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Et n'eft-il pas mille fois plus plaufible, Qui befoin a du feu, comme on dit, le cherchant, Que ce foit le chapon qui tourne ? Affûrément ; Ce que vous me contez me paroît fort sensible. Sçavante Agathe, eh bien, le cas eft tout pareil; Le chapon c'est la Terre, & le feu le Soleil. Tu ne doutes donc pas qu'il ne fut malhonnête, Que comme un grand nigaut, le Soleil chaque jouz Tournant & retournant, s'en vînt faire la cour A notre chétive planette?

Je n'entens rien à tout cela;

Vous me pouflez à bout, & je suis à quia:
N'importe, te voila bonne Cartésienne ;
Cartéfienne, moi ? je suis bonne Chrétienne.

Mais j'entens dans la cour aboyer Laridon.
Célimene & Corinne entrent avec Damon.
Soyez le bien venu, vous dont le caractere
Ignore les détours, le fard, la trahison.
Qu'on joigne à la volaille un gigot de mouton.

Allons cueillir enfemble,au bord de l'onde claire
Qui ferpente dans ce vallon,

Une falade de creffon.

Que l'on m'apporte mon fiphon,

Pour foûtirer au fin la liqueur falutaire
Qui depuis trois Printemps repofe en ce flacon;
Et des chagrins fur tout chaffons la troupe amere,

C'eft ainfi qu'écartés dans ce lieu folitaire,
Où le plaifir toûjours confulte la raison,

Délivrés des fâcheux, des grands, du plat vulgaire
Qui décide fans goût, plein de prévention,
Nous fuivons la nature ; & fans ambition
Vivant à peu de frais, nous faifons bonne chere.

1

LE GENTILHOMME

CAMPAGNARD,

Qui fe prépare à marcher à l'Ariereban,
Fantaisie Burlesque.

DEPESCHON

E' PESCHON S-nous, Enfans, retrouf

fons nos moustaches,

L'Ariereban bat le tambour.

Pour couvrir nos chapeaux de fuperbes panaches,
Des coqs de notre baffe-cour,
Coupons les longs plumarts qui montent en rome

daches:

Et qu'enfin,fans fçavoir mon nom
Au fumet de mon train, chacun fente & confefle,
Pour peu qu'il ait l'odorat bon,
L'antiquité de ma nobleffe.

Mes vaffaux, Gilles, Roch, Martin, Robert, Gautier
Ont rempli mon rôle rentier

De dix ans payés par avance.

La fomme en fous marqués eft toute en ce chauffon.
Que cela fait un joli fon!

Vive la qualité, vive l'honneur en France.

La guerre dût-elle durer,

Six fois jufqu'au retour des melons & des figues,
Je ne fuis point iffu de parens fort prodigues,
Et voilà dequoj figurer.

Notre femme, atteins-moi cette luifante broche,
Qui ne nous a fervi qu'une fois cet été,
Pour rotir un chevreau de tes mains allaité.
Donne ta jaretierre, & fais, tendre Banboche,
Qu'au plancher par les rats mon ceinturon rongé,
Puiffe être dextrement avec elle allongć,

Afin que ma lame s'accroche,

Noblement, haut & court, & joue à mon côté,
Comme il duit à ma qualité.

Et toi, valet Jeannot, vieux drille,
Va-t'en, pour lui faire un fourreau,

Au prochain barbotoir me pêcher un anguille,
Que tu dépouilleras de fa glissante peau.
De peur de l'oublier, mets ce quart de pourceau
Dans ton fac, avec ces deux miches.
Ma fille, apporte-moi ma chemise de brin,
Avec mes manchettes poftiches,
Roides comme du parchemin.

Tire mon juft'-au-corps d'écarlatte jaunâtre

Qui dans ce bahu dort tout feul;

C'efl'habit que portoit mon fameux bifayeul, Quand on le vit jadis fe battre

Avec le Marguillier, pour quatre fous tournois Qu'il perdit au berlan : oh! c'étoit un grivois! Dans fa jufte fureur il eut caffé les vîtres :

Mais ils joüoient à l'air, affis auprès d'un bois,
Comme il eft porté dans nos titres.

Mon ancêtre étoit vif & prompt;
Et du pommeau de son épée,

Au fang des chiens hûrlans cent & cent fois trempée;
Il fit à ce fier Rodomont,

Un abreuvoir à mouche au front,

Quoique du Marguillier le courage intrépide
Se fit de fon chapeau, haut de bord & profond,
Un bouclier qu'il crut solide.

Mais laiffons se vanter ces faquins glorieux,
Qui doivent tout à leurs ayeux.

A mes propres périls je veux chercher fortune
Morbleu! fi je tenois ces Anglois furieux,
Huguenots carnaffiers, parpaillots odieux.....
Cà mes guêtres, mes gans de bonne ferge brune
Quoique dépareillés, vêtemens précieux.

Vite, ma guerrierre arquebuse,

Où brille artiftement la nacre fur l'acier,
Et d'où le plomb lancé tua plus d'une bufe,
Et plus d'un chat-huant, & plus d'un épervier.
Paffons auffi dans ma ceinture

La hache à débiter les tourbes au foyer;
Et que le clair Soleil, célefte grand voyer,
Soit lui même ébloui du feu de mon armure

Ma femme, après ceci, ne me regarde pas,
Mes yeux brulans portent la foudre

Et l'épouvante, & le trépas;

Er j'aurois du regret de t'avoir mise en poudre.

Jeannot, cours avertir Bodichon le Meûnier,
Que tenant avec moi la parole engagée,

Et dont, foi de Meûnier, fon ame s'eft chargée,
Il m'apprête à l'instant son plus hardi courfier.
Qu'il le felle, le bride, & qu'en valife il mette
Le plus de toin qu'il fe pourra.
Mon équipage à moi tiendra

Fort bien, je crois, dans ma bougette :
Et fi la dofe eft trop complette,
Dans mes poches le reste ira.

Pour toi, mon écuyer fidele,

La gloire auprès de moi, tes fabots à la main,
Pour ne les point user, sçaura bien fur fon aîle
Te porter le long du chemin.

Sors, Jeannot, aujourd'hui de la pouffiere obscure. Jeannot, ah que la gloire offre un digne loyer! Mais quels ruiffeaux de fang! quelle déconfiture! Si pourtant un fatal acier

Me faifoit dans le flanc une large bleffure....
Ceci n'eft pas un jeu : quel fubit embarras !
Partirai-je ? mon cœur ! Eh quoi, mon cœur,tu bats!
Que de fantômes noirs épouventant ma vûe,
Frappent mon ame irréfolue !

Tu partirois, cruel? Eh quoi ! tu refterois,
Cœur de poule? Tu partirois?

Tu resterois ? Oui dà. Que t'importe la gloire

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