Qui fçais conformer ta conduite Aux regles de la probité; Ton efprit obligeant, humain, do&te, équitable, Doit trouver en tous lieux des cœurs reconnoiffans. LA TOUR, je t'adreffe ma Fable; Mieux qu'un autre tu peux en pénétrer le fens. LES LAPIN S. N FABLE II. OURRI de choux & de laitue, Un Lapin par hafard du clapier fe fauva; Et de la courant, arriva Dans une Garenne touffue. Là vivoient en tranquilité Des Lapins qu'affembloient la concorde & la joie. Rarement le Renard, l'avide Oiseau de proie, Un Chaffeur, un Baffet par fon maître excité, Troublerent la férénité, Des jours que,loin du bruit,paffoient nos folitaires; Solitaires benins, mais fans air affecté, Et fur tout vivant en bons freres, Dont, ni l'ambition, ni tant d'autres affaires, O fiecle! O mœurs! Quelle Communauté, Quel Couvent fourniroit des unions pareilles? Seigneur Clapier, liffé, dodu, Proprement fur fon dos étendant fes oreilles En lui difant, Soyez le bien venu. On lui fervit enfin un plat de Serpelet. Meffieurs, leur dit l'externe, en faisant la grimace, Tout de bon ! dirent-ils, de l'entendre furpris, Comme nous differons de goût & d'habitude, Que de clapiers en ce monde foifonnent, Qui pour lapins de Garenne fe donnent! Mais,pour ce qu'ils font tous, on les connoît bientôt, A certain air au premier mot. U LE CHAT ET LE SINGE. FABLE III. N gros Matou, fier de fa peau tigrée, Et foi difant de Raminagrobis Ifu tout droit par fa mere Mitis, Fit amitié matoife & colorée Avec Bertrand, Singe dans le logis, L'amadoüant avec fon air benin, Heureux Bertrand, je fçais combien l'on t'aime Dans ces lieux-ci. Si tu veux, tu pourras Si bien tramer, que mes jours de carême Se changeront en jours de Mardi gras. Ilt'eft donné de roder dins l'Office, D'y gambader, le tout à ton vouloir. Attrape-moi quelques liefs du foir, Lopins de rot; point n'importe aîle ou cuiffe, Et porte-les dans mon petit manoir. Rempli d'amour pour fon cher camarade, Bertrand dérobe; & le Maître d'Hôtel, De s'étonner que pâté, marinade, -Pigeon, poulet, décroiffoient d'un lambel. Après maint tour, que pour fon faux Pilade Eût fait Bertrand,cet Orefte nouveau, L'Ecuyer vient, furprend le larronneau; Vifer, fans le paroître, à fes feuls intérêts, Le perdre, s'il le faut, par cent rufes fertiles; L'ordinaire & cruel retour, LES DEUX CHIEN S. FABLE I V. PATIRA, brave chien, gardoit la baffe-cour, Sans lui la maifon même auroit été pillée : La martre & les voleurs en vain rodoient autour; Sa vigilance redoublée Ne dormoit que d'un œil. Au contraire Médor, Epagneul délicat, animal inutile, Vivoit en fainéant ; & fon maître imbécile L'aimoit, & le prifoit au moins fon pefant d'or. Vertement à deffert pleuvoient fur fon échine. Si pendant un repas il manquoit d'appétit, Trotoient pour rétablir la santé du petit. Que conclurre de ce récit ? Que, bifarre en fes jeux, féconde en injustices, LaFortune souvent traite avec cruauté Le Travail & la Probité ; . Quand la Licence oifive, au milieu des délices, Nage dans l'abondance & la profpérité. LA QUEUE DU CHEVA L. D ANS la faifon où la neige fondue Vers l'intérêt, le plus grand de fes Dieux, |