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Chemin faifant, fon chétif quadrupede,
A l'étourdie, avec lui dans un creux
S'alla jetter ; de façon que tout deux
Pour en fortir ne voyoient nul remede.
Un Manant paffe: Hélas, dit il, à l'aide;
Si du prochain tu prens quelque fouci,
De
par Saint Yve, arrache-moi d'ici.
Le Villageois, sensible à sa misere,
Pour mieux agir fe met à la légere,
Prend par la queue & tire avec effort
La Roffinante (il avoit bonne ferre).
Il tira donc; bref il tira fi fort,
Qu'à quatre pas il culbuta par terre,

Et

que la queue à la main lui refta.
Par la douleur la Mazette excitée,
Se travaillant, hors du bourbjer fauta.
Le Procureur la voyant écourtée,
Dit qu'il étoit un lourdaut, un brutal,
Et le fomma de payer son Cheval.

Le paya-t'il je n'ai point fçû la chofe :
Mais je fçai bien que fouvent on s'expose
Au repentir, quand on ne connoît pas

Les gens qu'on fert;le monde est plein d'ingrats.

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LA FILLE DU SERRURIER

ET

SON FRERE.

FABLE

FILL

V I.

ILLE d'un pauvre Serrurier,

La Blanchiffeufe Colinette,

Jeune, à la taille fine, & toûjours propre & nette,
Sçut donner droit au cœur d'un opulent Fermier.
Au bout de quelques mois elle alla chez fon pere,
Couverte de damas, galon fur le foulier,
Et magnifique en tablier.

Ah! dit-elle,en voyant fon frere,
Mon Dieu que Jeannot eft craffeux!
Je le méconnoiffois. Quelles mains! Quelle face!
Comme il eft fait ! Qu'il eft hy deux !

Dans la même famille ainfi l'un fe décraffe;
L'autre demeure ce qu'il eft,

Et bien-tôt on fe méconnoît.

LA FEMME ET LA MOUCHE.

FABLE

VII.

GRONDEUSE

RONDEUSE en fon vivant,babillarde fans fin,

La Marquife Grognac, de chagrine mémoire
Vit dans fon cabinet comme une tache noire

Sur fa robe de blanc fatin

Pendue à la bergame, A l'instant elle appelle
Sa chambriere Perronnelle,

Et fon valet François. Qui de vous, grand nigaut;
Ou de vous, tête fans cervelle,

A taché mon habit? Tous les deux auffi-tôt,
Ce n'eft ni moi, ni moi. Perfonne, reprit-elle ?
Perfonne caffe ma vaiffelle;

Perfonne ouvre l'office & vient manger le rot;
Perfonne boit mon vin, dérobe ma chandelle;
Perfonne fait ici tout le mal. Et d'aller

Maint bon foufflet par la mouftache,

Quand, lorgnant de plus près, elle voit s'envoler Une Mouche; & c'étoit tout justement la tache.

Maîtres, Régens, Préfets, qui ne pardonnez rien, Ne puniffez jamais fans y regarder bien.

UN

LE ME CONTENT,

FABLE

VIII.

N de ces trafiquans qui vont de ville en ville,
Debout avant l'aurore, étoit par les chemins ;
Et voyant fur l'égail folâtrer les lapins,

Et d'arbuste en arbufte errer la volatille;
Que leur fort, dit-il, eft heureux !

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A quoi fongeoit le Ciel, qui fait tout pour l'utile, D'avoir affervi l'homme à cent befoins fâcheux ?

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Ils n'ont qu'à fecoüer le matin leurs oreilles ;
Au lieu que tous les jours il faut faire nos lits,
Nous lever, nous coucher, reprendre nos habits.
Cependant voilà les merveilles

Dont nous fommes enorgueillis.

Mon Cheval, par exemple, entrant à l'écurie
De la premiere Hôtellerie,

Sans hennir même trouvera
Son foin au ratelier, fon avoine criblée,
Et quelqu'un qui le frotera ;

Il n'a point du futur la cervelle troublée :
Fafle les vignes qui pourra.

Après cela nous ofons dire encore,

Que nous sommes les Rois des hôtes des forêts,
Et de tout ce qu'orgueil a furnommé pécore;
Non, non, nous fommes moins leurs Rois que leurs
Sujets.

Pendant qu'il raisonne, une buse
Tombe fur un lapin, qu'elle enleve à l'inftant.
Mais derriere la haie un Chasseur la surprend,
Et lui tire un coup d'arquebufe.

Notre homme,allafit son train toûjours philofophant,
Trouve un fentier fcabreux qui l'arrête ; il defcend
Pour monter à pié la colline ;

Obligé, pour comble d'ennui,

De traîner fon Cheval par la bride après lui.
Quand il fût au fommet, foufflant,courbant l'échine,
Je crois pourtant, dit-il affourchant fon Cheval,
Que de ce fervile animal,

Propre pour l'homme qui le monte

A *

Et des autres qui n'ont que l'inftin& pour tout bien; Le fort n'eft & ne fut, fuivant le préfent compte, Auffi commode que le mien.

LES ENFANS ET L'OSIE R.

U

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N Offer fe trouva planté dans un Jardi
Des mains de la feule nature;

Les enfans du logis faifoient de fa culture
Leur unique plaifir 11 fera grand demain,
Difoient-ils tous les jours ; & des flots d'une cau pute
Ils l'arrofoient foir & matin.

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Quand par hafard contre eux leur mere fort aigrie
Pour bifcuits, macarons & telle fucrerie
Qu'ils avoient dérobés, rencontra l'arbriffeau,
Dont elle coupa maint rameau

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Pour dauber la pauvre marmaille,

Qui connut,mais trop tard, aux dépens de fa peau, Que fouvent contre foi, fans le croire, on travaille.

LE LOUP

GOUVERNEUR.

FABLE

PETITShumains

X.

ETITShumains qui fe plaignent desGrands,

Sont trop heureux de payer les dépens.

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