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Pour affirmer fon dire par ferment.
La le fcrupule affaillit le galant,
Il balançoit. Mais toute endemenée
Derriere étoit fon épouse au foûtien
Qui le pouffoit, en lui difant, Payen,
Jure donc, jure; eh, cent fois la journée
Jure-tu pas, fans y profiter rien?

LE

CONTE IX.

CIERGE

BENI.

D

ANs les douleurs, dont l'imprudente femme

Subit l'effort pour avoir écouté

Le vieux Serpent, une galante Dame
Plaignoit d'hymen le plaifir acheté
Trop cherement; tandis qu'à fon côté
Très-bien flamboit de Sainte Marguerite
Cierge béni. Mais dès qu'elle fut quitte,
Elle appella fa fervante Garin ;
Fille, dit-elle, éteins & ferre vîte
Ce luminaire; il eft d'un grand mérite,
Et peut fervir encor pour l'an prochain.

TAYLOR

INSTITU

FITUTION

UNIVERSITY

24 SEP 1958

OF OXFORD

LIBRARY

R

CONTE X.

LA BANNIERE.

CERTAIN Tailleur,qui d'antique habitude

Voloit de drap toûjours quelque lopin,
Tomba malade, & d'un accès trop rude
L'effort sembloit l'emporter vers fa fin.
Comme il avoit fon esprit en écharpe,
Dans les écarts notre joueur de harpe
Crut voir un Ange, une Banniere en main,
Que compofoient, dreffés en Mofaïque,
Mille morceaux de drap, bleu, gris de lin,
Blanc,pourpre,noir, vert, jaune, incarnardin,
Et cetera, mélange fymbolique.

L'Ange lui dit: Vois dans ce pavillon, Homme fans foi, vaurien, pendart, brouillon} Des tours nombreux de ta rapinerie

Les vrais témoins en maint échantillon.

Ce nonobftant le Ciel veut à la vie

Te renvoyer; mais à condition

(Et dans ton cœur fais m'en jufte cédule)
De ne céder à la tentation,

Qui jufqu'ici gagna ton cœur crédule.
Il le promet, & reprend sa santé.

Or redoutant l'amorce coûtumiere

Meffer Tailleur avec fincérité,
A tel garçon, que fa capacité
Faifoit traiter de façon familiere,
Dit en fecret: O de mon ame entiere
Cher confident, quand par fatal oubli
Tu me verras fourrer fous l'établi,
Ou par hafard mettre en ma gibeciere
Coupon d'étoffe ; auffi-tôt, à propos,
Averti moi feulement par ces mots :
Maître, altc-là, pensez à la Banniere.

Ce qui fut dit, fut de même maniere
Exécuté: fi bien que le garçon,
Soit que le jour parut fur l'horison,
Soit que la nuit commençât fa carriere,
N'avoit jamais, au bout de fa chanson,
Que ce refrain, gent & gaillard fredon
Maître, alte-là, pensez à la Banniere,
Dont celui-ci goboit feul la leçon.

Advint pourtant, qu'ayant, pour mariage,
D'un Fiancé de fuperbe parage

Levé l'habit, du drap d'or le plus beau
Habit complet, à cet appât nouveau
Le Magifter oublia sa promesse;
Et promenant fon agile cifeau,
Conformément à fa premiere adreffe,
Met à profit en fequeftre un chanteau.

Le Garçon crie, Alte là, Maître. Qu'est-ce?

Oh ! qu'eft-ce donc ? ne vous fouvient il pas

De l'Etendard? Cettui n'eft dans le cas;
Dit le matois ; & j'ai bonne mémoire,
Que dans l'Enfeigne, où, du drap défendu
L'Ange affembla l'effrayant répertoire,
N'étoit morceau pareil à ce tiffu.

CONTE X I.

LE TESTAMENT DU CURE.

PRES du trépas, le vieux Pasteur Macé;

Qui fit tant bien valoir le Presbytere,
Qu'en bourfe avoit maint écu ramaffé,
Son Teftament à fon tour voulut faire.
Griffart s'en vient, Griffart hardi Notaire,
A fon côté fon écritoire ayant.

Dom Côme étoit Vicaire ; & tournoyant
Autour du lit, penfoit que, pour falaire
De fon tracas, peut-être du gâteau
Bien lui pourroit échoir joli chanteau.
Notaire, écris, dit le trifte bonhomme:
A mon Vicaire, écris que, pour fon foin,
Devoirs rendus, jour & nuit au besoin,
Je donne en propre, & lui legue la fomme
De... de... là L'autre en pleurant, dit en foi
Joyeusement, Voici certes pour moi
De guérison le plus gaillard fymptôme;

Pafteur, courage. Alors le moribond,
Pâle & hâté d'entrer au clair Royaume,
Ecris, dit-il, écris, Tabellion,

Je meurs, metsdonc,mets que par moi la Somme..
De Saint Thomas, eft léguée à Dom Côme.

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