniers jours qu'auront les derniers âges,
Ton nom victorieux fera par tout vanté.
Jupiter même en vain voudroit réduire en poudre Ces côteaux triomphans des rigueurs des hyvers ; Les durables lauriers dont tu les as couverts, Les garantiront de la foudre.
Fit paffer jufqu'à nous, d'un Parnasse inventé L'image ambitieuse en fon cerveau tracée. TITON, par un fecret qu'on n'avoit point tenté, Sçait faire à la Fable éclipsée, Succéder la réalité.
Les habitans du Pinde écartent l'ombre noire, Qui des terreftres demi-Dieux
Tâche à couvrir les noms d'un voile injurieux; Et des dents de l'Envie arrachant leur mémoire Leur ouvrent la porte des Cieux.
TITON, quel honneur doit donc fuivre Tes incomparables travaux ?
Tu redonnes la vie à ceux qui font revivre
Les humains qui, bravant les dangers & les maux Ont eu la valeur pour Egide,
Et que le mérite folide
Donne aux Dieux mêmes pour Rivaux.
Mais quel charmant fpectacle eft offert à ma vûe? Un Groupe incrusté d'or fe forme d'une nue, Des cignes argentés t'enlevant dans les airs, T'y font un trône de leurs aîles;
Le Ciel, la Terre en feu répétent leurs concerts, Tout s'anime aux doux fons de leurs voix immortelles J'entends des inftrumens divers,
Je vois la Mufique & les Vers, S'accorder à l'envi pour célébrer ta gloire: Et du brillant fommet du temple de Mémoire, La répandre aux deux bouts de ce vafte Univers.
Le puiffant Protecteur des Boileaux, des Corneilles Du Fils du Grand HENRI de vaillant Rejetton, Qui toujours attentif aux fçavantes merveilles, Anima les Auteurs, récompenfa leurs veilles, De ton Parnaffe eft l'Apollon.
Son Royal Héritier, ni moins grand ni moins bon Formé du même fang, suit son auguste trace; A peine a-t'il parlé, que le cruel Démon, Dont le fceptre de fer épouvante la Thrace, Baiffe, épris de refpect, fon fanglant pavillon.
Je vois de fiers Géans que fa force terrafle; Et le Vice infolent, à ses pieds abbattu, Implorer, plein d'effroi, la modefte Vertu.
Sous fon Régne fécond les beaux Arts fructifient; A défricher leur champ lui-même il prend plaifir, Tous les Sçavans s'en glorifient.
Le Ciel en le créant couronna leur defir:
Il est l'honneur, l'exemple & l'amour de la terre; fon contour enferre, Les Peuples différens que Sont jaloux du bonheur qu'on goûte en nos climats. Minerve cft fon fidéle guide;
Et portant son grand nom gravé sur son Egide, L'annonce en précédant ses pas,
Du cœur de fes Sujets il a fait la conquête. Travaillez, des neuf Sœurs diligens Nourriffons, Célébrez fes vertus ; fa main est toute prête A répandre fur vous la douceur de fes dons. Croiffez fur la double colline,
Jeunes & tendres Arbriffeaux :
Le fleuve fe déborde, & fa fource divine, Qui fait reverdir vos rameaux,
Vous inonde déja du tréfor de fes eaux.
Ah, Ciel! fi tu daignois feconder mon envie, On verroit fe mêler le feu, l'air & les flots Et tomber avec eux la Terre enfévelie
Dans les entrailles du Cahos,
Avant que le cifeau de l'affreufe Atropos Coupât la trame de sa vie.
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