Pour affirmer fon dire par ferment. La le fcrupule affaillit le galant, Il balançoit. Mais toute endemenée Derriere étoit fon épouse au foûtien Qui le pouffoit, en lui difant, Payen, Jure donc, jure; eh, cent fois la journée Jure-tu pas, fans y profiter rien?
ANs les douleurs, dont l'imprudente femme
Subit l'effort pour avoir écouté
Le vieux Serpent, une galante Dame Plaignoit d'hymen le plaifir acheté Trop cherement; tandis qu'à fon côté Très-bien flamboit de Sainte Marguerite Cierge béni. Mais dès qu'elle fut quitte, Elle appella fa fervante Garin ; Fille, dit-elle, éteins & ferre vîte Ce luminaire; il eft d'un grand mérite, Et peut fervir encor pour l'an prochain.
24 SEP 1958
OF OXFORD
LIBRARY
LA BANNIERE.
CERTAIN Tailleur,qui d'antique habitude
Voloit de drap toûjours quelque lopin, Tomba malade, & d'un accès trop rude L'effort sembloit l'emporter vers fa fin. Comme il avoit fon esprit en écharpe, Dans les écarts notre joueur de harpe Crut voir un Ange, une Banniere en main, Que compofoient, dreffés en Mofaïque, Mille morceaux de drap, bleu, gris de lin, Blanc,pourpre,noir, vert, jaune, incarnardin, Et cetera, mélange fymbolique.
L'Ange lui dit: Vois dans ce pavillon, Homme fans foi, vaurien, pendart, brouillon} Des tours nombreux de ta rapinerie
Les vrais témoins en maint échantillon.
Ce nonobftant le Ciel veut à la vie
Te renvoyer; mais à condition
(Et dans ton cœur fais m'en jufte cédule) De ne céder à la tentation,
Qui jufqu'ici gagna ton cœur crédule. Il le promet, & reprend sa santé.
Or redoutant l'amorce coûtumiere
Meffer Tailleur avec fincérité, A tel garçon, que fa capacité Faifoit traiter de façon familiere, Dit en fecret: O de mon ame entiere Cher confident, quand par fatal oubli Tu me verras fourrer fous l'établi, Ou par hafard mettre en ma gibeciere Coupon d'étoffe ; auffi-tôt, à propos, Averti moi feulement par ces mots : Maître, altc-là, pensez à la Banniere.
Ce qui fut dit, fut de même maniere Exécuté: fi bien que le garçon, Soit que le jour parut fur l'horison, Soit que la nuit commençât fa carriere, N'avoit jamais, au bout de fa chanson, Que ce refrain, gent & gaillard fredon Maître, alte-là, pensez à la Banniere, Dont celui-ci goboit feul la leçon.
Advint pourtant, qu'ayant, pour mariage, D'un Fiancé de fuperbe parage
Levé l'habit, du drap d'or le plus beau Habit complet, à cet appât nouveau Le Magifter oublia sa promesse; Et promenant fon agile cifeau, Conformément à fa premiere adreffe, Met à profit en fequeftre un chanteau.
Le Garçon crie, Alte là, Maître. Qu'est-ce?
Oh ! qu'eft-ce donc ? ne vous fouvient il pas
De l'Etendard? Cettui n'eft dans le cas; Dit le matois ; & j'ai bonne mémoire, Que dans l'Enfeigne, où, du drap défendu L'Ange affembla l'effrayant répertoire, N'étoit morceau pareil à ce tiffu.
LE TESTAMENT DU CURE.
PRES du trépas, le vieux Pasteur Macé;
Qui fit tant bien valoir le Presbytere, Qu'en bourfe avoit maint écu ramaffé, Son Teftament à fon tour voulut faire. Griffart s'en vient, Griffart hardi Notaire, A fon côté fon écritoire ayant.
Dom Côme étoit Vicaire ; & tournoyant Autour du lit, penfoit que, pour falaire De fon tracas, peut-être du gâteau Bien lui pourroit échoir joli chanteau. Notaire, écris, dit le trifte bonhomme: A mon Vicaire, écris que, pour fon foin, Devoirs rendus, jour & nuit au besoin, Je donne en propre, & lui legue la fomme De... de... là L'autre en pleurant, dit en foi Joyeusement, Voici certes pour moi De guérison le plus gaillard fymptôme;
Pafteur, courage. Alors le moribond, Pâle & hâté d'entrer au clair Royaume, Ecris, dit-il, écris, Tabellion,
Je meurs, metsdonc,mets que par moi la Somme.. De Saint Thomas, eft léguée à Dom Côme.
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